21 septembre 2013

Conversation avec Ian Rankin : de Malcolm Fox à John Rebus, un univers d'écrivain

Dans ma vie de blogueuse, il y a quelques temps forts dans l'année. Et l'interview avec Ian Rankin en fait partie. Cette année, Ian était en France pour quelques jours pour présenter Les guetteurs (voir chronique ici), qui vient de sortir au Masque. Avant de partir pour le festival "Les mots Doubs" à Besançon, où il est ce week-end, il a fait une halte à Paris et a eu la gentillesse de répondre à mes questions. Vous me connaissez : ici,  l'interview est plutôt une conversation "en toute liberté". Et Ian Rankin est un excellent client pour ce genre d'exercice. Merci à lui pour sa confiance et sa générosité.

Dans ce livre, on a le sentiment que vos priorités sont le passé, la mémoire et la famille.
Oui, la famille bien sûr, mais aussi la politique. Les changements politiques en Écosse, la façon dont ils se sont déroulés. Toute l'histoire vient de faits réels, la mort de l'avocat William McRae qu'on a retrouvé dans sa voiture, une balle dans la tête. Dans les années 80, il y avait en Écosse des gens qui étaient persuadés que la seule voie vers l'indépendance, c'était d'imiter les méthodes terroristes de l'Irlande du nord. La peur, la violence. Nous sommes partis de là, et aujourd'hui le processus politique nous a amenés plus près de l'indépendance que nous ne l'avons jamais été. En 364 jours, l’Écosse a gagné son autonomie.


Une victoire de la démocratie donc ?
Oui, absolument. J'ai voulu avoir un regard sur la façon dont les nationalistes ont évolué, sur les changements en Écosse. Et dans le livre, le passé agit sur le présent, comme c'est souvent le cas dans la littérature policière. Une chose qui s'est produite dans le passé prend une importance dans le présent.

Parlons de la famille.

Ce qui est intéressant chez Fox, c'est justement qu'il a une famille. Il a un père, une sœur, leurs relations sont très complexes et vraiment intéressantes à creuser pour moi en tant qu'auteur. Il aime son père, et pourtant il y a entre eux une sorte de compétition. Il aime sa sœur, mais il pense qu'elle a fait beaucoup d'erreurs dans sa vie. Quant à elle, elle a du mal avec son frère parce qu'il représente l'autorité, et qu'elle n'a jamais aimé l'autorité. Son père pense que Malcolm n'a jamais été un vrai flic, il le met au défi... C'est vraiment un type de relation propre à la classe ouvrière, j'ai eu ce genre de rapport avec mon père qui considérait qu'écrivain, ça n'était pas un vrai métier. Comment faire pour satisfaire les attentes d'un père? C'est difficile. Dit comme ça, ça a l'air très sérieux, mais en fait ces scènes sont plutôt légères dans le livre, il y a de l'humour dans ces passages. Ils sont là pour donner des respirations, des pauses, mais aussi pour montrer que, contrairement à Rebus, Fox, lui, a une vie en-dehors de son travail. Rebus était entièrement concentré sur son affaire : pas de temps pour manger, pas de temps pour voir des amis, la famille... Fox, lui, essaie d'avoir une vie privée. Ce qui ne veut pas dire qu'il y parvient.

Il n'a pas de femme dans sa vie, et pas beaucoup d'amis non plus pourtant...
Souvent, dans le roman policier, l'enquêteur est un solitaire. Il y a une raison à cela, très simple, c'est qu'ainsi, il peut se concentrer son affaire, et c'est cela qui intéresse le lecteur. Le lecteur n'a pas nécessairement envie de voir le héros dîner avec ses amis, emmener ses gamins chez le dentiste, passer le dimanche au match de foot. Le plus souvent, il s'en fiche ! Mais je crois que Malcolm a un certain potentiel, à cet égard. Je le vois bien entamer une relation avec une femme ou aller voir un match avec ses copains. C'est ce qui le différencie complètement de Rebus. Même si, au moment où se déroule Les guetteurs, il n'a pas une vie privée très riche en dehors de sa famille, on sent bien qu'il en est capable et qu'il en a envie. Rebus avait pris une décision très consciente : celle de ne laisser personne s'approcher réellement de lui. Fox n'a pas pris ce type de décision, du moins pas encore... Une confidence en passant : dans le livre suivant, Fox joue le rôle du méchant. Mais dans celui d'après, il redevient le bon.

