Le Blog du Polar de Velda
L'actualité totalement subjective du roman policier et du roman noir, films, salons, rencontres avec des auteurs,...
18 août 2025
Tana French, "Le chasseur de feu" : un père encombrant
Trois ans déjà depuis la publication en français de La colline aux disparus (voir chronique ici ). Trois ans qu'on se demandait si l'autrice allait donner une suite à cette chronique du village irlandais où se sont rencontrés Cal, ex-flic de Chicago venu passer sa retraite et trouver la paix dans la campagne environnant le village d'Ardnakelty, la jeune Trey, ado sauvageonne au caractère bien trempé, Lena, Noreen et tous les autres. C'est chose faite avec Le chasseur de feu. Cal a pris ses marques, même si les habitants de ce village au pied des montagnes gardent encore quelques secrets pour lui. Trey a pris quelques années, et a affirmé sa farouche soif de liberté. Elle échappe à la difficile vie de famille qui est la sienne en travaillant avec Cal : tous deux ont monté une petite affaire de menuiserie qui marche plutôt bien. Ils réparent et rénovent les chaises et les meubles des habitants du coin, et entretiennent une relation qui ressemble fort à celle qui unit un père à sa fille, d'autant que le père biologique de Trey est aux abonnés absents : il ȧ laissé toute sa petite famille pour partir vivre sa vie ailleurs. Cal, lui, a trouvé l'âme soeur en la personne de la charmante Lena : ces deux-là ne vivent pas ensemble mais construisent, petit pas par petit pas, une relation solide. Et puis il y a Noreen, l'épicière du coin, soeur de Lena, qui sert de gazette au village et qui n'ignore rien de ce qui s'y trame et de ce qu'on y dit.
16 août 2025
"Bombay Beach Californie" : le meilleur roman de Dominique Forma ?
J'enlèverais volontiers le point d'interrogation au titre de cet article. Tout simplement parce que Dominique Forma signe là un roman extrêmement personnel, profondément original et réellement fascinant. Le roman commence au Canada, à Vancouver, cette ville cosmopolite et pittoresque qui n'a pas séduit que Véronique Sanson puisque Jane et Louis Fay y ont ouvert une galerie très politiquement correcte qui explore les trésors de l'art amérindien. C'est là que le journaliste star Robert Clark décide d'aller poser ses caméras. "C'est presque Hollywood qui s'installe à la Fay Art Gallery" : oui, la réussite est télégénique. C'est là aussi que commence la grande dégringolade que le roman nous invite à suivre, nous autres pauvres lecteurs d'abord incrédules, puis accrochés, et enfin sidérés. Car Jane et Louis sont ambitieux, et tombent avec une facilité déconcertante dans le piège qui leur tend les bras : les voilà embarqués dans une aventure aux couleurs scientifiques, investissant dans une affaire fumeuse de casque de réalité virtuelle inventé par Benjamin Rickler, un geek pas vraiment fait pour le monde des affaires, et qui se termine dans l'horreur absolue.
16 juin 2025
Le Goéland Masqué 2025, c'est fini... et c'était bien
C'était à Penmarc'h, du 7 au 9 juin.
C'est un peu le "baby blues" aujourd'hui : des invités formidables, une équipe de bénévoles exceptionnelle, un temps plutôt clément, des "festivaliers" enthousiastes et des animations appréciées : on peut dire que tout était réuni pour que ça marche ! Et ça a marché.
En attendant un compte rendu en bonne et due forme sur le site du Goéland Masqué, voilà une moisson de photos qui donnent une petite idée de la diversité des styles, de la bonne humeur ambiante et du bon esprit qui régnait ce week-end-là à la salle Cap Caval. Tous les invités n'y sont pas, loin s'en faut : ils sont ailleurs, sur d'autres photos qui seront en ligne bientôt.
Plusieurs innovations cette année, comme le partenariat avec le festival photo de la ville voisine du Guilvinec, des animations originales et appréciées, Jean-Patrick Manchette à l'honneur lors des lectures proposées par les comédiens dans toute la ville, une séance de cinéma réjouissante. Alors c'est fini ? Oui, mais ça recommence ! Les lectrices et lecteurs ont repris leur bâton de pèlerin, à la recherche des pépites de l'année prochaine.
12 mai 2025
Jérôme Leroy, "La Petite fasciste" : conte moral ?
La Manufacture de livres inaugure une nouvelle collection, "La Manuf" : "rapidité de l'action, peinture précise de personnages dans des histoires qui permettent de radiographier le monde d'aujourd'hui", tel est le cahier des charges auquel adhère parfaitement La Petite fasciste, sans pour autant nuire à l'originalité de Jérôme Leroy, dont on connait le goût pour les thrillers politiques. Il y a quelques années, il publiait chez le même éditeur La Petite Gauloise, sorte de dystopie dérangée aux accents prémonitoires. Aujourd'hui, avec La Petite fasciste, on ose à peine parler de dystopie: la France est en crise - la mère de l'héroïne s'interroge : "on dit que le Dingue va dissoudre l'Assemblée" - l'extrême-droite connaît un essor inquiétant et surtout s'affranchit de tous ses complexes.
Le roman commence par… une boucherie : un homme de main tue froidement six personnes qui font la fête dans une villa de Fort-Mahon. Six personnes qui n'avaient qu'un seul tort : celui de se trouver là où il ne fallait pas. Car le tueur s'est trompé de maison, mais a décidé de ne pas laisser de témoins. Il ne l'emportera pas en paradis, comme on dit…
5 mai 2025
Nicolas Jaillet, "Je suis de mon cœur le vampire" : énigme littéraire ou roman noir ?
Avec Nicolas Jaillet, la surprise est toujours au rendez-vous. Avec le temps, ce côté insaisissable va finir par devenir une marque de fabrique ! Cette fois, il revisite à sa manière la série Pierre de Gondol initiée par Jean-Bernard Pouy dans les années 2000, une suite d'énigmes littéraires livrées à la curiosité de l'hôte de la plus petite librairie de Paris, Locus Solus. Notre homme n'est pas au mieux de sa forme : par les temps qui courent, une librairie comme celle-là n'a pas beaucoup de chances de survivre. Qui s'intéresse encore aux vieux papiers, "aux éclopés de la littérature, aux illustres fantômes (…) Homère, Shakespeare, le professeur Choron…"? Qu'est-ce qui pourrait bien redonner au libraire énergie et curiosité ? Un mystère littéraire, l'apparition d'un drôle de fantôme lié à Charles Baudelaire, la disparition de son ex ? Les trois à la fois ? Nicolas Jaillet n'est pas homme à économiser ses effets : ce sera les trois à la fois.