8 octobre 2011

Quand Fred Vargas crée Adamsberg

Dans le Who's Who du polar Fred Vargas est certainement la reine des bonnes idées. Dès la première enquête de son inspecteur fétiche, Jean-Baptiste Adamsberg, elle le lance sur la piste d'une ombre qui trace des ronds à la craie autour d'objets insolites dans les rues de Paris. Ici un jouet cassé, là une souris morte et plus loin un bracelet-montre déglingué. Comme on peut s'y attendre, ce sont bientôt des cadavres égorgés qui vont occuper le centre de cette géométrie sanglante.
L'homme aux cercles bleus nous permet de faire la connaissance de Jean-Baptiste et son compère Danglard qui tient à peine debout dès quatre heures de l'après-midi, imbibé de doutes et d'alcool. Ces deux-là font la paire, le patron cherche les indices dans les recoins de la personnalité des suspects et son adjoint s'agite, encyclopédie en mains, pour mettre des mots sur les idées fumeuses mais toujours perspicaces de son chef. Ces quatre lignes vont tout de suite vous faire comprendre comment fonctionne le style de Frédérique Audoin-Rouzeau, Fred pour les intimes que nous sommes devenus au fil des lectures. "Un jour, la petite chérie avait demandé : "est-ce qu'un meurtre, c'est comme un paquet de vermicelles collés ? Est-ce qu'il suffit de les replonger dans l'eau bouillante pour les démêler ? Et l'eau bouillante, c'est le mobile, non ?" Il avait répondu : "Ce qui démêle, c'est plutôt la connaissance, il faut se laisser faire par la connaissance."  Vous aurez compris que Fred Vargas, chercheur en histoire et archéologue, est une intellectuelle du polar, en quête de la formule ou de l'idée à laquelle les autres n'ont pas encore pensé. Ce "rompol" se situe au début de sa carrière. Il n'a pas encore acquis la rigueur et la précision des dernières enquêtes de son flic neurasthénique. La fin en particulier est un peu confuse, et les rebondissements multiples et un peu téléphonés sentent l'influence télévisuelle ou cinématographique, dans la perspective peut-être d'une possible scénarisation pour l'écran. C'est un peu curieux de sauter des années 2010 directement à 1996, mais le hasard de la rencontre sur une brocante avec ce petit livre de 220 pages sorti chez J'ai Lu m'a permis de mesurer le chemin parcouru. Qui, n'en doutons pas, nous réserve encore de bonnes surprises.

3 commentaires:

  1. Tout à fait de ton avis, Fred Vargas, c'est même encourageant pour quelqu'un qui voudrait se lancer dans l'écriture de voir le chemin parcouru par Fred Vargas, probablement l'auteur de polar le plus vendu en France.
    PS : J'ai regardé l'atelier d'écriture que tu proposes sur le Self littéraire. Sympa mais tu pourrais ajouter des exemples tirés de bouquins, à moins que tu ne l'aies pas fait pour cause de droits d'auteur ?

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  2. C'est curieux car j'adore le personnage de JB Adamsberg et pourtant l'homme au cercle bleu est le Vargas que j'ai le moins aimé.

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  3. J'adore les romans de Fred Vargas moi aussi. Une plume magnifique et de superbes histoires, je trouve... Là encore, je ne les ai pas tous lus, mais il y en a plusieurs qui attendent dans ma PàL.

    Si jamais, j'ai moi aussi un blog littéraire, mais je ne lis pas que des policiers (bien que j'adore ce genre)

    http://iletaitun-livre.blogspot.com

    À bientôt j'espère et bonne lecture

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