Fox n'est pas un homme si ordinaire, il est un peu froid...

En fait, la raison pour laquelle il est bon là où il est, aux "Plaintes", c'est justement cela. Il ne montre pas ses émotions, mais en fait c'est un idéaliste. Il pense qu'il n'y a pas de place dans la police pour quelqu'un de différent, pour un marginal. S'il sent quelque chose de ce type, il attaque, et il ne lâche pas ! Il est très concentré sur son idéal. Dans le premier livre, Plaintes, il est presque trop froid, trop analytique. Dans Les guetteurs, il y a plus de liberté, et il se rapproche des marges. Car pour parvenir à la vérité, il est obligé de franchir les lignes. Mais il n'est pas à l'aise avec ça, contrairement à Rebus qui, lui, transgressait les règles par pur instinct. Rebus adore transgresser les règles, il adore être en conflit avec l'autorité. Alors que Fox a beaucoup de mal avec la transgression. Avant de prendre un risque, il y réfléchit à deux fois. J'essaie de l'entraîner, progressivement, vers le risque, de le transformer, insensiblement, en quelqu'un qui n'hésite pas à à se mettre en danger.

Dans Les guetteurs, il se met vraiment en danger.
Oui, c'est l'histoire qui l'y oblige. Quand on est confronté à ce type de problème, le danger est là, le risque est inévitable. Le lecteur attend ce sentiment de menace, de danger. Il a besoin que son héros soit confronté à cela.

La fin du livre est très "musclée", très physique. Fox prend des risques physiques. C'est nouveau.
Oui, c'est vrai. Malcolm est plus jeune que Rebus, donc il peut se le permettre. Dans le livre qui sort en novembre en Angleterre, vous verrez, Rebus et Fox en viennent presque aux mains. Et Fox fait remarquer à Rebus qu'il a 63 ans... Rebus prend conscience de ses limites.

Quand vous avez commencé à écrire Les guetteurs, saviez-vous déjà que Rebus allait faire son retour dans le livre suivant?
Non, honnêtement non. Je me posais des questions sur mon prochain livre, bien sûr. Ce n'est que vers la fin du processus d'écriture que je suis tombé sur un article qui parlait d'un enfant disparu plus de 10 ans auparavant. Les parents de cet enfant passaient leur vie à parcourir la route où l'enfant avait disparu, à essayer de reconstruire l'histoire, à interroger ceux qui empruntaient cette route tous les jours. Une affaire classée... Et justement, c'est là que travaillait Rebus, aux affaires classées. Donc l'histoire qui allait servir de trame au nouveau livre me permettait de faire revenir Rebus. Mais je n'étais pas du tout sûr d'être encore capable d'écrire sur Rebus, je n'étais pas du tout certain d'entendre encore sa voix. J'ai même pensé à créer un nouveau personnage. Et puis j'ai écrit la première scène, qui se passe dans un cimetière, pendant un enterrement. Rebus est là, il pleut, et il crève d'envie d'une cigarette. Et là, j'ai su qu'il était revenu, Rebus était de retour. C'était fantastique. Le pire, c'est que quand j'ai envoyé le manuscrit à mon éditeur, il m'a demandé de supprimer cette scène du cimetière, il trouvait qu'elle freinait la narration. Alors que c'est ma scène préférée dans tout le livre ! Là, je me suis vraiment battu pour la garder. Dans le prochain, on m'a demandé de supprimer un personnage féminin, pour le même genre de raison. Il s'agissait d'un personnage impliqué dans le monde politique, qui avait un vrai rôle à jouer. J'ai donc dû négocier pied à pied : si j'enlève ce personnage, je garde telle et telle scène, etc. Cela fait trente ans que j'écris, et mon éditeur me demande encore de changer mon texte, j'ai peine à le croire...

Oui, c'est incroyable... Vous parliez des aspects politiques des Guetteurs, qui sont très forts. Pouvez-vous approfondir?
Même en Angleterre, peu de personnes connaissent l'existence de ces groupes terroristes écossais. En fait, ils n'étaient pas très bons... Ils envoyaient leurs lettres piégées à la mauvaise adresse, versaient leur liquide inflammable dans la mauvaise boîte aux lettres, leurs bombes n'explosaient pas... Ils ont envoyé une lettre piégée au Council de Glasgow le jour de la visite de la princesse Diana. La secrétaire de service a ouvert la lettre, il y a eu un petit "pschitt", elle a laissé tombé la lettre à terre, la seule trace a été une marque de la taille d'une brûlure de cigarette. Non, ces groupes n'étaient pas très compétents, heureusement. A l'époque, les journaux n'en ont pas parlé. Mais quand j'ai publié le livre, un des terroristes de l'époque, que William McRae avait aidé à fuir, à pris contact avec moi par l'intermédiaire d'un ami journaliste. Il affirmait que McRae s'était suicidé, mais qu'il était suivi par Scotland Yard et les services secrets, qui avaient littéralement saccagé la scène de l'accident. C'est un peu différent de ma version...

