2 février 2012

Après "Le chuchoteur", Donato Carrisi soumet nos âmes au tribunal - Rencontre

Le chuchoteur, thriller terrifiant paru en 2010, vous a laissé sans voix. N'ayez crainte, Donato Carrisi n'entend pas en rester là. Soucieux de soigner ses fans français, qui lui ont fait un véritable triomphe puisqu'il a vendu près de 300 000 exemplaires de son premier roman, il était à Paris cette semaine pour parler de son prochain roman, Le tribunal des âmes, qui paraîtra chez Calmann-Lévy le 1er mars.

Nous ne vous gâcherons pas le plaisir de la découverte, puisque l'auteur lui-même tient à préserver la surprise. Mais Donato Carrisi est un auteur disert, généreux de son temps et de ses mots. Morceaux choisis...

Juriste de formation, spécialiste en criminologie, il est passé au roman après avoir écrit pour le théâtre. Il a également été scénariste pour le cinéma et la télévision. Il a notamment créé un personnage de prêtre, et écrit le scénario d'un téléfilm consacré à une star du porno italienne... De bons souvenirs de tournage, apparemment! Ce qui lui a appris une chose : "l'écran ne doit pas imiter le livre." Il est donc passé par la case scénario, et pas nécessairement dans le genre qu'on attendait. S'il a écrit des thrillers, il a aussi travaillé... sur des comédies romantiques, on a peine à le croire ! Pourtant, le ver était dans le fruit depuis longtemps...

Au début était l'ange...
"Petit déjà, je racontais des histoires macabres à mes camarades. Ma grand-mère disait de moi que j'étais un ange gardien méchant. Pourtant, avant d'écrire Le chuchoteur, je ne lisais pas de thrillers. J'étais beaucoup trop attaché à Simenon. Et puis un jour, un ami libraire m'a mis un livre entre les mains en me disant : si tu ne l'aimes pas, je te le rembourse. C'était un roman de Michael Connelly. Je l'ai ouvert, et je ne l'ai plus lâché avant de l'avoir terminé. C'était sans doute un signe. Car Le chuchoteur vient de sortir aux Etats-Unis, chez l'éditeur de Connelly. Ce dernier a d'ailleurs écrit quelques mots plutôt gentils pour la 4° de couverture."

Les lieux des crimes
"Dans Le chuchoteur, je ne voulais pas préciser le lieu de l'action. Je voulais que tout lecteur puisse s'identifier, s'immerger dans l'histoire, qu'il s'en sente proche, sans aucune barrière géographique ou de nation. Je voulais que tout le roman se déroule dans un lieu indéterminé, qui aurait pu être partout ou nulle part. En revanche, dans Le tribunal des âmes, il fallait que cela se passe à Rome, la ville aux ruelles sombres, aux quartiers méconnus. Le roman est tout entier fondé sur des lieux réels et des événements réels. Ce Tribunal des âmes qui lui sert de titre, il existe vraiment, et il est à Rome bien sûr. C'est là que depuis le XIIe siècle sont enregistrés tous les aveux des coupables de crimes de religion catholique !"

L'épreuve de la couverture, qui évoque parfaitement le passage inexorable de l'ombre à la lumière. Un traitement graphique basé sur un vernis sélectif et une texture métallisée lui donne une profondeur étonnante, peu visible sur cette photo, mais spectaculaire "en vrai". Pour l'anecdote, la photo d'illustration a été prise à l'église Saint-Sulpice
(photo Adrien Boyer, graphisme Constance Clavel).


Le diable est dans les détails
"Pour moi, les détails sont les éléments les plus importants. C'est pour cela que j'adore Hitchcock, pour qui ils avaient également un rôle capital dans son jeu avec la peur. En réalité, je n'aime pas la violence. Ce que je décris, c'est une violence déjà consommée. Lorsque je  dépeins une scène de crime, je trouve les objets plus effrayants que les corps eux-mêmes, à cause de leur froideur."

Le thriller italien, un nouveau genre?
"C'est vrai qu'il n'y a pas en Italie de tradition du thriller. Nous avons les auteurs du "giallo", le roman noir, avec une tradition politique très forte. Je suis donc dans une situation un peu particulière dans mon pays, puisque je suis pratiquement le seul, avec Giorgio Faletti, à écrire ce type de roman. J'apprécie énormément le thriller européen, qui obéit à des règles particulières : le rythme, la musique secrète. Je suis un grand lecteur. D'ailleurs, j'écris comme un lecteur, pas comme un écrivain..."

Naissance d'un roman
"En réalité, Le tribunal des âmes n'est pas mon deuxième roman, mais mon troisième. J'avais trouvé une histoire forte, j'avais bien avancé dans l'écriture, j'étais plutôt satisfait. Un après-midi, un de mes amis du tribunal, spécialisé dans les personnes disparues, m'a appelé. Il voulait absolument que je rencontre un curieux personnage, qu'il appelait le "chasseur des ténèbres". Une sorte d'enquêteur secret, anonyme, caché. J'ai pris rendez-vous avec lui et nous nous sommes rencontrés Place des cinq lunes, à Rome. Il m'a raconté une histoire incroyable, qui m'a tellement bouleversé que j'ai été incapable de finir mon roman. Il fallait que je raconte cette  histoire à ma manière... et aussi pour que personne ne me la vole. C'est de cette rencontre qu'est né Le tribunal des âmes. Et puis finalement c'était assez malin : ainsi, j'ai évité le "stress" du deuxième livre puisque j'ai écrit directement le troisième ! Je n'oublie pas non plus ce garçon de 14 ans qui m'a dit que j'écrivais des histoires en 3D !"


Et ce deuxième roman...
"Je n'en parlerai pas, superstition oblige..." 

De notre côté, nous reviendrons bientôt sur Le tribunal des âmes, c'est promis !

Donato Carrisi, Le tribunal des âmes, sortie en librairie le 1er mars 2012, Calmann-Lévy, traduit de l'italien par Anaïs Bokobza.

3 commentaires:

  1. Voici le lien pour le site du fan club France de Donato Carrisi :
    www.donatocarrisi.fr

    RépondreSupprimer
  2. Quel beau titre que celui du deuxième roman de Donato Carrisi, « Le Tribunal des Ames » ! A la fois évocateur et sibyllin, il nous donne envie de tourner ses pages afin de découvrir le fin mot de l’histoire. Les âmes dont il s’agit ici ne sont pas seulement celles des pécheurs, de ces criminels qui ont commis des péchés mortels : le lecteur entre dans la psyché des deux personnages principaux, Marcus et Sandra, dont la quête n’est rien d’autre que l’expression de leur volonté de retrouver le chemin de leur identité profonde. Et c’est la raison pour laquelle ce roman résonne dans l’esprit des lecteurs bien après qu’ils ont tourné la dernière page.

    RépondreSupprimer
  3. "Le Tribunal des Ames" a désormais un compte Twitter officiel : @TribunaldesAmes.

    RépondreSupprimer

Articles récents