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28 mars 2025

Valerio Varesi,"L'autre loi" : Parme, cette inconnue


Qui connaît mieux Parme que Franco Soneri ? Jusqu'à cette année, on était tenté de répondre : "Personne". Et puis voilà qu'arrive dans les librairies L'Autre loi, dixième enquête de Soneri à paraître en français (bon anniversaire!). Doute, réflexion jouent un rôle capital dans ce nouveau roman. Tout commence avec la mort d'un jeune Tunisien, Hamed Kalimi, hébergé par un vieil aveugle, Gilberto Forlai, en échange de menus services. Côté contexte, Parme est en proie à des  échauffourées dans le quartier chaud de San Leonardo, où les affaires de deal le disputent aux agressions racistes.

Hamed Kalimi a été tué à coups de batte de baseball dans l'appartement de Forlai, alors que ce dernier marchait sur les voies ferrées, où la police l'a récupéré, complètement perdu. Bientôt, Soneri sera perdu à son tour dans une affaire qui met en oeuvre des mécanismes qu'il ne connaît pas, une culture qui lui est étrangère. S'il n'est pas aveugle comme Forlai, il est au moins aussi perdu dans une ville qu'il ne reconnaît plus. Et cette brume, toujours... Et cette prise de conscience douloureuse : sa connaissance de Parme, sa longue culture de la ville et de ses secrets, ne lui est d'aucune utilité face à ce crime-là et à ceux qui vont suivre. Pas de repères, pas de suspect, pas de pistes - ou bien trop de pistes. La confusion règne dans la ville et dans la tête de Soneri, en cette période trouble où le populisme prend son envol, et où des milices privées prétendent rétablir l'ordre - comme chacun sait, ces initiatives-là cachent toujours quelque chose. 

30 mai 2024

Valerio Varesi, "La Stratégie du lézard" : Parme, neige et chaos

Chaque année, la parution d'un nouveau
Valerio Varesi est un moment privilégié : certes, on éprouve un certain confort à retrouver Soneri, c'est le principe du personnage récurrent. Mais avec Valerio Varesi, la routine n'est pas de mise, et la découverte toujours au rendez-vous. La Stratégie du lézard ne fait pas exception à la règle : dès la première page du roman, on retrouve un Soneri agacé, voire rageur. Il fait froid, Parme est sous la neige et son maire Giancarlo Corbellini est parti faire du ski et, accessoirement, accompagner les jeunes de la paroisse de la Navetta. Quel dévouement de la part de l'édile élégant et séducteur, qu'on a plus l'habitude de voir dans les restaurants chics et les boîtes à la mode ! A moins que Soneri n'aie raison lorsqu'il le soupçonne d'avoir voulu échapper à la situation de chaos dans laquelle se trouve la municipalité de Parme, où tous les adjoints viennent d'être mis en examen pour corruption. La ville est en ébullition, les manifestations d'opposants se multiplient et tournent à l'émeute. Et pendant ce temps-là, M. le Maire fait du ski. Ou pas.

22 mai 2023

Valerio Varesi, Ce n'est qu'un début, commissaire Soneri : "d'une sale humeur... mais dépressif, certainement pas."

Voilà la huitième enquête du commissaire en colère, écrite par Valerio Varesi en 2010. Nous sommes à Parme - bien sûr - et c'est l'hiver. Ce qui n'est pas pour déplaire à Soneri : la pluie, le froid, la brume, c'est son univers. Et pour être honnête, c'est vrai qu'on a du mal à l'imaginer en maillot de bain et lunettes de soleil sur une plage de l'Adriatique, le commissaire. Ce jour-là est un jour comme les autres, la pluie inonde les rues, le vent souffle dans tous les sens. Les inondations ont transformé la circulation en enfer urbain et trempé, les sirènes de pompiers retentissent dans tous les quartiers. Comme par hasard, au moment où j'écris ces lignes, l'Émilie-Romagne est victime d'inondations meurtrières...

À l'ordre du jour, un suicide. Autant dire rien, car les suicides ne sont pas du ressort du commissaire Soneri. Mais tout vaut mieux que la réunion chez le questeur : le suicidé s'est pendu dans un vieil hôtel en travaux. Soneri brave les intempéries et se rend sur les lieux du drame, pour s'apercevoir que ses collègues sont déjà intervenus. Ce qui l'agace très fort, car il trouve la scène du suicide un peu trop facile à lire... 

