28 septembre 2025

Léo Cairn, "Naissance de l'incendie" : singulier, bouleversant, un roman pour les survivants


Léo Cairn est psychiatre... et romancier : on lui doit un premier roman remarquable, Une Thérapie, paru en 2023 (voir chronique ici). Avec Naissance de l'incendie, il s'est attaqué à une entreprise audacieuse, aussi risquée que bouleversante, et nous confie un roman qui en renferme plusieurs, autant que les personnages principaux qui l'habitent. Le narrateur est psychiatre au Centre de Traitement des Brûlés. 

C'est par lui que vont nous parvenir les histoires de ces malades bien particuliers, ceux dont les corps et les visages portent la trace indélébile de leurs tragédies personnelles, ceux dont la vie est marquée à jamais par ce qui leur est arrivé, et qui, à jamais, susciteront plus de peur que de compassion... 

24 septembre 2025

Andrew O'Hagan, "Caledonian Road" : transfuge de classe à Londres dans les années 2020

 

J'entends une petite voix me chuchoter : "pssst, on est loin du polar, là! Et du roman noir aussi..." Vraiment ? Vous vous rappelez le roman de Dominic Nolan, Vine Street ? Où l'auteur nous racontait la vie des bas-fonds et de la pègre londonienne des années 30 aux années 90? Aujourd'hui, tout a changé : entre la haute société anglaise et la pègre internationale, des liens se sont noués, consolidés, bouleversant ainsi le système de classes si typique de la société britannique. Et l'Écossais Andrew O'Hagan, qui nous avait déjà offert les magnifiques Éphémères en 2024, est un observateur hors pair de cette société-là et de ses mutations. 

Le roman se déroule au lendemain de la crise du Covid. Le personnage principal, Campbell Flynn, 52 ans, a grandi dans une cité pauvre de Glasgow, et a réussi à se faire une jolie place dans le milieu très exclusif des experts en art grâce à un livre qu'il a consacré à Vermeer. Marié à Elizabeth, une thérapeute liée à la famille royale, très amoureux de cette femme formidable qui le lui rend bien, Campbell navigue entre livres, articles, travail pour le milieu de la mode et podcasts à succès, tout en enseignant au département d'anglais de l'University College de Londres. 

23 septembre 2025

Frédéric Paulin : suite et fin d'une remarquable trilogie

Que s'obscurcissent le soleil et la lumière vient de paraître, clôturant ainsi la trilogie que Frédéric Paulin consacre à la guerre du Liban. Nul ennemi comme un frère, sorti en été 2024 (voir la chronique ici) couvrait la période 1975-1983 et faisait oeuvre de pédagogie, à la fois en s'efforçant de faire le point sur la situation du Liban, ses cohabitations plus ou moins harmonieuses, ses inégalités criantes, sa mosaïque religieuse et les mécanismes à l'oeuvre pour déclencher la guerre civile en 1975. L'auteur y présentait également les personnages qui vont nous accompagner tout au long des trois livres, les positionnant de façon aussi stratégique que dramatique sur son échiquier politique et romanesque. 

18 août 2025

Tana French, "Le chasseur de feu" : un père encombrant


Trois ans déjà depuis la publication en français de La colline aux disparus (voir chronique ici ). Trois ans qu'on se demandait si l'autrice allait donner une suite à cette chronique du village irlandais où se sont rencontrés Cal, ex-flic de Chicago venu passer sa retraite et trouver la paix dans la campagne environnant le village d'Ardnakelty, la jeune Trey, ado sauvageonne au caractère bien trempé, Lena, Noreen et tous les autres. C'est chose faite avec Le chasseur de feu. Cal a pris ses marques, même si les habitants de ce village au pied des montagnes gardent encore quelques secrets pour lui. Trey a pris quelques années, et a affirmé sa farouche soif de liberté. Elle échappe à la difficile vie de famille qui est la sienne en travaillant avec Cal : tous deux ont monté une petite affaire de menuiserie qui marche plutôt bien. Ils réparent et rénovent les chaises et les meubles des habitants du coin, et entretiennent une relation qui ressemble fort à celle qui unit un père à sa fille, d'autant que le père biologique de Trey est aux abonnés absents : il ȧ laissé toute sa petite famille pour partir vivre sa vie ailleurs. Cal, lui, a trouvé l'âme soeur en la personne de la charmante Lena : ces deux-là ne vivent pas ensemble mais construisent, petit pas par petit pas, une relation solide. Et puis il y a Noreen, l'épicière du coin, soeur de Lena, qui sert de gazette au village et qui n'ignore rien de ce qui s'y trame et de ce qu'on y dit.

16 août 2025

"Bombay Beach Californie" : le meilleur roman de Dominique Forma ?


 J'enlèverais volontiers le point d'interrogation au titre de cet article. Tout simplement parce que Dominique Forma signe là un roman extrêmement personnel, profondément original et réellement fascinant. Le roman commence au Canada, à Vancouver, cette ville cosmopolite et pittoresque qui n'a pas séduit que Véronique Sanson puisque Jane et Louis Fay y ont ouvert une galerie très politiquement correcte qui explore les trésors de l'art amérindien. C'est là que le journaliste star Robert Clark décide d'aller poser ses caméras. "C'est presque Hollywood qui s'installe à la Fay Art Gallery" : oui, la réussite est télégénique. C'est là aussi que commence la grande dégringolade que le roman nous invite à suivre, nous autres pauvres lecteurs d'abord incrédules, puis accrochés, et enfin sidérés. Car Jane et Louis sont ambitieux, et tombent avec une facilité déconcertante dans le piège qui leur tend les bras : les voilà embarqués dans une aventure aux couleurs scientifiques, investissant dans une affaire fumeuse de casque de réalité virtuelle inventé par Benjamin Rickler, un geek pas vraiment fait pour le monde des affaires, et qui se termine dans l'horreur absolue.

16 juin 2025

Le Goéland Masqué 2025, c'est fini... et c'était bien


C'était à Penmarc'h, du 7 au 9 juin.

C'est un peu le "baby blues" aujourd'hui : des invités formidables, une équipe de bénévoles exceptionnelle, un temps plutôt clément, des "festivaliers" enthousiastes et des animations appréciées : on peut dire que tout était réuni pour que ça marche ! Et ça a marché. 

En attendant un compte rendu en bonne et due forme sur le site du Goéland Masqué, voilà une moisson de photos qui donnent une petite idée de la diversité des styles, de la bonne humeur ambiante et du bon esprit qui régnait ce week-end-là à la salle Cap Caval. Tous les invités n'y sont pas, loin s'en faut : ils sont ailleurs, sur d'autres photos qui seront en ligne bientôt. 

Plusieurs innovations cette année, comme le partenariat avec le festival photo de la ville voisine du Guilvinec, des animations originales et appréciées, Jean-Patrick Manchette à l'honneur lors des lectures proposées par les comédiens dans toute la ville, une séance de cinéma réjouissante. Alors c'est fini ? Oui, mais ça recommence ! Les lectrices et lecteurs ont repris leur bâton de pèlerin, à la recherche des pépites de l'année prochaine. 


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