Belle réussite pour ce livre de l'auteur irlandais William Ryan, avec une plongée en apnée dans le Moscou des années 30, en compagnie d'un héros, l'inspecteur Korolev, dont la personnalité complexe et le passé douloureux apparaîtront au fil de la lecture, dévoilées avec beaucoup d'intelligence.
Tout commence avec la découverte d'un cadavre de femme horriblement mutilé déposé dans une église orthodoxe désaffectée (bien sûr!). L'inspecteur Korolev, chef de la section criminelle de la Milice de Moscou, prend l'affaire en mains, et le moins qu'on puisse dire, c'est qu'il n'est pas au bout de ses surprises. De péripétie en péripétie, il va dénouer une affaire complexe où trafic d'icônes et corruption de haut vol tissent une toile d'araignée à forte puissance léthale. Tel notre Nestor Burma national, Korolev a une fâcheuse propension à se prendre des coups sur la tête... Et aussi une mauvaise habitude : celle de porter malheur à ceux qui l'entourent. Une intrigue bien tricotée donc, de nombreux personnages (est-ce pour rendre hommage à la littérature russe ?), une progression dramatique bien dosée : résultat, un livre qu'on ne lâche pas, et qui ne vous lâche pas !
Dans ce roman, la construction psychologique d'un héros qui au fil des pages prend de plus en plus d'épaisseur le dispute à l'aspect reconstitution historique qui, sans jamais sombrer dans l'aspect besogneux qui caractérise parfois ce type de roman, est là parfaitement maîtrisé. De belles descriptions, notamment quand l'auteur dépeint les bâtiments luxueux, vestiges du temps des tsars et incongrus dans la grisaille ambiante. Une atmosphère pesante, toute en nuances de gris, la méfiance et la peur omniprésentes, les secrets des uns et des autres, les factions, la pègre locale (les Voleurs du titre) : tout cela concourt à construire un univers fascinant. La couverture du livre dit : "Une enquête de l'inspecteur Korolev" : ce qui laisse à penser qu'il y en aura d'autres. Tant mieux.
William Ryan - Le royaume des voleurs - Les deux terres - traduit de l'anglais par Jean Esch
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