30 mai 2024

Valerio Varesi, "La Stratégie du lézard" : Parme, neige et chaos

Chaque année, la parution d'un nouveau
Valerio Varesi est un moment privilégié : certes, on éprouve un certain confort à retrouver Soneri, c'est le principe du personnage récurrent. Mais avec Valerio Varesi, la routine n'est pas de mise, et la découverte toujours au rendez-vous. La Stratégie du lézard ne fait pas exception à la règle : dès la première page du roman, on retrouve un Soneri agacé, voire rageur. Il fait froid, Parme est sous la neige et son maire Giancarlo Corbellini est parti faire du ski et, accessoirement, accompagner les jeunes de la paroisse de la Navetta. Quel dévouement de la part de l'édile élégant et séducteur, qu'on a plus l'habitude de voir dans les restaurants chics et les boîtes à la mode ! A moins que Soneri n'aie raison lorsqu'il le soupçonne d'avoir voulu échapper à la situation de chaos dans laquelle se trouve la municipalité de Parme, où tous les adjoints viennent d'être mis en examen pour corruption. La ville est en ébullition, les manifestations d'opposants se multiplient et tournent à l'émeute. Et pendant ce temps-là, M. le Maire fait du ski. Ou pas.

24 mai 2024

Arpád Soltész, un homme en colère



Arpàd Soltész
, auteur de Colère (voir la chronique ici), était présent au festival du Goéland Masqué (Penmarc'h) du 18 au 20 mai 2024. Depuis peu, il a quitté la Slovaquie pour s'installer à Prague où il peut exercer son métier de journaliste politique dans une sécurité toute relative, puisqu'on lui a proposé une protection policière dès son arrivée... Sa présence coïncidait avec un moment important de l'actualité, puisque le Premier ministre slovaque Robert Fico venait d'être grièvement blessé par un tireur juste avant une réunion politique à Handlova, au centre du pays. Après l'avoir longuement interrogé sur son roman et l'état de son pays devant le public du festival, nous l'avons sollicité pour une conversation plus centrée sur l'actualité, qu'il a bien voulu nous accorder en exclusivité. On va vite comprendre que le titre de son dernier roman décrit parfaitement son état d'esprit. Merci à lui de s'être exprimé en toute liberté.

16 mai 2024

Maryla Szymiczkowa, "Séance à la Maison Égyptienne" : madame Zofia fait tourner les tables

 

Voici la troisième aventure de Sofia Turbotynska, la bourgeoise détective de Cracovie. Nous l'avons laissée épuisée mais satisfaite à la fin du Rideau déchiré (voir chronique ici), une enquête qui l'avait entraînée bien au-delà de sa zone de confort, comme on dit. Nous la retrouvons en pleins préparatifs des fêtes de Noël, en 1898, à Cracovie bien sûr. Comme à leur habitude, les auteurs Jacek Dehnel et Piotr Tarczynski, alias Maryla Szymiczkowa, entament leur roman par une table des matières énumérant les différents chapitres et résumant à leur façon, c'est-à-dire sur le mode cocasse, elliptique et allusif, leur contenu. Ils enchaînent avec un prologue surprenant, puisqu'il y est question d'une décapitation un brin laborieuse.

14 mai 2024

Alan Parks, "Joli mois de mai" : pas de printemps pour McCoy


En ce joli mois de mai, Harry McCoy sort de l'hôpital. Ulcère hémorragique. Les consignes : "Du repos, pas de sources de stress, ni tabac ni alcool. Et il était là, de retour au boulot, une clope allumée à la main." Devant le tribunal de Glasgow, une foule haineuse réclame la pendaison pour les trois prisonniers qu'on vient de condamner. Le quartier est totalement bloqué, hommes, femmes et même enfants hurlent le même mot d'ordre, brandissent des pancartes, balançant des bouteilles. Il pleut, bien sûr. Les prisonniers ? Trois gamins coupables d'avoir incendié un salon de coiffure et provoqué la mort de 4 personnes, enfants compris. A priori, l'affaire est close. Sauf que le fourgon qui emmène les condamnés est violemment percuté par un camion, et les trois prisonniers enlevés par des inconnus. McCoy assiste à la scène, l'estomac en feu, il n'a même pas le temps de se cacher pour vomir.

13 mai 2024

Dominique Forma, "Voyoucratie" : entre Paris et banlieue, panique chez les voyous


Les éditions La Grange Batelière ont eu une bonne idée de plus : rééditer ce roman signé Dominique Forma et publié par Rivages en 2012. Sans doute parce que dans Voyoucratie, le romancier rassemble tout ce qu'on aime chez lui. Le style économe, direct, efficace, l'ironie vacharde, le sens du décor et celui de l'action. Le roman raconte le destin d'un caïd parisien, Francis Demado, à qui tout a réussi. Si bien qu'il songe à se mettre au vert pour profiter de son argent rudement gagné. Mais on ne se refait pas : Francis le Parisien, comme on l'appelle, exerce sur le milieu qui est le sien un pouvoir qui lui est indispensable. S'effacer, pour lui, c'est difficile... Il lui prend donc la furieuse envie de se ménager une place discrète malgré sa retraite, ne serait-ce que pour garder un semblant de pouvoir. Et pour cela, il va devoir organiser sa succession.

11 mai 2024

Hannelore Cayre, Les doigts coupés : comment tout a commencé


Après l'énorme succès de La Daronne, paru en 2017, Hannelore Cayre s'est faite un peu désirer. Dans Richesse oblige, paru en 2020, elle avait amorcé un voyage dans le temps, vers 1870, adoptant une construction parallèle entre le présent et le passé (voir chroniques et interview) Avec Les Doigts coupés, elle se jette allègrement du haut du grand plongeoir, et remonte 35 000 ans en arrière. 

Le roman commence par la découverte par une équipe de fouilles archéologiques de vestiges qui font vaciller les acquis : la paléontologue Adrienne Célarier vient de mettre au jour ce qu'elle appelle "sa grotte". "On la traite d'arriviste, mais elle s'en fout car c'est elle qui a le morceau de fromage entre les dents." Pas de doute, on est bien chez Hannelore Cayre. 

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