11 octobre 2012

"La muraille de lave" d'Arnaldur Indridason, un polar qui gagne à être écouté!

Choisir d'écouter un polar plutôt que de le lire c'est déjà une prise de risque, surtout avec Arnaldur Indridason réputé pour ses textes touffus à la lenteur endémique. Et pourtant La muraille de lave est idéale pour ce mode de diffusion. Plusieurs raisons à cela: tout d'abord ce style littéraire si particulier qui consiste à proposer au lecteur un maximum d'informations sur les personnages en ajoutant constamment des digressions sur leur passé (enfance, famille, maladie, état d'âme...). Une façon d'écrire qui va d'habitude à l'encontre des règles du polar traditionnel qui veut que le lecteur n'en sache pas plus que l'enquêteur. C'est justement là que la version audio est parfaitement adaptée. Si dans le cadre d'un livre traditionnel on peut parfois avoir l'impression que l'auteur tire à la ligne, sous la forme d'une lecture il y a comme une intimité avec cette voix qui nous raconte l'enquête un peu comme dans une conversation privée au coin du feu. D'autant que Jean-Marie Delhausse, l'acteur qui interprète le texte, donne vraiment de la voix en jouant sur tous les registres à sa disposition: petit brin de voix féminine, débits glaireux du clodo en manque d'alcool, élocution posée et distante de l'enquêteur à la recherche de la vérité...
Côté contenu, il faut avouer que ce roman n'a pas l'originalité d'un texte comme La voix qui avait surpris les lecteurs en quête de renouveau. Probablement par l'absence du commissaire Erlendur auquel les fidèles s'étaient attachés. D'autant que Sigurdur Oli qui est le héros de ce nouveau roman n'a pas la carrure et l'épaisseur de son patron. Curieux qu'un auteur comme Indridason qui commence à avoir de la bouteille et qui avait réussi à imposer un personnage majeur avec une personnalité profonde et déterminante pour les récits s'en détourne volontairement tout en voulant pourtant rester dans le même registre (lieu, commissariat, adjoints...). Imaginez Simenon laissant la place aux adjoints de Maigret... Impensable ! Lorsqu'un auteur de ce niveau désire s'aventurer vers d'autres univers il change radicalement de personnages afin d'éviter cet écueil qui peut conduire au naufrage. Heureusement la version audio là aussi est idéale car elle nous fait plus facilement oublier l'infidélité d'Indridason à l'égard de son héros récurent. Même chose pour l'intrigue proprement dite qui n'apporte guère de nouveauté en tant que vecteur d'une analyse sociale et culturelle d'une société islandaise en plein désarroi. L'enquête qui repose sur un crime en apparence banal met d'ailleurs beaucoup de temps à s'éclaircir, sans grande surprise avec en parallèle une histoire de pédophile mainte fois rabâchée. Et pourtant la version audio est plutôt agréable à suivre. Marc Delhausse qui lit ce texte avec entrain et conviction réussit à mettre du suspens là ou la version papier paraît terne au lecteur exigeant. Ce qui, pour conclure, fait penser que des auteurs de polars renommés qui ont du mal à se renouveler devraient peut-être se pencher un peu plus sur ce mode de diffusion  et créer des romans spécifiquement conçus pour être lus ou joués à la manière d'une pièce radiophonique.
Fred
Audiolib - La muraille de lave - durée : 10h35 d'écoute u format MP3 (octobre 2012).

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Articles récents