A l'époque des faits, vous ne vous intéressiez pas à ces questions.
Oui, je passais ma vie à la bibliothèque de l'université, plongé dans la littérature. Je n'étais pas du tout impliqué politiquement, je n'écoutais pas les informations. Il y a quelques années, l'affaire a ressurgi dans la presse, pour une raison quelconque. C'est là que j'ai commencé à faire mes recherches, à rencontrer des gens. C'est incroyable, mais la plupart des gens de ma génération ne se rappellent pas ces histoires. Et pourtant, il y a des traces ! Il y a à l'ouest de l’Écosse une île, l'île Gruinard, qui avait été utilisée pendant la deuxième guerre mondiale pour des expérimentations sur l'anthrax. L'une des revendications du Dark Harvest Commando (DHC), le principal groupe terroriste écossais dans les années 80, était la décontamination de cette île. Eh bien rien n'a été fait. Pendant des années, l'île n'apparaissait même plus sur les cartes. Depuis un certain temps, on peut passer à côté en bateau, et il y a carrément des panneaux qui avertissent : "Attention, anthrax!". C'est incroyable... Mais les actions du DHC n'ont servi à rien, et surtout elles ont échoué lamentablement. Ils sont allés sur l'île, ont rempli des enveloppes avec de la terre et les ont envoyées à certains politiciens...
En fait, ce livre est entièrement basé sur des faits réels. Mais ce n'est pas la première fois. Par exemple, dans Hanging Gardens (Le jardin des pendus), je parle d'Oradour. Simplement, je l'appelle Villefranche... Dans Black and Blue (L'ombre du tueur) j'évoque le tueur Bible John, qui a vraiment existé. Dead Souls (La mort dans l'âme) était basé sur une histoire réelle, et ça m'a valu quelques ennuis. J'y évoquais une femme de Stirling qui se révoltait parce qu'on avait installé un pédophile dans son quartier, et qui avait organisé des manifestations pour qu'il soit expulsé. Sauf qu'on s'est aperçu plus tard que cette femme était en fait à la tête d'un réseau familial de trafic de drogue... Ils ont tous été arrêtés. Mais dans le livre, le pédophile était assassiné. Quand le livre est sorti, j'ai fait un événement à Stirling et elle était là, au premier rang, elle brandissait le livre d'un air menaçant... Elle est morte quelque temps plus tard, d'après ce qu'on m'a dit.


Parmi les personnages féminins, il y a Theresa, la femme enfant prostituée...
Theresa vit à Kirkcaldy, là où Val Mcdermid et moi avons grandi. Là, beaucoup d'enfants ont connu une vie chaotique, sans aucun contrôle. Je me suis contenté de repenser à ces enfants, et en particulier à ces très jeunes filles qui tombent sous la coupe d'hommes qui les achètent à coups de petits cadeaux et de pression. Dès la naissance, ces petites sont fichues... C'est horrible à dire mais c'est malheureusement vrai. Ma femme s'occupe de ce type de population, et il n'y a certainement pas de quoi être optimiste...

Alors que beaucoup de ces jeunes filles deviennent adultes très tôt, on a l'impression que Theresa, malgré les apparences, a choisi de rester une enfant.
Oui, c'est probablement une façon de faire face. Si on n'a pas grandi dans un foyer aimant, une des solutions est de ne jamais grandir. Souvent, si vous voyez les chambres de ces jeunes femmes, elles sont pleines de coussins, de peluches roses, c'est terriblement déprimant. Mais c'est aussi une des forces du roman policier que de pouvoir dire : voilà, les choses sont ainsi. Nous sommes tous un peu responsables de cette situation. Est-ce qu'on peut y faire quelque chose ? Qui peut intervenir, les services sociaux, le gouvernement ? Et parfois on ne peut rien faire, mais au moins on a parlé, on a posé le problème, on l'a montré.



