11 novembre 2012

Bande dessinée : polar, fantastique, horreur... avec "Fatale", de Brubaker et Phillips, vous avez le choix !

La première partie de Fatale, de Ed Brubaker et Sean Phillips, vient de sortir en français chez Delcourt. L'Américain Ed Brubaker est bien connu des amateurs, puisqu'il est le scénariste de nombreux comics célébrissimes dans la lignée Marvel (Captain America, Catwoman, Daredevil...). Le dessinateur anglais Sean Phillips a démarré dans le magazine anglais Judge Dredd Megazine, puis s'est illustré avec Hellblazer #31. Les deux créateurs ont déjà collaboré pour la BD policière Criminal. Fatale commence dans un cimetière, comme La comtesse aux pieds nus ou le dernier roman de Ian Rankin. C'est dire que les auteurs ne craignent pas les clichés, on peut même dire qu'ils s'en délectent puisque toute l'histoire de cette BD tourne autour du mythe éternel de la femme fatale. Regardez la couverture, vous verrez ce que je veux dire. Et le moins qu'on puisse dire, c'est qu'ils s'en sortent avec les honneurs. D'autant qu'à d'autres égards, ils ne tombent pas dans la facilité, choisissant une narration alternant passé et présent, et osant le mélange des genres horreur et roman noir, sans pour autant tomber dans la facilité qui consiste à utiliser le fantastique quand on ne sait pas comment expliquer les événements autrement...
Je suis loin d'être une spécialiste de la BD, je dois même avouer que j'ai un peu de mal avec ce genre. Mais là, j'ai été littéralement fascinée par ce roman graphique aux personnages inquiétants... Le pitch? Lorsque l'histoire commence, le journaliste Nicolas Lash assiste aux obsèques de Dominic Raines, son parrain, auteur prolifique de polars et ami de son père. Lash se retrouve exécuteur testamentaire de Raines, et c'est le commencement de la descente aux enfers. Le jour même des obsèques, Lash rencontre Jo, une jeune femme à la chevelure couleur corbeau et aux lèvres écarlates dont la grand-mère a été la maîtresse de Raines. Cette Jo en sait beaucoup plus qu'il y paraît, c'est évident. En particulier sur l'étrange signe qui orne la pierre tombale de Raines. Nicolas Lash se rend au domicile de son parrain, et il y trouve un manuscrit ancien signé Dominic Raines, jamais publié. Vu la suite des événements, il est évident que Lash n'est pas le seul à s'intéresser à la vie de Dominic Raines, et que ceux à qui il va avoir à faire ne sont pas des enfants de choeur. Quant à la belle Jo, elle semble être présente partout dans cette histoire. Et surtout, ne porterait-elle pas malheur ? Meurtres sanglants, monstres abominables, folie violente : Brubaker et Phillips jouent avec nos nerfs avec un découpage habile, une action sans répit, une intrigue hallucinante. N'étant pas spécialiste en dessin, je vais sans doute me ridiculiser aux yeux des spécialistes mais tant pis : Phillips a un style aux frontières du fantastique et du noir, il utilise les ombres de façon magistrale, n'hésitant pas à défigurer ses personnages pour leur donner l'expression qui va provoquer l'émotion, alternant lavis de gris, rouges sang, violets macabres et bruns sombres, aussi efficace dans les scènes d'action que dans les moments de terreur pure... Même si vous êtes comme moi, totalement novice en matière de BD, je vous garantis une soirée "d'enfer" avec Fatale...
Ed Brubaker, Sean Phillips et Dave Stewart (couleur) - Fatale I (La mort aux trousses) - éditions Delcourt - traduction Anne Capuron

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