
Du coup le livre est assez inégal et peut lasser le lecteur notamment par l'utilisation d'artifices destinés à soutenir l'attention en période creuse. Animer avec la même promptitude plus de 500 pages n'est probablement pas une mince affaire pour un auteur. Philip Kerr a la particularité de mettre en scène de vrais personnages en leur attribuant des idées ou des actions plus ou moins fictives qui sèment le doute dans l'esprit d'un lecteur peu au fait de l'histoire. Mais c'est aussi ça le charme des livres de Philip Kerr et celui-ci ne déroge pas à la règle, donnant même envie d'en savoir plus sur le couple Peron et l'histoire du trésor de guerre des nazis. Comme d'habitude on retrouve le ton caustique du personnage principal qui sert de révélateur pour dénoncer des crimes odieux commis avant, pendant et après la Seconde guerre mondiale. Parfois même le choix des mots est ambigu et peut rendre la lecture déplaisante pour un lecteur sensibilisé, car à force d'appuyer le trait on finit par créer un malaise voire une gêne. Ça me rappelle un peu la controverse sur les Bienveillantes de Jonathan Littel car il faut tout de même prendre garde à ne pas provoquer son lecteur jusqu'à en faire un voyeur à son insu. Bien sûr on n'en est pas encore là avec le livre de Philip Kerr mais le risque est présent et mieux vaut être prévenu. J'en profite pour signaler que son dernier livre, Hôtel Adlon, est en librairie en grand format (éditions du Masque) mais fidèle à mes habitudes, j'attendrai sa parution en poche pour avoir le plaisir de retrouver cet auteur dont l’œuvre mériterait bien une adaptation cinématographique. Un genre de film historico-policier en noir et blanc, comme on savait le faire dans les années 40-50.
Philip Kerr, Une douce flamme, traduit de l'anglais par Philippe Bonnet, Livre de poche
Fred
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