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5 septembre 2020

Franck Bouysse, Buveurs de vent : un western kafkaïen


C'est toujours avec une appréhension mêlée d'impatience qu'on retrouve pour un nouveau roman un auteur qu'on suit et qu'on aime depuis longtemps... Avec Buveurs de vent, Franck Bouysse confirme que son inspiration est bien loin d'être tarie, et que sa capacité de renouvellement est à son zénith. Les lecteurs évoquent souvent le western en parlant de ce roman : pour ma part, c'est plutôt Kafka, voire Philip K. Dick que m'a évoqués ce livre-là. Création d'un monde isolé, de personnages enfermés, d'un lieu cadenassé, paradoxe d'une petite ville enchâssée en pleine nature, cadre au beau milieu duquel se meuvent des humains très humains, où se développe un drame qui oscille entre aventure et tragédie: Franck Bouysse, une fois de plus, montre sa capacité à mettre en scène des êtres torturés, révoltés, maltraités et à leur ciseler des destins inimaginables.

29 mars 2019

Franck Bouysse, l'interview en roue libre saison 4, "Né d'aucune femme")

Franck Bouysse à la librairie Ici
Né d'aucune femme (voir chronique ici) n'est en librairie que depuis janvier, et déjà il a fait la conquête des lecteurs fidèles de Franck Bouysse, mais aussi de nombreux nouveaux lecteurs qui le découvrent avec ce roman bouleversant, terrifiant, magnifique. Interviews, émissions littéraires à la radio et à la télévision, critiques unanimes : c'est un vrai bonheur que de voir un auteur qu'on affectionne trouver la reconnaissance qu'il mérite. Inutile de dire que ce nouveau roman suscite beaucoup de questions. Franck Bouysse a bien voulu répondre aux miennes, avec générosité, sensibilité et franchise. Un grand merci à lui pour son temps et sa fidélité...

20 janvier 2019

Franck Bouysse, "Né d'aucune femme" : touchée en plein coeur

Commencer l'année avec le nouveau roman de Franck Bouysse, que rêver de mieux ? Né d'aucune femme marque à coup sûr une nouvelle étape dans l'itinéraire d'un auteur exigeant, qui n'hésite pas à prendre des risques et qui, cette fois, franchit allègrement les barrières des genres et prend la place qui lui revient du côté de la littérature, tout simplement.

C'est par la voix du prêtre Gabriel que va nous parvenir la triste histoire de Rose. Ce jour-là, une femme vient se confesser. Elle a un message pour lui: une des sœurs du monastère voisin vient de mourir, il faut venir bénir son corps. Il faut trouver, sous sa robe, ses cahiers, son journal intime. Le journal de Rose.  

26 octobre 2017

Franck Bouysse, l'interview en roue libre (saison 3, "Glaise")

Franck Bouysse à Paris, à l'ombre d'Auguste Comte
Quelques semaines après la sortie de son nouveau roman, Glaise, qui reçoit un bel accueil auprès du public et dans la presse (voir la chronique ici), Franck Bouysse a bien voulu se prêter pour la troisième fois à l'interview en roue libre. Serait-ce devenu une habitude, un rituel ? Une habitude, certainement pas: en matière de littérature, l'inattendu est toujours au coin de la rue, surtout avec Franck Bouysse. Un rituel, pourquoi pas ? Roman après roman, suivre l'évolution d'un auteur qu'on aime, quoi de plus passionnant ?  Un grand merci à lui.

Comment vis-tu tes influences : celle de ta popularité grandissante, et tes influences littéraires.
J'ai une certitude : la littérature est un fil continu. On ne révolutionne pas la littérature. Mon maître reste évidemment Faulkner, mais je sais aussi qu'il vient de Joyce pour la langue. Comme je sais que McCarthy vient de Faulkner. J'aime bien cette filiation. Je pétris deux glaises en fait, celle de la lecture et celle de l'écriture, et j'essaie de faire mon truc à moi à partir de ça. Tout en allant vers des choses plus anciennes, de Homère à Shakespeare.

Oui, pour Plateau déjà, tu avais évoqué Shakespeare et La Tempête. Pour Glaise, on pense à Roméo et Juliette. Était-ce délibéré, d'emblée ?
Non, pas du tout, ce n'est pas conscient. Je suis d'accord avec Dostoïevski quand il dit que l'imagination, c'est l'art de recomposer sa mémoire. J'ai la mémoire de ce que j'ai vécu, et une mémoire archaïque, tellurique. Je réorganise tout ça à ma façon, avec ma langue à moi. C'est ce qui m'intéresse.

