2 juin 2013

Roger Hélias, président de l'Association du Goéland masqué, raconte l'histoire d'un succès

Un festival du roman policier qui réussit, c'est toujours une bonne nouvelle. A son rythme, le Festival du Goéland masqué de Penmarch' a franchi toutes les étapes qui font qu'une manifestation dépasse le cadre local et, tout en accueillant des auteurs prestigieux, conserve son caractère passionné et artisanal. Roger Hélias, président de l'association organisatrice, raconte.


"Tout a commencé en 2000 sous la forme d'un salon du roman policier breton. Il était important de démarrer ainsi car nous sommes sur un territoire où la tradition du livre n'existe pas. Il y avait beaucoup de manifestations culturelles autour du folklore, de la mer, mais peu de chose autour du livre. Au début, cela se déroulait dans une ancienne conserverie. L'ancienne présidene, Josette Blondel, a dû aller à la pêche aux subventions, car il n'y avait pas de tradition. Au bout de quatre ans, nous avons commencé à recevoir des auteurs nationaux et internationaux.
Au départ, c'était simplement un salon où l'on vendait des livres. Quand j'ai été nommé président, il y a 6 ans, j'ai voulu créer autour du salon des lieux de débats et de conférences. D'abord sur le genre policier, noir, thriller. C'est là que j'ai connu des gens comme Claude Mesplède, puis Didier Daeninckx, Patrick Raynal et Jean-Bernard Pouy sont venus et ont contribué à problématiser les débats et à nous apporter une certaine renommée. Je pense aussi à Nadine Monfils, qui est une fidèle et que j'encourage depuis des années. Ensuite est venue la nouvelle salle Cap Caval, où se tient le cœur du festival actuellement. Mais cette salle est un peu excentrée, nous avons donc choisi, pour que les auteurs puissent aussi s'ouvrir sur le paysage et les environs, de multiplier les lieux de rencontres et de conférences. Nous sommes donc passés du salon au festival.

Et ce festival qui occupe tout le week-end de la Pentecôte ne serait rien sans l'action que nous menons toute l'année. Nous sommes dans une commune où il n'y a ni collège, ni lycée. Il fallait donc offrir à la population la possibilité de venir à la lecture grâce à des interventions dans les maisons de retraite, par exemple. Aujourd'hui, nous intervenons à l'IUFM de Brest, nous proposons des auteurs intervenants, nous dépassons donc notre région. Nous fédérons également un certain nombre de bibliothèques. Nous continuons à recevoir les auteurs locaux, c'est indispensable, mais aussi de jeunes auteurs, et des auteurs comme Madani ou Benotman, que jamais nos habitants ne rencontreraient sinon. Aujourd'hui, dans la plupart des librairies, on a du mal à trouver d'autres auteurs que les gros vendeurs anglo-saxons ou scandinaves. C'est donc notre rôle que de faire découvrir de nouveaux créateurs. Il faut savoir que dans notre région sont venus de nombreux retraités qui aujourd'hui, libérés de leurs obligations professionnelles, ont envie de connaissance. Nous avons commencé par des auteurs hispanophones, car une de nos membres connaît bien la littérature espagnole. L'année dernière, c'était l'année de l'Irlande, et nous avons été un des premiers festivals à accueillir Sam Millar, avant le succès de On the Brinks. Cette année, avec les auteurs italiens, nous avons accueilli 100 personnes à notre "rencontre au bistrot", ce qui était exceptionnel. C'est très motivant pour les bénévoles qui se sont impliqués, notamment Christine qui porte haut le voix de la communauté italienne. Nos 60 bénévoles ne comptent pas leur temps et leur énergie : sans eux, nous ne pourrions rien faire. L'équipe fait tout, accompagne les auteurs, les nourrit, les héberge parfois.
Là où nous en sommes, je crois qu'il faut stabiliser les choses. Nous avons organisé une version des Papous dans la tête, la célèbre émission de France Culture, et la salle était pleine ! Et les auteurs, eux aussi, semblent plutôt satisfaits. Nous avons un public populaire, et des intervenants prestigieux. L'équilibre est atteint, nous avons une exigence culturelle certaine, mais nous tenons à fonctionner sur le mode artisanal, sans la grosse machinerie qu'impliquent les gros festivals nationaux. C'est aussi cela qui fait notre succès."

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