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22 juin 2022

Le Goéland masqué : retour en force pour une vingtième édition réussie


Le
Festival du Goéland masqué, après deux ans d'absence forcée, a fait son grand retour à Penmarc'h (Finistère) le week-end du 4 au 6 juin dernier. Habituée en tant que visiteuse de ce moment festif depuis de nombreuses années, j'ai tout naturellement profité de mon installation près de Penmarc'h pour rejoindre les formidables bénévoles de l'association, et du même coup pour passer de l'autre côté du miroir. Rassurez-vous, je ne vais pas vous livrer les secrets de l'organisation d'un festival, juste constater avec vous que... c'est un sacré boulot, ce qui n'étonnera personne. Le Goéland masqué souffre de deux handicaps : il se tient traditionnellement le week-end de la Pentecôte, donc en même temps que Étonnants Voyageurs à Saint-Malo, qui exerce une attraction irrésistible et naturelle pour auteurs et éditeurs. Le second handicap n'en est pas vraiment un : Penmarc'h est situé littéralement "au bout de la terre" : il faut faire l'effort d'y venir - mais les auteurs et les éditeurs qui viennent jusque-là ont tendance à y revenir. C'est bon signe ! La faute pêle-mêle à l'accueil chaleureux, aux paysages remarquables, aux langoustines savoureuses, aux bars de bord de mer et au soleil qui, une fois de plus, nous a fait l'honneur de sa présence.

Après deux ans de frustration, le Festival et ses organisateurs avaient hâte de retrouver leurs invités, auteurs et éditeurs, mais aussi le public. Pari gagné, les visiteurs étaient au rendez-vous, et les deux pôles "jeunesse" et "BD" ont trouvé un large public, tout comme les auteurs de polars qui ont pu rencontrer et échanger avec leurs lecteurs. Plus de 50 auteurs, dessinateurs et illustrateurs, une quinzaine de rencontres, des lectures, des ateliers, des prix, des animations, des concerts, des dîners au pied du phare ou au bord de l'idyllique plage de Pors Scarn : trois jours durant, le Goéland masqué a répondu aux attentes de ses visiteurs et fait la preuve que la littérature est un formidable point de rencontre.

24 mars 2022

Graeme Macrae Burnet, "Une patiente" : un cas particulier


Avec Graeme Macrae Burnet, l'étonnement est toujours au rendez-vous. Il n'a pas plutôt terminé - ou pas ? - sa série romanesque située à Saint-Louis, dans l'Est de la France, hommages avoués et particulièrement réussis à Simenon, La disparition d'Adèle Bedeau et L'Accident de l'A35 , qu'on le retrouve à Londres dans les années soixante. Les sixties dans la capitale anglaise, ce n'est pas seulement le swinging London. C'est aussi une période d'ébullition intellectuelle sans pareille, et en particulier du côté de la psychiatrie. Partout, on expérimente, qu'il s'agisse de substances ou de modes thérapeutiques. Et s'il est quelqu'un dont on retiendra le nom, c'est bien Ronald Laing, "pape" de l'antipsychiatrie. L'homme est né à Glasgow (tiens!) et son  premier livre, Le moi divisé, a trouvé sa place sur la table de chevet de Graeme Macrae Burnet, si l'on en croit une récente interview radio. Dans ce livre, Laing écrivait qu'"on n'a que trop tendance à considérer comme "normal" l'individu qui refoule ses instincts les plus naturels pour se conformer à une société "anormale"". 

23 septembre 2019

Graeme Macrae Burnet, « L’Accident de l’A35 » : un roman kaléidoscope

Dans La disparition d’Adèle Bedeau (paru chez Sonatine en 2018, voir chronique ici), nous avions fait la connaissance, grâce à Graeme Macrae Burnet, porte-parole d’un certain Raymond Brunet, auteur imaginaire qui ne sortit de l’anonymat que lorsque son premier roman fut adapté par Claude Chabrol, de l’inspecteur Gorski. Ce dernier avait bien voulu nous raconter sa rencontre avec sa femme Céline, qu’il avait épousée très jeune en sachant qu’ils n’étaient vraiment pas faits l’un pour l’autre. La preuve : dès le début de L’Accident de l’A35, on apprend que ces deux-là viennent de se séparer, ou plutôt que Céline vient de faire sa valise. Quant à Clémence, la fille du couple,  elle vit sa vie d’étudiante et ne s’occupe guère de son père solitaire… Qui de son côté passe beaucoup de temps auprès de sa vieille mère qui perd un peu la tête.  L’ambiance est plombante : nous sommes au cœur de la ville de Saint-Louis, qui n’a pas changé, toujours aussi triste et ennuyeuse… 

9 septembre 2018

Graeme Macrae Burnet, "La disparition d'Adèle Bedeau" : un roman hanté par Simenon et Chabrol

Ce roman est étonnant à plus d'un titre. Graeme Macrae Burnet est écossais, et son premier roman publié en français, L'accusé du Ross-Shire (voir la chronique ici) se déroulait dans une région reculée d’Écosse à la fin du XIXe siècle. Avec La disparition d'Adèle Bedeau, il nous emmène dans des lieux moins exotiques pour les lecteurs français (quoique...) puisque le roman se déroule dans la ville de Saint-Louis, en Alsace. Comme dans L'accusé du Ross-Shire, l'auteur a choisi un mode narratif particulier : il commence son récit en racontant que ce même roman signé Raymond Brunet (sic), publié pour la première fois en 1982, ne connut qu'un modeste succès, et qu'il ne dut son statut de roman culte pour initiés qu'à l'adaptation qu'en fit Claude Chabrol en 1989. Graeme Macrae Burnet pousse le raffinement jusqu'à nous proposer une préface qui détaille la carrière de Raymond Brunet... Bien sûr, rien de tout cela n'est vrai, et Graeme Macrae Burnet est bel et bien le seul et unique auteur de ce qui est son premier roman publié. Quand on cherche du côté de sa biographie, on s'aperçoit qu'il a enseigné à Prague, Porto, Bordeaux et Londres, et surtout qu'il nourrit une passion pour Georges Simenon, si l'on en croit les posts particulièrement pointus qu'il consacre à l'auteur belge sur son blog.

19 août 2018

Graeme Macrae Burnet, "L'accusé du Ross-Shire" : un coup de maître

Double actualité pour l'auteur écossais Graeme Macrae Burnet : sortie en poche en octobre de son deuxième roman, L'accusé du Ross-Shire et publication fin août chez Sonatine de son premier roman, La disparition d'Adèle Bedeau, dont on reparlera très vite. En 2016, Macrae Burnet publie dans une petite maison d'édition écossaise, Saraband, L'accusé du Ross-Shire,  qui se retrouve, fait extraordinaire pour un roman étiqueté "thriller psychologique", sur la liste des finalistes du Man Booker Prize (l'équivalent du Goncourt au Royaume-Uni) et remporte un succès inattendu assorti d'une critique dithyrambique et méritée. 

L'accusé du Ross-Shire est un étrange objet littéraire : l'auteur commence par nous raconter que c'est en faisant des recherches dans l'histoire de sa famille qu'il est tombé sur ce dossier... L'essentiel du roman est constitué par le récit par son auteur lui-même, Roderick Macrae, 17 ans, d'un triple meurtre commis en 1869 à Culduie, hameau écossais situé dans le Ross-Shire, région pauvre partagée entre l'agriculture et la pêche, face à l'archipel de Skye. On s'étonne un peu qu'un gamin de 17 ans, issu d'une famille miséreuse d'une contrée reculée d'Ecosse, soit l'auteur d'un tel texte... Qu'on patiente un peu, on va comprendre. Il explique l'avoir écrit pour faire plaisir à son avocat Andrew Sinclair. Et surtout pas pour se disculper, car il ne conteste pas être coupable des trois meurtres dont on l'accuse, et se soucie peu du sort qui lui est réservé...

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