6 septembre 2017

Franck Bouysse, "Glaise" : guerre, violence et passion

On n'ose imaginer ce que ressent un auteur à la veille de la sortie de son nouveau roman, après avoir connu une progression régulière en succès et en popularité avec ses deux derniers romans, Grossir le ciel et Plateau, maintes fois récompensés. Si l'attente des lecteurs est forte,  quelle doit être celle de l'écrivain qui veut avancer, être toujours meilleur, sans compromis, creuser un sillon qui n'appartient qu'à lui, s'affranchir des influences parfois salutaires, parfois encombrantes, faire entendre sa voix propre, décider du chemin à emprunter sans oublier de se laisser porter par son énergie, son intelligence, son talent? Telle est la question qu'on se pose une fois terminée la lecture de Glaise : quand on a suivi Franck Bouysse depuis avant Grossir le ciel, on prend d'autant mieux la mesure du chemin parcouru, et c'est une véritable émotion que de constater qu'encore une fois, il réussit à nous surprendre tout en restant fidèle à ce qui lui a attiré l'attachement des lecteurs.

23 novembre 2016

"Noir sur la ville" à Lamballe soufflait ses vingt bougies

Ce week-end, le festival Noir sur la ville de Lamballe (22) soufflait ses 20 bougies. L'an passé, la manifestation avait été annulée suite aux attentats de Paris, et même si beaucoup d'auteurs étaient restés à Lamballe par amitié, la tristesse avait gagné la partie... Cette année, Noir sur la ville fêtait donc son vingtième anniversaire et accueillait l'assemblée générale de l'association 813, ainsi que la remise des Trophées 813. C'est dire si l'association Fureur du noir, organisatrice de la manifestation, avait tout mis en œuvre pour que le festival soit un succès. En arrivant à la salle municipale samedi après-midi, c'est peu dire qu'on était rassuré... Une foule de visiteurs était au rendez-vous, se bousculant devant les tables où les auteurs dédicaçaient tout en prenant le temps d'échanger avec leurs lecteurs. Sans oublier l'ambiance particulièrement festive, avec des auteurs heureux de se retrouver, des organisateurs aux anges malgré la pression et l'affluence, et une équipe de bénévoles absolument formidable. Quelques souvenirs en images et en mots.


29 septembre 2016

Franck Bouysse, "Vagabond": coup de blues

En février 2015, je découvrais Vagabond, de Franck Bouysse. Paru en 2013 chez Ecorce, il ressort aujourd'hui à la Manufacture de livres. Et il n'a rien perdu de son charme. Une petite piqûre de rappel ?

"Vagabond, paru aux éditions Écorce en 2013, et déjà le sixième roman de son auteur. Un texte concis, troublant, qu'on sent très personnel, et qui ouvre des perspectives nouvelles aux lecteurs de Grossir le ciel (voir chronique ici et interview là).L'homme dont il est question dans Vagabond, on ne connaîtra pas son nom. Et c'est très bien comme ça... Ses soirées, il les passe à jouer du blues dans les cafés de la ville. La ville, Limoges, mais ce pourrait être ailleurs. Mais pas n'importe où: il faut que ce soit une ville avec des traces d'histoire, des ruelles sombres, des vieilles pierres.

23 février 2016

Franck Bouysse, l’interview en roue libre (saison 2, "Plateau")

Photo Pierre Demarty
Un peu plus d'un mois après la sortie de Plateau (voir chronique ici), le nouveau roman de Franck Bouysse, il était temps de lui poser les questions qui nous taraudent depuis un moment déjà.  A commencer par le sujet qui a fait crépiter les claviers des blogueurs et autres chroniqueurs : le vocabulaire riche - trop riche, pour certains - dans lequel le romancier a puisé, surprenant ainsi les lecteurs de Grossir le ciel, habitués à une langue sobre, économe, resserrée. 

Cette richesse de vocabulaire, était-elle délibérée ? Est-ce que tu t'es dit : "cette fois, je vais utiliser tous les mots dont j'ai besoin."
Non, ça n'avait rien de délibéré. Je me suis libéré dans ce lyrisme pour me sauver du noir. Avec ce roman, je suis descendu très bas... Quand je parle de ce végétal, le carex, j'utilise ce mot parce qu'en lui, il y a le vent, ce son qui claque, la musicalité dont j'ai besoin. Si j'avais utilisé le mot "ajonc", j'aurais perdu la musique. Je me suis laissé emporter, même si j'ai beaucoup retravaillé. Aujourd'hui, je n'écrirais pas ce livre différemment. J'ai fait ce que j'avais envie de faire. Pour moi, la littérature, c'est un peu comme une cellule, c’est poreux : pourquoi ne pas y laisser entrer la poésie, le lyrisme. Alors bien sûr, certains diront : "dans un roman noir, il faut que l'écriture soit sèche, efficace, resserrée, machin...". J'ai envie de leur dire qu'à ce moment-là, je n'ai pas envie d'être efficace, justement pas. J'ai envie de respirer, d'apporter de la lumière dans cette noirceur. Pour moi, tout commence par la musicalité et la poésie : l'efficacité vient après. Et je suis content de constater que les lecteurs comprennent cette approche-là.

