16 janvier 2012

Dashiell Hammett, un drôle d'oiseau !

Troisième épisode des romans nouvellement traduits de Dashiell Hammett, Le faucon maltais est le chef d’œuvre absolu. En tournant ces pages d’anthologie il est pourtant difficile de faire abstraction du film qu'en a tiré John Huston avec Humphrey Bogart dans le rôle de Sam Spade. Comment oublier les jeux de bouche et le regard intelligent de cet acteur emblématique du détective privé façon hard boiled avant de commencer la lecture du roman qui a fait date dans l'histoire du polar?
Pour cela pas de recette magique, juste un peu de préparation. La lecture devra se faire lentement dans un environnement adapté à la dégustation de cette littérature d'exception. En plus la traduction de Pierre Bondil et Natalie Beunat (2009) apporte une nouvelle dimension à ces formules originales qui témoignent du talent affirmé de Hammett. Les deux premiers romans du recueil paru chez Quarto Gallimard nous ont fait découvrir une Amérique corrompue et perverse à grande échelle. Dans celui-ci un choix recentré de personnages aux caractéristiques physiques et psychologiques bien marquées apporte une dimension intimiste qui permet au lecteur de s'immerger dans le récit au plus profond de l'intrigue, sans en perdre le fil tout au long d'un parcours pourtant semé d'embuches. Ce roman est l'hymne à la gloire du détective privé. Comme si Dashiell Hammett avait voulu définir une bonne fois pour toutes les règles d'or de cette activité décrite jusque là de façon plutôt floue, voire ambigüe. Certes amertume et cynisme sont toujours de la partie mais l'auteur, qui fut un temps lui-même dans sa jeunesse détective, semble désireux d'imposer une image plus morale (avec tout de même quelques égarements) associée à une détermination indéfectible de voir appliquer la justice quelles qu’en soient les conséquences. La femme jusqu'ici accessoire dans les premiers textes prend une tout autre dimension. Il y a d'abord la secrétaire, Effie Perine, une sorte de Jiminy Cricket pour le moins naïve mais qui lui prodigue une attention de tous les instants frisant la dévotion. Ensuite on fait connaissance avec la femme fatale, prête à tous les sacrifices (surtout humains) pour arriver à ses fins. Sans oublier la maîtresse (et accessoirement femme de l'associé du détective) dont on ne sait trop ce qu'il va advenir et sur laquelle Hammett lui-même ne s’appesantit pas trop, même s'il lui donne le rôle de la mouche du coche. Tout au long du roman Sam Spade croisera un bon nombre de figurants indispensables au récit (même si leurs interventions sont plutôt courtes) car ils permettent au lecteur de s'imprégner de la personnalité du détective à travers ses réactions et ses antagonismes.
En guise de conclusion je ne saurais trop conseiller aux jeunes lecteurs de s'immerger au plus vite dans ce roman dans lequel il vont voir poindre une littérature qui depuis a fait ses preuves, les autres seront forcément ravis de retrouver le détective fétiche d'un temps que les moins de 20 ans... Vous connaissez la suite !

1 commentaire:

  1. Bonjour Azerty
    Merci pour cet article qui contient beaucoup sans vraiment révéler et laisse donc le plaisir de la découverte au lecteur. Effectivement (et exceptionnellement) cela n'a pas d'importance si les images cinématographiques (notamment celle de Bogart) viennent réduire la part d'imaginaire du lecteur. Le film est , pour un coup d'essai, un coup de maître. Et il reprend mot pour mot de très nombreux dialogues du livre, ce qui est extrêmement rare. À ne voir qu'en v.o. De même qu'un livre est toujours meilleur en v.o.
    Amitiés
    Pierre Bondil

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