Adrian McKinty, né en Irlande du Nord en 1968 et diplômé d'Oxford, vit aujourd'hui en Australie, après avoir habité New York puis le Colorado. Il est l'auteur de 14 romans dont 9 se répartissent en trois trilogies. C'est sur le premier volume de la trilogie Michael Forsythe, qui est également le premier roman publié de l'auteur, que nous allons nous pencher, A l'automne je serai peut-être mort, paru en 2003. Autant le dire tout de suite, voilà un auteur qui prend d'ores et déjà sa place dans mon Panthéon personnel. Voix singulière, approche sensuelle et physique de la géographie et des déplacements des personnages, accès de violence extrême suivis de passages à l'humour ravageur, McKinty a tout de l'auteur à suivre...
Michael Forsythe a à peine vingt ans, il est arrivé à New York, parti un peu vite de son Irlande natale, et on l'a envoyé travailler aux Etats-Unis, au noir bien sûr, et surtout s'y faire oublier. Michael vit dans un meublé minable de Harlem. Nous sommes avant l'ère Giulani, New York fait encore partie des villes les plus dangereuses du monde, et Harlem est un coupe-gorge de première pour ceux qui ne connaissent pas les codes. Michael, jeune irlandais à la peau blanche, a su s'intégrer dans cet univers de bandes où les balles volent bas et où la confiance est pratiquement un gros mot. Dans ce monde-là, il suffit d'une nuit pour voir sa bonne étoile se faire la valise... C'est ce qui arrive à Michael, qui se retrouve bientôt en cavale, direction le Mexique. Et pas pour des vacances au bord de la piscine.
Il y a quelque chose de très singulier dans ce roman, quelque chose qui se promène entre le hard boiled américain pur jus et le roman ultra-noir irlandais à la Ken Bruen. Adrian McKinty arrache une place de choix entre ces deux genres à l'identité bien trempée, et nous offre ainsi une approche du roman noir séduisante et excitante, avec un sens aigu des relations entre les personnages, un réalisme débordant largement du côté du cynisme, un humour salutaire - car sans ce dernier, certains passages frôleraient l'insupportable. Et puis surtout un sens du rythme qui vous emporte son lecteur à la vitesse d'un cheval au galop, surtout à la fin du roman. Et enfin, enfin, l'inévitable et indispensable femme fatale : ""Les voitures sifflent à mes oreilles, l'herbe crisse dans les parcs et les cimetières. Je suis calme, sans aucune émotion superflue, apaisé, serein. Je ens vivement l'existence de tout ce qui m'entoure, les aiguilles de pin, la chaleur des routes, l'odeur des papillons, le reniflement des coyotes dans les collines grouillantes de vie (...) Je vois la scène. Toi et moi, mon amour chéri. Oui, Bridget, je vois ton visage. Toi et moi ensemble dans le silence de la nuit. Et en cet instant, et en ce lieu, la Mort psalmodie un nom, et il me semble que ce n'est pas le mien." Car voyez-vous, Adrian McKinty a, en plus de tout cela, du style.
Adrian McKinty, A l'automne, je serai peut-être mort, traduit de l'anglais par Isabelle Arteaga, Folio policier
C'est vrai que ce titre était passé quasi inaperçu lors de sa sortie, il y a une dizaine d'année. Il faut dire, on ne s'attendait pas à ce genre de texte chez Pygmalion. Heureusement, depuis, Adrian McKinty a été publié par des maisons plus prestigieuses. Que ce soit la série noire ou aujourd'hui la nouvelle collection chez stock, la cosmopolite noire. Car Mckinty, comme tu le soulignes, est un putain de bon auteur. Merci pour ce bel avis de son titre sans doute le moins connu. ;)
RépondreSupprimerEt les suivants sont tout aussi bons, sinon meilleurs. Ils soint très forts ces irlandais.
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