1 janvier 2016

Franck Bouysse, "Plateau" : violence et passion

Je vous avais prévenus : si la dernière chronique de 2015 était agacée, la première de 2016 est placée sous le signe de l’humilité et de l’admiration. Car on se sent tout petit une fois tournée la dernière page de Plateau. Tout petit, tout ému, tout éperdu de reconnaissance. Tout simplement parce que Plateau est le genre de roman - et il n’y en a pas beaucoup dans cette famille-là - qui donne un vrai sens à cette activité de blogueuse qu’il m’est arrivé, ces derniers temps, de trouver un brin vaine…  

Inutile de dire qu’après le beau succès de Grossir le ciel auprès de publics très divers, on attendait avec une certaine fièvre ce Plateau-là. N’y allons pas par quatre chemins: ce roman est une merveille.
Dès les premières pages, une évidence : si, dans Grossir le ciel, Franck Bouysse s’était attaché à une écriture sobre, adaptée à une histoire terrible et aux paysages arides des Cévennes, on retrouve dans Plateau ce qu’on avait pressenti dans ses romans précédents, Pur sang et Vagabond : un amour de la langue proche de l’enivrement, la recherche éperdue du mot à la fois juste et musical, des phrases tantôt sinueuses, tantôt abruptes, comme le plateau du titre, un lyrisme poétique libéré. Vous avez peur ? Vous ne devriez pas : ce que réussit merveilleusement Franck Bouysse justement, c’est entraîner son lecteur dans une sorte de ravissement, d’hypnotique voyage au coeur d’une histoire âpre, au coeur de la langue, au coeur d’un pays.  C’est très simple : pour suivre le romancier, il suffit de lâcher prise et de faire confiance. Si Plateau est très « écrit », comme on dit, il n’est jamais surécrit, et on sait gré à Franck Bouysse pour la confiance qu’il a en son lecteur, pour le courage déterminé de sa démarche d’auteur. A nous, maintenant, de la mériter.

15 mai 2015

Franck Bouysse, Pur sang : un roman racé et incantatoire / La chronique / interview

Comment appeler le texte qui va suivre ? Une chronique à deux voix ? Une chronique-interview ? Peu importe. Après avoir lu Pur sang, j'ai eu envie de demander à Franck Bouysse de réagir à la chronique en la commentant au fil de son déroulement. Il a eu la gentillesse de se prêter à l'exercice. Voici le résultat de l'expérience. En noir, la chronique. En bleu, les commentaires de l'auteur.  Avec quelques digressions. Mais c'est souvent dans les digressions que se cachent les pépites, n'est-ce pas? Bonne lecture.

En 2014, les éditions Ecorce publient Pur Sang, un petit bijou dans lequel Franck Bouysse exprime sa passion pour l'Amérique des grands espaces et son attachement à la terre du Limousin, celle où il vit, travaille et écrit. Avec en toile de fond universelle l'amour et la connaissance de la nature, végétale et animale. Une histoire d'origines, d'identité, une histoire de rencontre et d'exil.

17 décembre 2014

Franck Bouysse : l'interview en roue libre

Il y a quelques semaines, je vous faisais part de mon enthousiasme pour le roman de Franck Bouysse, Grossir le ciel (voir chronique ici). Depuis, il a été partagé par chroniqueurs et journalistes, et c'est vraiment une bonne nouvelle. Devant un roman aussi atypique, aussi singulier dans le contexte de la production romanesque actuelle, aussi passionnant, les questions ne manquaient pas. Franck Bouysse a bien voulu y répondre. Merci à lui.

5 octobre 2014

Franck Bouysse, Grossir le ciel : deux hommes et un chien dans les Cévennes

Est-ce un hasard si Franck Bouysse a choisi de situer son roman dans les Cévennes, là où il y a quelques dizaines d'années, un dénommé Roger Louis Stevenson partagea une longue randonnée avec son ânesse ? Ces lieux encourageraient-ils la solitude ? Ou bien seraient-ils consolatoires des grandes peines que la vie nous inflige ? Gus vit seul dans une ferme délabrée, aux Doges, un lieu-dit perdu au milieu de la campagne rude, où l'hiver la neige persiste. Seul, pas tout à fait : il y a aussi le chien Mars, auquel Gus est fort attaché. Et puis, à quelques centaines de mètres de là, il y a Abel. Abel a deux bonnes dizaines d'années de plus que Gus. Lui aussi vit seul, dans sa ferme. Et pour tout dire, Gus et Abel sont à peu près la seule société l'un de l'autre, sauf les jours de marché, quand Gus descend au village et en profite pour aller faire un tour au café. "Que Gus aimait ce pays serait beaucoup dire, mais comme il n'avait rien connu d'autre, il s'était fait à l'idée d'y finir ses jours." Voilà, les choses sont dites. Gus est né là, il y mourra, et entre les deux il y aura eu une vie, que Franck Bouysse va nous dévoiler, doucement, au fil des événements.

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