17 décembre 2013

American Tabloid: James Ellroy au théâtre, osé, mais réussi


On ne va pas vous mentir : American Tabloid au théâtre, on était un peu craintif. Comment rendre en 1h40 cette impressionnante fresque littéraire centrée sur l'arrivée au pouvoir de John Fitzgerald Kennedy ? On doutait. On avait tort. Nicolas Bigards, le metteur en scène, a su éviter les pièges béants qui le guettaient dans cette entreprise audacieuse. Le premier d'entre eux étant la vulgarité. Car pour rendre le texte d'Ellroy accessible à un public pas forcément initié, il aurait été facile de céder à la tentation du spectaculaire de pacotille et du sensationnel, la prose étant suffisamment riche pour se prêter à de tels pillages. Alors bien sûr, un roman de 750 pages incarné en 1h40, c'est inévitablement frustrant si l'on est en attente du même choc que celui provoqué par la lecture du roman. Le truc est simple : il ne faut surtout s'attendre à ça !
Car la pièce a tout autre chose à offrir : une proximité à la fois du texte et de son esprit, une réalisation très tonique, des acteurs engagés, un gros travail sur le rythme, le visuel et ... la musique. Car oui, il y a de la musique. Et pas de la musique classique, mais du rock, ce qui déplairait sans doute au maître... Nicolas Bigards a fait appel au talent de Théo Hakola (les spécialistes se rappelleront sûrement Passion Fodder et Orchestre rouge) et de Dimi Dero, tous deux bien présents sur scène, et qui produisent bien plus qu'une illustration musicale, un véritable univers sonore parfaitement intégré au spectacle et au texte. Le texte, c'est bien lui qui domine l'affaire. Les choix sont judicieux, les mots servis avec fougue et gourmandise par des comédiens formidables d'intelligence, qui occupent avec efficacité la très grande scène de la MC 93. Des décors habiles, qui permettent des mouvements et des changements d'espace, une belle exploitation de l'environnement du théâtre, des événements simultanés qui gardent le spectateur en vigilance permanente, l'utilisation de projections et d'écrans de télévision qui, sans être envahissants, permettent de donner du recul et d'offrir différents plans d'observation : autant d'éléments qui rendent hommage au style d'Ellroy, à son rythme, à sa brutalité et à sa puissance.


Gabriel Tamalet et Pascal Ternisien

Thomas Blanchard
Judith Henry  


 Photos © Victor Tonelli / ArtComArt

Bigards a choisi de conserver les personnages réels de Howard Hughes, incarné par un Thomas Blanchard particulièrement spectaculaire, de Jimmy Hoffa (Mathieu Saccucci, efficace) et de J. Edgar Hoover (Pascal Ternisien, parfait). Un petit plaisir : celui de retrouver Judith Henry dans le rôle de la narratrice / Speakerine, dont on se rappelle qu'elle fut "La discrète" de Christian Vincent aux côtés de Fabrice Luchini. Vous trouverez toutes les informations sur le site de la MC 93 .

Vous n'avez plus que trois jours (vendredi 20, samedi 21 et dimanche 22) pour aller voir ce spectacle et bien sûr profiter du tarif préférentiel :

Bénéficiez d’un tarif réduit à 16 € au lieu de 29 € avec le code « ELLROY ».
Réservez vos places au 01 41 60 72 72 ou sur le site : www.mc93.com
MC93 Théâtre de tous les ailleurs
9, boulevard Lénine
93000 Bobigny

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