28 novembre 2023

Magdalena Parys, Le Prince : un roman qui explose les genres, du thriller au roman historique et politique

 

Déjà avec Le Magicien, paru en 2019 (voir chronique ici ) Magdalena Parys avait fait la preuve d'une rare capacité à évoquer une réalité politique et historique tout en construisant une intrigue digne des thrillers les plus efficaces. Avec Le Prince, elle confirme ce talent haut-la-main. L'autrice polonaise qui vit à Berlin a choisi, cette fois, de nous entraîner sur les traces du Prince, un leader nationaliste à l'identité bien cachée. Le roman nous met d'emblée dans l'ambiance. 

Nous sommes le 14 mai, dans la banlieue de Berlin. Un groupe d'une vingtaine d'hommes, camouflés sous un uniforme de la Bundeswehr, vient de mettre le feu à un lotissement où logent des immigrés. A la tête de l'opération, un homme prénommé Max. Félicité pour son succès par un vieillard en uniforme de général... 

9 novembre 2023

Thierry Marignac, Photos passées : "le roman de l'absence"


On connaît Thierry Marignac pour ses romans noirs salutaires car hors pistes, pour un certain courage doublé d'un sens certain de la provocation et de l'indépendance, pour un style qui navigue entre arabesques et sobriété parfois brutale, sans oublier les coups de griffe qui remettent quelques pendules à l'heure. Déjà, dans Cargo sobre (paru chez Vagabonde en 2016), il s'était livré à une forme d'autobiographie, la seule qui lui convienne : celle des rencontres, des amitiés, des fraternités littéraires nouées au fil des années et des voyages. Photos passées, avec ce jeu de mots qui lui sert de titre, serait-il une suite à Cargo sobre ? Oui et non : ce livre-là puise ses origines dans un événement familial survenu en 2022 : en février, Thierry Marignac reçoit de sa tante des photos retrouvées dans les archives de sa mère. Celles qu'on voit sur la couverture du livre.

10 octobre 2023

Bloody Scotland : le polar écossais n'a pas fini de nous surprendre

 Après quatre jours de rêve à Edinburgh, ma ville de cœur, il était temps de partir pour Stirling. Un court trajet en train a suffi pour nous amener à la capitale du crime (tout au moins pour ce week-end) et au festival Bloody Scotland. Tout commence le vendredi soir à la Old Church of the Holy Rude, église médiévale entièrement reconstruite au XVe siècle : c'est là que débute la soirée inaugurale du festival, avec la procession aux flambeaux.  Il fait un peu frais, il pleut par intermittence, mais ça n'a aucune importance pour les dizaines d'amateurs de polars qui, après s'être donné rendez-vous à l'église (oui, même les mécréants étaient là), s'acheminent vers l'esplanade du château de Stirling où ils se voient remettre un flambeau remarquablement résistant au vent et à la pluie. Tout ce beau monde, lecteurs et auteurs confondus, redescend ensuite vers le cœur de la ville et les Albert Halls. Nous nous sommes prêtées au jeu et, en me retournant, je me suis aperçue que juste derrière nous marchaient... Alan Parks et Liam McIlvanney. Aux Albert Halls, la foule était accueillie par un joueur de cornemuse aussi stoïque que solitaire et s'acheminait vers la  salle de réception où allaient être décernés le "debut prize" et le grand prix McIlvanney. Les deux vont d'ailleurs récompenser des premiers romans : le "debut prize" va à Kate Foster pour The Maiden et le McIlvanney Prize à Callum McSorley pour son roman Squeaky Clean.
Old Church of the Holy Rude, Stirling


Bloody Scotland, défilé aux flambeaux sous la pluie

Stirling Council from Stirling, UK, CC BY 2.0 <https://creativecommons.org/licenses/by/2.0>, via Wikimedia Commons

10 septembre 2023

2023, un été d'enfer

 


C'est la rentrée, et avec elle la vague de romans qui menace de submerger les lectrices et les lecteurs. Même si on dit souvent qu'en matière de roman noir, la rentrée, c'est toute l'année. C'est pourquoi j'ai choisi, pour ce billet de rentrée, de vous parler de trois livres parus... avant l'été. Tout simplement parce que ces trois-là m'ont accompagnée dans des moments aussi difficiles qu'exotiques, histoire de rappeler que les auteurs sont, certes, des gens qui écrivent, mais aussi des êtres capables, à distance et sans nous connaître, de nous apporter  le réconfort, mais surtout la volonté d'aller de l'avant, à la découverte d'autres auteurs - ils sont rares, certes - qui occuperont dans notre vie une place unique, irremplaçable, primordiale. La rentrée, la "vraie", fera son apparition sur ce blog un peu plus tard, une fois que j'aurai pour la première fois mis les pieds à Stirling pour le festival Bloody Scotland.

15 juin 2023

Le Goéland Masqué 2023 : journal d'un festival sous le signe des belles rencontres

Déjà trois semaines que le 21e Festival International du Goéland Masqué de Penmarc'h a baissé le rideau. Cette année encore, toute l'équipe s'est attachée à offrir un plateau aussi prestigieux que divers : une soixantaine d'autrices et auteurs étaient au rendez-vous, et de nombreux éditeurs avaient également fait le déplacement.



Une fréquentation stable malgré un temps estival, des auteurs et des éditeurs satisfaits, des libraires contents, des animations et des lectures qui ont fait le plein auprès d'un public toujours avide de découvertes, une équipe de bénévoles épuisés mais heureux. Que demander de plus !

Pour remédier au célèbre "blues" post-festival, voici l'album souvenir de cette édition 2023, jour après jour, en images et en mots attrapés au vol... 

Dans quelques jours, vous pourrez retrouver les vidéos des tables rondes sur le site du Goéland Masqué. Un grand merci aux vidéastes et photographes qui ont œuvré pendant le festival.

2 juin 2023

Jakub Zulczyk, "Feedback" : "J'ai rêvé que je buvais."


Voilà comment commence le deuxième roman de Jakub Zulczyk paru en français, après le mémorable Éblouis par la nuit (voir chronique ici ). Autant le dire d'emblée, Zulczyk est une de mes découvertes de l'année, ne serait-ce que parce que dans Feedback, il fait preuve d'un courage et d'un talent de styliste qui font de ce livre une sorte de chef-d'œuvre chaotique, cauchemardesque, rédempteur. Dès le début, pour peu qu'on ait lu Éblouis par la nuit, on est pris... et surpris. Car si, avec ce texte-là, il nous avait offert un roman aussi noir que speedé, avec Feedback, il a choisi de se mettre en danger, nous confiant d'emblée une partie de sa propre vie, de ses errements et de ses drames. "Je m'appelle Marcin Kania et je m'en vais tuer un homme. Sur quoi j'irai boire." Voilà comment se termine le prologue.

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