Revoilà l'inspecteur Aloysius Pendergast ! Toujours aussi grand et filiforme, toujours vêtu de noir, les cheveux blonds-blancs, pâle comme un spectre, cet inspecteur du FBI me fait irrésistiblement penser à un personnage de Lovecraft, voire à Lovecraft lui-même. Sauf que Pendergast, lui, roule en Rolls Silver Wraith, quand même, ce qui n'est pas courant pour un inspecteur du FBI. Les fidèles de Pendergast qui se demandaient ce qu'il en était de sa vie privée vont être comblés, car on apprend dans Fièvre mutante que le vénérable Aloysius a été marié, et qu'il a perdu sa femme douze ans auparavant dans d'horribles circonstances au cours d'une mission en Afrique. La malheureuse Hélène a été dévorée par un lion gigantesque, coiffé pour tout arranger d'une crinière rouge sang. Depuis douze ans donc, Pendergast vit son deuil tant bien que mal et s'est fait à l'idée qu'il s'agissait d'un malheureux accident. Un soir, de retour en Louisiane dans la propriété familiale en décrépitude, il lui prend l'idée d'examiner de plus près l'arme de feue son épouse, et comprend avec horreur que l'accident était en fait un meurtre : l'arme dont Hélène aurait dû se servir pour abattre son assaillant félin a été chargée avec une balle à blanc.
Pendergast ne fait ni une ni deux : il somme son vieil ami du NYPD, Vincent d'Agosta, de prendre un congé pour l'assister dans son enquête. Il veut savoir qui est à l'origine de la mort d'Hélène, et, clairement, il veut lui faire la peau. D'Agosta ne pouvant rien lui refuser, il se met en congé du NYPD et de sa compagne et entre au service de Pendergast.
Et là, on n'est pas sorti... Je m'attendais à ce que la fine équipe s'embarque pour l'Afrique. Eh bien oui, mais ça ne dure pas. Une courte escapade en Zambie suffira pour les convaincre que la clé du mystère se trouve bel et bien aux Etats-Unis, et dans le passé qui plus est. Voilà donc notre duo qui arrive à Savannah, en Géorgie, pour y poursuivre son enquête : leur court séjour en Afrique les a orientés vers Judson Esterhazy, le frère d'Hélène, qui y demeure. Puis ce sera le retour à la Nouvelle Orléans pour démêler les fils d'une intrigue de plus en plus tortueuse. Les amoureux d'art et de zoologie se réjouiront d'apprendre que l'histoire tourne autour du peintre ornithologue naturaliste John James Audubon, et plus particulièrement autour d'un de ses tableaux disparu, mystérieusement nommé "Le cadre noir". Les amateurs de thrillers scientifiques dresseront l'oreille s'ils apprennent que les deux enquêteurs sont entraînés dans une folle course, à la poursuite d'un malfaisant virus mutant qui aurait pour effet d'exacerber la créativité de ceux qu'il touche, avant de les rendre totalement fous. Les passionnés d'exotisme apprendront avec intérêt que les scènes qui se déroulent en Louisiane sont à la hauteur de l'attente: du bayou à l'alligator, du marécage angoissant aux mystérieuses demeures abandonnées : rien ne manque.
Un personnage principal intriguant, une intrigue bien tordue, des rebondissements, de l'action et de la peur, une fin angoissante : mission accomplie pour "Fièvre mutante". Les duettistes Douglas Preston et Lincoln Child ont encore une fois réussi leur coup. A conseiller vivement pour mettre un peu de piment dans des vacances monotones !
Preston & Child - Fièvre mutante, traduit de l'américain par Sébastian Danchin, L'Archipel
Voir la bande annonce
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire