7 août 2014

Un Val Mc Dermid tiédasse, c'est possible ? Oui, ça s'appelle Comme son ombre

Val Mc Dermid, c'est bien simple, je l'adore. Alors quand elle me déçoit, c'est un peu comme un coup de poignard dans le dos, voyez. Ce n'est pas d'un coup de poignard qu'est mort Philip Carlin le jour de son mariage, à Oxford. Battu à mort et noyé, voilà comment il a fait ses adieux à ce bas monde. Pourquoi s'est-on-débarrassé de ce jeune ingénieur de talent, co-créateur d'une start-up dans le domaine de l'imprimerie, spécialisée dans les travaux "sensibles"? L'enquête est rondement menée, et ses deux associés bientôt inculpés. Ils l'auraient assassiné parce qu'il était à la veille de révéler un délit d'initié dont ils s'étaient rendus coupables. Jusque-là, c'est sordide, mais ça n'a rien de bien palpitant. Sauf que... Charlie, psychiatre en mal de reconnaissance depuis qu'elle a eu le malheur d'innocenter au tribunal un type qui, dès sa libération, allait s'empresser de violer et de tuer deux femmes, reçoit de bien étranges courriers relatifs au meurtre de Philip Carlin. Et très vite, poussée par la curiosité et par l'insistance d'une de ses anciennes profs d'Oxford, elle va mener l'enquête... Car Carlin n'était pas celui qu'on croyait, et ses associés ont fait des coupables un peu faciles.
La malheureuse Charlie, tiraillée entre sa compagne Maria et une thérapeute oxfordienne fascinante, Lisa Kent, va devoir s'immiscer dans la vie de la veuve de Philip Carlin, la jeune Magda, fille de l'ex-prof de Charlie, qui s'est très vite consolée dans les bras de la diabolique Jay. Ça ressemble un peu à Dallas, tout ça, me direz-vous. Eh bien oui, c'est bien là le problème. Et même si l'histoire se déroule pour la plus grande partie dans les milieux lesbiens, elle n'en est pas moins un peu banale, téléphonée, voire attendue. Bien sûr, c'est toujours Val McDermid qui est aux commandes. Elle n'a pas oublié de nous ménager des "twists and turns", des retournements de situation, des coups de théâtre. Mais si l'habileté est là, curieusement, alors que le roman parle aussi de questions qui sont chères à l'auteur, on n'éprouve pas vraiment d'empathie pour les personnages, ce qui est un comble. Comme son ombre se lit avec plaisir, néanmoins, mais sans cette urgence incroyable qui nous saisit avec les meilleurs romans de Val Mcdermid, et qui nous fait lire jusqu'au cœur de la nuit.

Val McDermid, Comme son ombre, traduit de l'anglais par Matthieu Farcot, J'ai Lu

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