Pourquoi ranger ce roman parmi les lectures de vacances ? Rien de léger dans ce Dernier battement de cil puisqu'il s'agit, je vous le donne en mille, d'une histoire de serial killer...
L'inspecteur Thorne est un loup solitaire, divorcé et légèrement alcoolique. Ça vous rappelle quelque chose ? Moi aussi ! Dans cette première enquête d'une longue série, il est confronté à un serial killer maladroit : on comprend vite que son but, c'est de "presque" tuer ses victimes. Ce qu'il veut vraiment, c'est les réduire à l'état de légume, les savoir clouées à vie dans leur lit, complètement conscientes mais avec pour seul mode d'expression un battement de paupières. Ce qu'il veut vraiment, c'est provoquer le "locked in syndrome" dont Julian Schnabel a fait un très beau film, d'après le roman de Jean-Dominique Bauby, Le Scaphandre et le papillon. Un beau tordu, qui en plus clame haut et fort sa folle ambition en laissant à l'inspecteur Thorne des messages explicites ! Parvenir à cet objectif, ça n'est pas de la tarte : il faut avoir une bonne culture médicale et anatomique et un sacré tour de main. Notre tueur fait des essais, rate son coup trois fois, et réussit enfin sur la personne d'Alison Willets, qui se retrouve au Royal Hospital de Londres, aux bons soins du docteur Anne Coburn, neurologue de son état. Thorne, ému par le sort d'Alison et aussi par le charme d'Anne, va se lancer à fond dans l'enquête. Hanté par une ancienne affaire qui lui laisse un sentiment de culpabilité, il fait une fixation sur un coupable présumé, et se met dans une position limite illégale, à tel point qu'on le met sur la touche... pour un temps. A-t-il raison, a-t-il tort ? Vous ne croyez quand même pas que je vais vous le dire ?
Alors, cette première question ? Pourquoi ce livre est-il une lecture de vacances ? Eh bien parce qu'il se lit très vite, on n'a pas besoin de s'arrêter pour réfléchir, tout est là, transparent, aucun effort à faire, l'auteur l'a fait pour nous. Sauf à y regarder de près, l'intrigue tient la route, le mécanisme fonctionne, les personnages sont attachants... Bémols : le roman compterait 100 pages de moins qu'on ne s'en plaindrait pas. Les passages répétitifs où l'on suit la vie intérieure d'Alison Willets ne sont pas ce qu'on fait de mieux en matière de finesse... Il ne faut pas longtemps pour l'oublier et passer à autre chose. Une fois qu'on a refermé le livre, on ne se pose rigoureusement aucune question de quelque ordre que ce soit, on se lève, on secoue sa serviette et on va se baigner sans aucun remords. Un vrai livre de vacances, je vous l'avais bien dit !
A noter : les enquêtes de l'inspecteur Thorne font l'objet d'une série télévisée anglaise avec le délicieux David Morrissey dans le rôle titre.
L'Anglais Mark Billingham, né en 1961, est acteur, scénariste et auteur.
Mark Billingham, Dernier battement de cil, traduit de l'anglais par Philippe Loubat-Leblanc, Le Masque et Livre de Poche
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire