Nous sommes quelque part au nord de Seattle, dans un village étrangement nommé Commonwealth. Dans la commune voisine de Timber Falls, où tout le monde va s'approvisionner, les victimes de la grippe tombent comme des mouches...
On ne sort plus de Commonwealth, on n'y entre plus non plus. Charles Worthy a décidé que chez lui, la grippe ne passerait pas. Et pour s'en assurer, il a mis en place des équipes de gardes armés à l'entrée du village. Jusqu'à présent, personne n'a passé outre le panneau très explicite que Worthy a mis en place :
"QUARANTAINE
ABSOLUMENT AUCUNE ENTRÉE AUTORISÉE!
En raison de L'ÉPIDÉMIE DE GRIPPE ESPAGNOLE
Cette ville est placée sous QUARANTAINE stricte
Cette zone est sous la surveillance permanente de gardes ARMÉS. Ni ÉTRANGER ni AMI n'est autorisé à franchir cette limite.
Que Dieu vous protège."
On a bien vu une Model T hésiter avant de faire demi-tour, rien de plus. Ce soir-là pourtant, Philip et Graham sont de garde. Un homme se profile, là-bas, entre les arbres, s'approche, lit le panneau et poursuit son chemin vers les deux gardes. L'homme est un soldat, il est dans un triste état, il est blessé à la jambe, il a faim, il explique qu'il a été victime d'un accident de bateau. Graham tire, deux fois...
Ce jour-là, Commonwealth basculd. Un soldat, parti défendre la liberté, vient d'être abattu par un homme chargé de défendre son village...
Dès lors, Thomas Mullen va nous raconter avec finesse le devenir de cette communauté face à un monde hostile. Les personnages vont nous être présentés avec leur histoire, leurs peurs, leurs désirs. De l'individuel à la communauté, il n'y a qu'un pas : le destin des hommes et des femmes de Commonwealth va constituer celui de la communauté, et ce roman écrit en 2006, bien avant la pandémie mondiale, décrit avec acuité un microcosme en perdition, la faillite des idéaux, la vérité des hommes, le tout dans un cadre qui, même s'il est situé en pleine nature, se révèle étouffant et se transforme vite en prison où les geôliers se confondent parfois avec les prisonniers... Clairvoyant, visionnaire, La Dernière ville sur terre est un premier roman aussi impressionnant que passionnant.
Thomas Mullen, La Dernière ville sur terre, traduit par Pierre Bondil, Rivages / Noir
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