Comme dans Plaintes, Fox est entraîné dans une enquête semi-officielle. Cela deviendrait-il une habitude?
Oui, c'est la même chose dans le livre suivant et dans celui d'après ! Le service des Plaintes à Edimbourg est limité à un territoire très restreint : la plupart des plaintes portent sur des affaires un peu minables. Quelqu'un porte plainte parce que son voisin flic écoute sa musique trop fort, parce qu'il n'a pas tondu sa pelouse, ou parce qu'il s'est acheté une voiture neuve. Avec quel argent, celui de la corruption ? Alors c'est vrai, Fox est un peu à l'étroit. Mais sa fonction lui permet d'accéder à des outils très puissants, des outils d'espionnage ! Il dispose de tout l'équipement de surveillance, et d'un pouvoir juridique très étendu. Il peut mettre les gens sur écoute, et ainsi de suite. Alors qu'un inspecteur comme Rebus aurait toutes les peines du monde à accéder à ces prérogatives. Donc si un inspecteur des Plaintes tombe sur une belle affaire bien juteuse, c'est formidable. Mais c'est très rare.

Donc pour trouver une belle affaire bien juteuse, Fox doit sortir de son rôle.
Tout juste. D'ailleurs, si j'y réfléchis bien, je suis peut-être tout simplement, inconsciemment, en train de lui construire un personnage suffisamment fort et complexe pour qu'il puisse se débrouiller plus tard, et rivaliser avec quelqu'un comme... Rebus, par exemple. Dans le livre suivant, Fox est forcément le méchant puisqu'il essaie d'empêcher Rebus de réintégrer la police. Certains lecteurs me le font remarquer d'ailleurs. Mais c'est normal, c'était le but, il ne fait que son boulot ! Dans le suivant, il a un rôle beaucoup plus important. Sa mission consiste à enquêter sur le commissariat de Rebus. Il lui met le marché en mains : Rebus va-t-il l'aider dans sa mission ou pas ? En plus, Siobhan est maintenant la supérieure hiérarchique de Rebus, ce qui est assez cocasse. Rebus a peine à le croire, mais elle prend son rôle de chef très au sérieux. Ce qui nous donne un triangle de personnages vraiment passionnant, mais qui ne fonctionnerait pas aujourd'hui si je n'avais pas posé les fondations dans les livres précédents. Ce n'était pas conscient : je ne me projette jamais trois ou quatre livres en avant.

En tant que lecteur, dans Plaintes, Fox était un personnage à potentiel. A la fin des Guetteurs, il est devenu un vrai personnage, fort et autonome...
Alors j'ai réussi...

Pouvez-vous nous parler de Dark Road,  la pièce de théâtre que vous avez co-écrite, et qui va être jouée pour la première fois la semaine prochaine.
Le metteur en scène, Mark Thomson, ne voulait pas que je vienne à Paris, car ils sont en pleine répétition. Cette pièce met en scène une femme flic, jouée par l'actrice Maureen Beattie. La pièce a été écrite exprès pour elle. L'intrigue est basée sur l'idée d'une chef de la police, à la veille de la retraite, qui constate que toute sa carrière est fondée sur un mensonge : elle a fait mettre en prison un homme dont elle n'est pas sûre qu'il est coupable du crime. Avant la retraite, elle veut élucider l'affaire. Il y a aussi la fille de cette femme, et ses ex-collègues qui travaillaient "à l'ancienne" et n'hésitaient pas à tabasser un suspect pour le faire avouer. Vingt-cinq plus tard, il va falloir se replonger dans le passer, reparler à tous ces gens. Tout cela dans une sorte de triangle... Nous y revoilà, le triangle !

La bande annonce de Dark Road

Vous avez peur ?
Je suis absolument terrifié... Quand on écrit un livre, le lecteur est très loin finalement. Bien sûr, on a leurs réactions une fois le livre publié. Mais au théâtre, le jour de la première, on sait tout de suite si ça fonctionne ou pas, et c'est totalement pétrifiant. La pièce est censée se jouer trois semaines dans une salle de 1000 places, et peut-être se monter à Londres si tout va bien. Mais tout le processus est vraiment passionnant : travailler sur les personnages, les dialogues, le script, se confronter aux nécessités spécifiques du théâtre. Dans un roman, on peut déplacer le personnage de son bureau à son appartement puis à l'hôpital, par exemple. Au théâtre, tout se complique. Du coup, l'équipe a conçu une scène tournante, divisée en quatre, une partie pour la cellule du prisonnier, une pour le salon de l'héroïne, une pour la chambre d'hôpital, une pour le commissariat, par exemple. Cela résout le problème des lieux, mais pas entièrement celui des changements de costume !

