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11 février 2025

Nicolas Le Flahec, "Jean-Patrick Manchette : Ecrire contre": un auteur phare, un angle fécond

 

Tous ceux qui s'intéressent au polar et au roman noir le savent bien : il est difficile d'aborder le sujet sans qu'à un moment ou un autre le nom de Jean-Patrick Manchette jaillisse et déclenche des discussions aussi infinies qu'animées. Plus que celui de Simenon, par exemple. Pourquoi ? Les raisons sont multiples, elles sont bonnes ou mauvaises, de bonne foi ou de mauvaise foi. Le nom de Manchette semble porter en lui toutes les questions que les romanciers du genre et leurs lecteurs se posent, se sont posées ou se poseront. Le problème étant que, trop souvent, les réponses empruntent des raccourcis qui faussent l'itinéraire et aboutissent à davantage de questions encore. La somme que l'universitaire Nicolas Le Flahec consacre à Manchette est une étape décisive dans la connaissance en profondeur du travail de Manchette, mais aussi de sa pensée. Et l'angle qu'il a choisi ("Contre") lui permet d'en explorer les multiples facettes, en passant par ses contradictions, ses doutes et les chemins qu'il emprunte, parfois inattendus.

5 novembre 2012

"Fatale", redécouverte du roman le plus noir de Manchette

Fatale de Jean-Patrick Manchette avait jusqu'à maintenant échappé à ma quête des romans policiers des années 70 qui ont marqué l'histoire du polar. La chance était au rendez-vous en ce début de week-end avec une compil de cet auteur novateur proposée en 98 par France Loisirs et comprenant aussi Le petit bleu de la côte Ouest et La position du tireur couché. 90 centimes d'euros pour ce concentré de génie littéraire, cela impose du respect pour les Cash Converters qu'il ne me faudra plus négliger à l'avenir. Fatale est un petit livre par la taille, immense par le contenu (en ce temps-là on n'avait pas besoin de 800 pages pour faire frissonner le lecteur). En plus cette édition comporte une Postface de Jean Echenoz qui à elle seule mérite le détour.

24 avril 2011

Le triumvirat broie du noir ! (Jean-Patrick Manchette, Jacques Deray et Jacques Tardi)

L'affaire du Petit bleu de la côte ouest commence au milieu des années 70 lorsque paraît ce livre qui va connaître deux métamorphoses. La première sous la forme d'un film, Trois hommes à abattre, une adaptation libre du roman par Jacques Deray avec dans le rôle principal un Alain Delon au zénith de sa gloire. Deux millions de spectateurs s'assiéront dans les salles obscures pour trembler devant le destin de Michel Gerfaut, un joueur professionnel solitaire qui a le malheur de secourir un homme blessé dans un accident de la route sans se douter des conséquences... C'est la septième collaboration de l'acteur avec Jacques Deray, qui pour l'occasion lui fait endosser une allure décalée par rapport à l'habituelle silhouette en imper et chapeau mou. On raconte volontiers que Jean-Patrick Manchette, qui pratiquait la critique de films pour Charlie Hebdo, n'hésitait pas à  mettre en boîte Alain Delon qui ne lui en tint pas rigueur puisqu'il interprétera plusieurs personnages tirés des romans de son détracteur et ira même jusqu'à réaliser Pour la peau d'un flic, d'après le roman Que d'os ! Quant au film Le choc, réalisé par Robin Davis avec Delon et Deneuve, il s'inspirera de La position du tireur couché. Pour résumer le scénario du film, Alain Delon est embarqué dans une affaire impliquant les dirigeants d'une société d'aviation et d'armement qui se sont mis en tête d'éliminer tous ceux qui leur mettraient des bâtons dans les roues. Delon, alias Michel Gerfaut, va se retrouver aux prises avec des tueurs qui ne font pas de quartier. Parmi les victimes collatérales, Liéthard, des renseignements généraux, qui a entre autres eu le tort d'être un ami de Gerfaut. Ce dernier va alors jouer le rôle du vengeur masqué en éliminant ses adversaires. Le film reprend les personnages du roman, mais pour les besoins du suspense accélère et simplifie le déroulement de l'histoire, ne laissant pas au spectateur le temps de respirer.

La dernière adaptation du livre de Manchette a paru aux éditions Futuropolis. Il s'agit d'une BD en noir et blanc de Jacques Tardi qui voit dans le polar la forme narrative qui colle le plus à notre réalité sociale. Plus de trente ans après la parution du Petit bleu, rien n'a changé. Certains soirs, moi aussi, j'ai envie de prendre la voiture et de tourner sur le périph, mais à 80 kmh maxi, radars oblige ! La BD de Tardi, c'est quelque chose ! Un dessin à la fois précis et au tracé hésitant, des noirs puissants, des cases bien délimitées, un texte très présent et une narration terriblement efficace. Parfois, on peut avoir l'impression que certaines cases sont un peu bâclées, proches du crayonné. Mais c'est juste une impression car  c'est cela qui constitue la marque de fabrique de Tardi. En tout cas, une chose est certaine. Même si Jacques Tardi a vu le film de Jacques Deray, son héros n'a rien à voir avec Alain Delon. Il est probablement plus proche du personnage du roman de Manchette, un cadre qui traîne derrière lui femme, enfants, bagnole, télé et tout le tintouin en écoutant des classiques du jazz sur le lecteur de cassettes de sa Mercedes.
Programme du week-end : je conseillerais plutôt de commencer par la lecture attentive du roman de Manchette, de poursuivre sereinement avec l'adaptation graphique de Tardi et de terminer dans la détente, les pieds sur le canapé, un verre de Four Roses à la main, par le film de Jacques Deray.

Jean-Patrick Manchette - Le petit bleu de la côte ouest, Folio policier

Trois hommes à abattre - Réalisé par Jacques Deray, 1980, avec Alain Delon, Dalila Di Lazzaro, Michel Auclair, Jean-Pierre Darras, Féodor Atkine et Pierre Dux

Manchette - Tardi - Le petit bleu de la côte ouest,  avec une belle préface de François Guérif, Futuropolis

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