16 février 2014

Isabel Allende sait se faire des amis...

L'auteure chilienne vient de sortir son premier polar, intitulé Ripper, après avoir publié de nombreux romans à succès. Las, la critique n'a pas été tendre avec cet essai non transformé. Bon, ce sont des choses qui arrivent. Plutôt que de se montrer philosophe face à cet éreintement quasi unanime, Mme Allende n'a rien trouvé de mieux que de dire qu'en fait son roman était une sorte de pastiche du genre. Déclenchant ainsi la colère de libraires qui retournent son livre, des lecteurs et des auteurs.
"Mon livre est un pastiche, affirme-t-elle. Il est ironique. Je ne suis pas particulièrement fan de romans policiers. Alors, pour me préparer à cette expérience d'écriture, j'ai lu les romans policiers qui se sont le mieux vendus en 2012 (...) Je me suis rendu compte que je ne pouvais pas écrire ce type de roman. Trop macabre, trop violent, trop sombre. Et les personnages sont des gens terribles, des mauvaises personnes. Très amusantes, mais vraiment mauvaises.Alors je me suis dit : je vais m'attaquer au genre, écrire un mystère conforme à la formule et à ce qu'attend le lecteur, mais c'est une plaisanterie. Mon enquêteur ne sera pas un détective, un journaliste ou un policier séduisant. Ce sera un crétin de 16 ans."

Son Ripper serait donc une façon de se moquer de ce genre qu'elle méprise... Le  problème, c'est qu'on a un peu de mal à la croire, vu qu'elle a attendu de voir les critiques avant de fournir son explication. Libraires, lecteurs et auteurs de polars sont unanimes. Pour Val McDermid, "C'est formidable de voir la communauté des auteurs de polars se défendre face à cette attaque. Pendant des années, nous avons été victimes de préjugés ignorants de la part de la "vraie" littérature, et nous nous sommes contentés de marmonner dans notre coin et de nous plaindre en douce d'être incompris. Mais aujourd'hui, il est clair que nous n'allons plus nous laisser faire. Ce qui est formidable dans cette histoire, c'est que le retour de bâton vient des lecteurs et des auteurs - on ne peut donc pas dire qu'il s'agit d'une blessure d'amour-propre (en français dans le texte). J'espère que ce mot français n'est pas trop littéraire?". Quant à Mark Billingham, il conclut :  "en tant qu'auteur de romans policiers, il est évident que je ne le prends pas bien lorsqu'un écrivain avoue qu'il "se moque du genre policier". Mais je me dis qu'il est étrange qu'Allende explique sa plaisanterie uniquement après qu'elle a lu les critiques assassines que son livre a reçues (...) Ces imbéciles de critiques n'ont donc pas compris son humour si fin, poursuit-il. Elle affirme qu'elle n'est pas fan de romans policiers, ce qui est son droit le plus strict. Mais son mari est auteur de polars. Et je me demande à quoi ressemble la Saint-Valentin chez eux... "

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