Ecrire un roman est un processus solitaire, l'écriture d'une pièce, c'est autre chose ?
Oui, le metteur en scène a écrit avec moi et m'a aidé à éviter beaucoup de pièges liés à la spécificité du théâtre. Mais quand on a fini d'écrire, le travail ne fait que commencer. Il y a huit acteurs en tout, dont quatre ont des rôles centraux. Quand on passe au filage, les acteurs disent leur texte et là le vrai travail commence. C'est là qu'on perçoit les problèmes, les incohérences, les dialogues qui ne passent pas, les mouvements qui ne sont pas fluides, toutes ces choses auxquelles on n'a pas pensé au moment de l'écriture. Le romancier est paresseux : c'est le lecteur qui fait tout le travail. Mais au théâtre, tout a une importance : un changement d'intonation peut tout changer, un mouvement aussi. Si l'acteur se lève au bon moment, il montre qu'il est en colère. Au départ, le metteur en scène voulait adapter un roman de Rebus pour la scène. Nous avons très vite compris que c'était impossible (trop de personnages, trop de scènes), mais aussi qu'il serait beaucoup plus intéressant d'écrire spécifiquement pour le théâtre.

La pièce sera filmée ?
Je ne sais pas. Après Edimbourg, elle se jouera au Pays de Galles, peut-être à Londres. Donc il y a des chances pour qu'elle se retrouve sur YouTube ! En tout cas, le texte sera publié l'an prochain, avec des illustrations, des photos, etc. Mais à l'heure qu'il est, le texte n'est pas encore définitif. En fait, rien n'est jamais vraiment terminé, c'est pourquoi c'est tellement terrifiant. En plus, nous avons prévu des dispositifs techniques avec téléphones portables, des projections murales, des enregistrements sonores qu'il faut déclencher. C'est-à-dire autant d'occasions d'erreurs. La prochaine fois que j'écris une pièce, il n'y aura rien de tout ça. Est-ce que Beckett, s'il vivait aujourd'hui, écrirait une pièce avec des téléphones portables ? Non, bien sûr que non !

Et pour conclure, ce disque de Rory Gallagher ?
Oui, c'est une idée qui m'a vraiment séduit. Le frère de Rory Gallagher m'a contacté pour me dire que Rory était un fan de romans policiers. Il m'a décrit son projet de compiler en un album toutes les chansons liées à des aspects noirs, au crime et m'a demandé si j'étais partant pour écrire une histoire pour l'accompagner. Ce qu'aimait Rory, c'était surtout le "hard boiled" américain, à la Hammett. L'idée m'a plu, et voilà ! J'ai lu les paroles, j'en ai extrait des titres, des idées, des images, et je les ai intégrées à une histoire à la Hammett, un style qui n'est pas le mien. C'est l'histoire d'un détective privé qui enquête sur la mort d'une jeune héritière qui s'est aventurée dans les bas quartiers et a été assassinée par un boxeur. Le District Attorney soupçonne que l'histoire n'est pas si simple... J'y ai mis tous les éléments classiques d'un roman "hard boiled" américain, je l'ai fait lire à une amie américaine passionnée de polars, qui a fait quelques suggestions pour "américaniser" l'histoire. Qui est écrite à la première personne, comme il se doit. Un illustrateur s'est chargé de l'aspect graphique. Aidan Quinn, le comédien, a enregistré la version audio. Ce sera sûrement un bel objet.  Je me demande vraiment pourquoi je fais tout ça. Je devrais m'asseoir, écrire un livre de temps en temps, tranquille...

Parce que vous le voulez... C'est stimulant, c'est amusant... Et cette année sabbatique ?
Oui, je n'écrirai rien cette année. Ce qui n'est pas du goût de mon éditeur, qui veut son livre annuel... Ils auront la pièce! J'ai perdu quelques amis proches ces dernières années, et cela m'a vraiment fait réfléchir. Avec ma femme, nous voulons voyager un peu, maintenant que les enfants sont grands. Aller en Inde, au Canada, pourquoi pas explorer la France : nous avons vécu ici dans les années 80, mais à l'époque nous n'avions pas d'argent... Une année de vacances !

Pour en savoir plus, n'oubliez pas notre "dossier" Ian Rankin, avec une bibliographie commentée.

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