Tous ceux qui s'intéressent au polar et au roman noir le savent bien : il est difficile d'aborder le sujet sans qu'à un moment ou un autre le nom de Jean-Patrick Manchette jaillisse et déclenche des discussions aussi infinies qu'animées. Plus que celui de Simenon, par exemple. Pourquoi ? Les raisons sont multiples, elles sont bonnes ou mauvaises, de bonne foi ou de mauvaise foi. Le nom de Manchette semble porter en lui toutes les questions que les romanciers du genre et leurs lecteurs se posent, se sont posées ou se poseront. Le problème étant que, trop souvent, les réponses empruntent des raccourcis qui faussent l'itinéraire et aboutissent à davantage de questions encore. La somme que l'universitaire Nicolas Le Flahec consacre à Manchette est une étape décisive dans la connaissance en profondeur du travail de Manchette, mais aussi de sa pensée. Et l'angle qu'il a choisi ("Contre") lui permet d'en explorer les multiples facettes, en passant par ses contradictions, ses doutes et les chemins qu'il emprunte, parfois inattendus.