5 mai 2022

Valerio Varesi : "La Main de Dieu" et la colère de Soneri


Le printemps est là, et le nouveau Varesi arrive chez les libraires. Voici donc la septième enquête du commissaire Soneri, et contrairement au phénomène trop fréquent qui touche les séries en matière de roman policier, il n'est pas question pour le lecteur d'enfiler ses pantoufles et de retrouver ses bonnes vieilles marques. Car Valerio Varesi sait bien que les hommes changent, vieillissent, dépriment, se mettent en colère, sombrent dans le désespoir. Tout ces états d'âme, on les retrouve chez Soneri, à des dosages sensiblement affinés, et du coup on a affaire non pas à un enquêteur stéréotypé vengeur ou cynique, mais à un humain singulier en proie à ses démons et à ses souvenirs. Bref, si Soneri est toujours le même, il n'est jamais tout à fait là où on l'attend. Avec La Main de Dieu, Valerio Varesi a décidé de sortir une nouvelle fois Soneri de ses habitudes urbaines et parmesanes. 

28 mai 2021

Valerio Varesi, La Maison du commandant : le rendez-vous italien


Cinquième enquête du commissaire Soneri parue en français, La Maison du commandant célèbre aussi avec brio le cinquième anniversaire des éditions Agullo. Et ce roman-là marque une évolution marquante dans la personnalité de Soneri, et du même coup dans sa perception de la société italienne. Soneri le mélancolique, le nostalgique, le désabusé est désormais en proie à une colère et à une révolte presque permanentes : une surprise, car en général, les héros récurrents suivent le trajet inverse. Plus ils vieillisssent, plus ils ont tendance à se résigner et à se protéger pour n'être pas trop abîmés par les enquêtes qu'ils mènent. Chez Soneri, c'est donc l'inverse qui se produit, et sa colère se répercute aussi sur sa drôle de relation avec Angela. 

1 juin 2020

Valerio Varesi, Or, encens et poussière : Soneri et le blues de Parme

Le Varesi de l'année - le cinquième - est arrivé, et il ne déçoit pas. A vrai dire, la mélancolie, voire la déprime qui touche Soneri dans ce nouveau roman sont parfaitement adaptées à l'ambiance contemporaine, même si le roman a été publié pour la première fois en 2007. Nous sommes, bien sûr, à Parme. Ce soir-là, la brume a rendu les alentours de la ville difficilement praticables, et il faut au moins un Soneri, qui connaît comme nul autre la cité et sa région, pour parvenir sur les lieux d'un carambolage géant, où il va, dans un premier temps tomber nez à nez avec un taureau massif échappé d'on ne sait où, puis découvrir le corps calciné d'une jeune femme. Non loin de l'embranchement d'autoroute, tout près d'un camp de nomades. La brume est lourde, poisseuse, humide, trompeuse. Comme complice de la mort qui rôde, empressée à aider le coupable à se dissimuler et à fuir. Malgré son état, on ne tarde pas à identifier la victime, une jeune Roumaine qui, bientôt, va commencer à obséder Soneri. Qui est-elle, comment est-elle arrivée là, qu'est-ce qui lui a valu ce sort terrible ? Autant de questions que ne va pas apaiser la découverte dans un bus spécialisé dans les trajets Roumanie - Italie du cadavre d'un vieux Roumain... 

Parme, le Dôme et le Baptistère - Carlo Ferrari. / CC BY-SA

29 avril 2019

Valerio Varesi, "Les mains vides" : l'attente et la colère

Voici la quatrième enquête du commissaire Soneri, l'enquêteur parmesan, mélancolique et révolté. Dans le précédent épisode, Les ombres de Montelupo (voir chronique ici), il nous avait entraînés avec lui dans le pays de son enfance, au début de l'hiver - campagne, montagne et brume au nord de l'Italie - et du même coup révélé un peu de son passé tout en démêlant une affaire largement liée au passé du pays. Avec Les mains vides, retour à Parme, en plein été. L'attente de l'orage, la ville écrasée sous une chaleur de plomb, moite, étouffante. "Ce jour-là aussi, la ville attendit vainement la pluie", telle est la première phrase du roman. Cette attente lancinante va ponctuer tout le roman, et l'enquête aussi. 

Valerio Varesi, l'interview en roue libre autour de "Les mains vides"

Valerio Varesi
C'est la quatrième fois que nous retrouvons l'enquêteur de Valerio Varesi, le commissaire Soneri, et le personnage est d'ores et déjà entré dans la famille de ceux, de plus en plus nombreux, qui sont sensibles à son indignation, à sa mélancolie et à son goût pour la bonne chère du nord de l'Italie. Les mains vides (voir la chronique ici) est un roman sombre, et, comme le dit son auteur, les questions une fois l'énigme résolue sont plus nombreuses qu'au début du roman. En voici quelques-unes, auxquelles Valerio Varesi a eu la gentillesse de répondre avec précision, patience, et dans un français choisi. Merci à lui...

19 avril 2018

Valerio Varesi, l'interview en roue libre autour des "Ombres de Montelupo"


Valerio Varesi vient de publier en France la troisième enquête du commissaire Soneri, Les ombres de Montelupo (voir chronique ici). Au lendemain de sa participation à Quais du polar, il était de passage à Paris pour rencontrer ses lecteurs à la Librairie de Paris. L'occasion de l'attraper au vol et de lui poser quelques questions. Un grand merci à lui d'avoir pris la peine de répondre en un français parfait, modulé de son musical accent italien.

11 avril 2018

Quais du polar 2018, 90 000 visiteurs sous le soleil lyonnais


Voilà, les Quais du polar, c'est terminé pour cette année. Une fois la fatigue évacuée, les brumes dissipées, c'est le moment des bilans. Gros succès, cette année encore, avec 10 000 visiteurs de plus que l'année dernière - 90 000, belle réussite, malgré les grèves. Pour les auteurs, un moment fort, et l'agréable sensation que cette multitude de lecteurs venus à leur rencontre éprouvent une véritable curiosité et ne se contentent plus d'aller faire signer leur livre aux quelques stars présentes. C'était en particulier le cas de Valerio Varesi, enthousiasmé par la passion des lecteurs et leur intérêt sincère pour les romans italiens qui tenaient la vedette cette année. Rencontrer les lecteurs, les autres auteurs, intervenir dans des salles superbes, au cœur d'une ville magnifique : on comprend un tel enthousiasme. Ian Rankin, de son côté, se réjouissait que tant de jeunes lecteurs soient venus le voir, parler avec lui.  

Côté public, un vrai succès aussi, avec des conférences archi-complètes et une forte participation aux différentes manifestations. Un seul bémol : la difficulté éprouvée à assister, justement, à ces conférences, même en s'étant procuré le "pass" supposé vous assurer des places pour peu que vous soyez là 30 mn avant. Certains spectateurs ont fait la queue, leur pass à la main, et n'ont pas pu entrer. Sans doute le beau temps a-t-il contribué à leur indulgence : la déception semblait globalement plus forte que la colère. Quelques photos souvenirs. Et pour réécouter les conférences, c'est par ici.

Hannelore Cayre

Mimmo Gangemi, Valerio Varesi et Deon Meyer

Pierre Fourniaud et François Médéline

Ian Rankin, Alan Parks et Alain Léauthier



Alan Parks

Christine Ferniot et Ian Rankin


4 avril 2018

Valerio Varesi, "Les ombres de Montelupo" : le commissaire mis à nu

Revoici Valerio Varesi et la troisième enquête du commissaire Soneri, que de nombreux lecteurs attendent de pied ferme. Quand le commissaire Soneri a besoin de prendre de la distance, de s'éloigner de Parme et des affaires courantes, où croyez-vous qu'il se réfugie ? Au bord de la mer, entre Riviera et Toscane, Rapallo, La Spezia, Forte dei Marmi ? Écouter les vagues, savourer la douceur de vivre. Si vous connaissez déjà Soneri, vous savez bien que non. Quand commence Les ombres de Montelupo, Soneri vient d'arriver dans le village de son enfance, niché entre montagne et forêt, dans une vallée des Apennins, au nord de l'Italie. Il est venu seul : Angela est noyée sous le travail et n'a pas pu l'accompagner. 

C'est la Saint-Martin, début novembre, et Soneri est venu cueillir des champignons. C'est du moins ce qu'il prétend. Là haut, dans le Piémont de son enfance, il fait déjà bien froid, la brume est omniprésente, enveloppe les arbres,  nappe les sentiers de montagne.  Soneri n'est pas plutôt installé à l'auberge du village que tombe la mauvaise nouvelle : pour les champignons, c'est mal parti : "L'été a été trop sec,  ils se sont calcinés tout juste sortis de terre." Soneri est agacé, n'est-ce pas pour ça qu'il est venu? Les champignons. On n'en trouve qu'ici, non loin de Montelupo, tout le monde sait cela. Aucune autre raison de revenir là où il a vécu son enfance, absolument aucune. 

18 avril 2017

Valerio Varesi, l'interview en roue libre

Les romans de Valerio Varesi sont arrivés en France l’année dernière grâce au flair des éditions Agullo. Le Fleuve des brumes (voir chronique ici) plantait le décor : Parme, le nord de l’Italie, un commissaire Soneri attachant bien qu’un brin taciturne, une intrigue qui débouchait sur une évocation de la mémoire de l’Italie avec la période fasciste. Dans La Pension de la via Saffi (voir chronique ici), Valerio Varesi parachevait son opération de conquête du public français, avec un héros plus fouillé, plus complexe et plus attachant, un rythme lent qui laisse la place à la réflexion, un sens de l’atmosphère rare et une intrigue qui réussissait à nous rapprocher à la fois de l’histoire personnelle de Soneri, et toujours du passé de l’Italie, avec cette fois-ci un retour aux années de plomb. En avril, Valerio Varesi bouclait une véritable tournée française. J’ai profité de son passage à Paris pour lui poser les questions qui me taraudaient. Un grand merci à lui pour ses réponses généreuses et patientes. Merci également à sa traductrice Florence Rigollet, ainsi qu’à l’équipe des éditions Agullo qui a permis cette rencontre.

30 mars 2017

Valerio Varesi, "La pension de la via Saffi" : Soneri vise au cœur, et fait mouche

Le deuxième roman d'une série est souvent décisif pour un lecteur. Avec son premier ouvrage publié en français, Le fleuve des brumes, Valerio Varesi avait réussi à titiller sérieusement la curiosité des amateurs d'enquêteurs en série. Là, inutile de lanterner, il enfonce le clou, et ça ne fait pas mal, bien au contraire... 

Nous voilà donc de retour à Parme. L'une des spécificités des romans de Varesi, c'est qu'ils se passent dans le nord de l'Italie : on est donc loin des clichés solaires, oliviers, ciel bleu brûlant, embouteillages romains, mystères florentins, mafia, camorra... La pension de la via Saffi, en plus, a le bon goût de se dérouler pendant la période de Noël : brume, gel, froid, vent rivalisent pour concocter une atmosphère propice aux mystères qui vont plonger le commissaire Soneri dans d'insondables tourments.

3 juillet 2016

Valerio Varesi, "Le fleuve des brumes" : e la nave va...

Vous l'avez compris rien qu'au nom de l'auteur, nous sommes en Italie, et le fleuve des brumes, c'est le Pô. Loin de Rome, de Naples ou de la Sicile qui accueillent les polars italiens les plus populaires, nous sommes là dans le nord du pays, à l'écart des flux touristiques. Nous sommes en hiver, il fait froid, et il pleut. Sans relâche. Là, pas très loin de Mantoue, coule le Pô, que la pluie incessante menace de faire déborder. Dans une petite ville qui borde le fleuve, au cercle nautique, on discute ferme, on commence à s'inquiéter un peu. C'est qu'on a beau avoir l'habitude des crues, l'évacuation forcée n'est pas une partie de plaisir. Et pourtant, il va bien falloir y penser car l'eau monte, inexorablement. Et là bas, sur le fleuve, la péniche de Tonna, avec sa lumière allumée. Que fabrique-t-il, le vieux Tonna, 80 ans passés, sur sa péniche par un temps pareil? La lumière s'éteint, se rallume. Les feux de signalisation sont éteints. L'énorme péniche flotte, tangue puis sort du port tant bien que mal. C'est étrange et les braves gens qui discutent au cercle nautique, Vernizzi, Torelli et l'hôtesse du lieu, Gianna, se perdent en conjectures : un tel comportement ne ressemble pas à Tonna. 

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