15 juillet 2013

Dans "La Maison" de Nicolas Jaillet, il ne fait pas bon vivre...

Quel étrange roman que ce livre publié par la maison d'édition havraise Rue du départ. Marcus Malte ne s'y est pas trompé, qui dans sa préface écrit : ""Car cette maison est une cage, c'est une prison. C'est un tombeau. C'est, en réalité, précisément ce que ses habitants en ont fait. C'est l'enfer." Nous voilà prévenus. Nous autres amateurs de polars, nous avons l'habitude d'avoir peur, il nous en faut pour nous impressionner, nous les bravaches. Nicolas Jaillet n'a pas pour ambition de nous donner des cauchemars et de nous faire regarder sous le lit. Son roman est, sans nul doute, en partie autobiographique. Car on n'imagine pas des histoires comme celles-là. Pas de sang, ou si peu. Des souvenirs, vrais ou faux. De la haine, étouffée jusqu'à l'asphyxie. Des personnages en souffrance, des personnages qui infligent la douleur, qui ne parlent pas, qui sentent à peine. Voilà ce que nous donne à lire Nicolas Jaillet.

Il y a Martine, la mère. Il y a le narrateur, qui fait mine de se rappeler le temps où il était dans le ventre de Martine. Et puis il y a Jean, le père, que Martine a épousé comme ça, parce que ça faisait partie de la vie, mais qu'elle n'a jamais aimé, même le jour de son mariage. Il y a l'alcool aussi, qui abrutit, qui libère la violence. Le petit garçon, contrairement à ses camarades, n'aime pas l'incroyable Hulk, ce héros de série qui devient vert, gigantesque et hyper-violent quand il est en colère. Il sait bien pourquoi, et nous aussi. Mais les choses ne sont jamais aussi simples : l'été, le petit garçon part en vacances tout seul avec son père, ils campent, ils font du vélo, et là, tout va bien. Une fois de retour à la maison... Cette maison, l'ennui, la tension extrême, les éclats de voix, la violence qui rôde. Et Martine qui prépare son coup, doucement, lentement... Car dans ce monde-là, on ne divorce pas, on ne discute pas. Et les petits garçons aux grands yeux n'ont pas droit à la parole. Petit à petit, sans à-coups, Nicolas Jaillet nous amène là où il veut, au bord des larmes peut-être, à coups de phrases courtes, précises, sobres, sans rien oublier de ce qui compte vraiment, sans jamais s'autoriser à demander la vérité à celle qui aurait pu, peut-être, lui expliquer. Car la vérité, c'est bien incertain...
Nicolas Jaillet, La Maison, éditions Rue du Départ

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