8 février 2014

Une semaine en compagnie de James Bond

Six James Bond avec Sean Connery à raison d'un par soir, il y a de quoi faire tourner la tête des plus solides d'entre nous.  Voici mes premières impressions après cette cure de jouvence pour replonger dans un temps où l'on attendait avec impatience le grand film du dimanche après midi en famille avec la pause caramel et esquimau obligatoire.

Sean Connery, un irrésistible macho qui dit "No" au Spectre
Les producteurs du dernier James Bond insistaient lourdement sur le côté impitoyable de la version du personnage interprété par Daniel Craig. C'était oublier la première apparition du célèbre espion en 1962. James Bond n'hésite pas à frapper les jolies filles récalcitrantes et tire froidement sur un homme désarmé puisqu'il a épuisé le chargeur de son arme. Sinon ce premier opus sorti en France sous le titre de "James  Bond contre Dr No" nous permet d'admirer la plastique d'Ursula Andress qui donne une idée des canons de beauté féminins au début des années 60. On retiendra aussi la forme du scénario qui jusqu'au dernier épisode en date se terminera invariablement par une bataille finale dans un décor monumental comme il se doit. Ce premier film est un véritable test de résistance à destination des féministes car le personnage est une authentique caricature du macho telle que celle interprétée par notre ami Dujardin dans une parodie de OSS 117 qui a eu beaucoup de succès.

Un tueur dans un compartiment avec Bons baisers de Russie, de TerenceYoung
Le deuxième ėpisode des aventures de notre espion chéri, sorti en 1963, se passe essentiellement à Istanbul et comporte une scène d'anthologie que les spécialistes du cinéma mettent volontiers sur le même plan que la scène de la douche dans "Psychose". Il s'agit d'un corps à corps dans un compartiment de train entre Robert Shaw et Sean Connery, constitué d'un nombre incroyable de plans qui défilent à une vitesse folle. Sinon, comme d'habitude, les scénaristes n'ont pas pu résister à la tentation de la caricature machiste avec un combat de filles sexy dans un camp de gitan, à la mode hollywoodienne avec costumes chatoyants, couleurs exagérées, etc. Sean Connery, toujours vêtu de ses costumes impeccablement coupés, sans un pli même à l'issue d'une bagarre homérique, est plus à l'aise dans cette histoire qui met en valeur les charmes de Daniela Bianchi, une espionne russe qui ne pourra résister au sourire ravageur du héros. Un petit détail qui ravira les fans de cinéma des années 60: ils verront James Bond soudainement affublé d'une incroyable casquette de capitaine sortie de nulle part au moment où il monte dans un hors-bord, à croire que déjà à l'époque sa calvitie naissante se devait d'être camouflée. "Bons baisers de Russie" multiplie, pour notre plus grand plaisir, les petites phrases clin d'œil qui font le charme pince-sans-rire du personnage.

Un premier rôle pour l'Aston Martin DB5
Pour sa troisième interprétation de 007, Sean Connery est particulièrement bien entouré avec Honor Blackman, héroïne de la série "Chapeau melon et bottes de cuir", et une splendide et mythique Aston Martin DB5. "Goldfinger" est certainement le film le plus connu de la série. À titre anecdotique, on remarquera que les noms des héroïnes des James Bond sont croquignolets, limite porno. Habituellement, ils sont traduits dans la version française de façon relativement fidèle. Dans "Goldfinger", la fameuse Pussy Galore, dont les anglophones sauront traduire le nom, gardera en français son nom d'origine. A titre de comparaison, dans "Les diamants sont éternels" (1971), la version française n'hésite pas à affubler une petite nana rencontrée par Bond dans un casino du nom de Abondance Delaqueue (Plenty O'Toole en vo). Mai 68 était passé par là. Enfin, seuls les golfeurs invétérés sauront faire la différence entre une Slazinger n°1 et n°7, subtil distinguo qui coûtera quelques milliers de dollars au gros méchant, interprété par Gert Frœbe.

James Bond dans le grand bain
Vous êtes fans de piscines, de plongée sous-marine et autres docus à la sauce Cousteau, vous serez conquis par le cinquième opus de James Bond qui non seulement se passe aux Bahamas mais en plus regorge de vilains requins gourmands. "Opération tonnerre" qui date de 1965 a de plus le mérite de donner l'occasion à Claudine Auger, ancienne miss France, de se montrer en bikini et de jouer les naïades dans les eaux couleur émeraude de la grande bleue. Dans ce film aquatique la bataille finale est un monument du genre avec des dizaines de plongeurs bien différenciés par la couleur de leur combinaison (les gentils en orange, les vilains en noir) qui s'entretuent dans les profondeurs à coups de harpon, tout ça pour la possession de bombinettes atomiques.

On ne vit que deux fois à l'heure des gadgets...
Pour sa cinquième apparition en 1967, James Bond fait la part belle aux gadgets avec notamment un appareil pour s'envoler au bon moment de la terrasse d'un château, un ultra léger motorisé en forme de mini-hélicoptère qui répond au doux nom de Petite Nelly et lorsqu'il décide de s'arrêter de fumer c'est pour mieux vous lancer une flèche explosive en pleine figure. Ce n'est pas drôle tous les jours pour le patron du Spectre son ennemi juré, qui finira tout de même par prendre le large histoire de préparer une suite. Le décor est lui aussi à l'honneur avec une base de fusées grandeur nature remplies de vauriens qui ne sont pas d'humeur à se laisser marcher sur les pieds.

Un Sean Connery 18 carats pour sa dernière apparition officielle
"Les diamants sont éternels" est en fait la septième mission du célèbre agent secret. Mais qu'est-ce qui est passé par la tête de Harry Saltzman et Albert R. Broccoli de faire des infidélités à Sean Connery en confiant le rôle de James Bond à un certain George Lazenby pour le film "Au service secret de Sa Majesté"? Suite à l'échec de cette mission, le grand Sean Connery refera une dernière apparition dans "Les diamants sont éternels" qui évoque la lutte implacable entre Blofeld et James Bond. La trouvaille de cet épisode résidant dans la multitude de clones du patron du Spectre et même de son célèbre chat blanc angora. Nous sommes en 1971 et ce film se veut tourné vers les étoiles, avec une histoire de satellite laser capable de détruire la planète. Que de chemin parcouru entre "James Bond contre docteur No" et ce dernier épisode inoubliable dans lequel l'acteur est au sommet de sa forme. Finies les expressions surjouées, place à la maturité qui augure bien de sa future carrière. Curieusement, c'est perruqué et doublé pour toutes les scènes d'action délicates que Sean Connery refera une apparition en James Bond en 1983 aux côtés de Kim Basinger et Klaus Maria Brandauer dans "Jamais plus jamais", un remake plutôt réussi de "Opération Tonnerre". Mais c'est une autre histoire...

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