4 septembre 2011

Caryl Férey, fils de Brel, répond à nos questions

Il y a quelques semaines, je vous proposais de partager une cure de Caryl Férey. Pour une rentrée en beauté, je lui ai demandé de répondre à quelques questions. Voici ses réponses. Merci à lui !

LBdP : Vous avez des activités multiples : romans, livres pour enfants, théâtre, musique, radio... Est-ce une façon de ne pas vous laisser enfermer dans le genre "auteur de polars"?

CF : Exactement. De plus, comme tout est lié, chaque discipline nourrit l'autre. "J'avais peur de devenir adroit" disait Brel pour expliquer l'arrêt de ses tours de chant. C'est un de mes pères, je pense à lui tout le temps.


LBdP : A ce propos, comment vous sentez-vous dans ce genre ?

CF : Bien. Le roman noir permet de parler de tout... et pas trop de soi.


LBdP : Comment voyez-vous le succès incroyable du roman policier depuis quelques années ?

CF : La littérature française s'est à mon avis sabordée, en gros à partir des années 60 et du Nouveau Roman. Attention à ce que je dis, c'est une généralité, mais "on" a décidé que raconter des histoires était devenu ringard. Pédanterie stupide à mon goût. J'ai heureusement le sentiment que ça change depuis quelques années, qu'on en a fini avec les conneries d'Angot et compagnie - à dégoûter les gens d'écouter du rap.


LBdP : C'est très chic aujourd'hui d'aimer les polars, ça l'était beaucoup moins il y a quelques années seulement. En devenant "socialement acceptable", pensez-vous que le roman policier coure le risque de la banalisation ?

CF : J'ai toujours le sentiment, dans les cercles littéraires, que le polar est un sous-genre. Franchement je m'en fous, ce qui compte ce sont les bons livres, peu importe le genre. Je lis de tout - on vire Musso, Lévy, etc.


LBdP : En dehors des conditions matérielles, le succès international de Zulu a-t-il changé quelque chose dans votre façon de vivre votre travail ?

CF : Non. Je suis autant perturbé et sous pression que d'habitude. L'impression de vivre au cinquième set (Jimmy Connors)


LBdP : Vous êtes un voyageur, mais surtout pas un touriste. Comment décidez-vous de partir pour la Nouvelle  Zélande, l'Afrique du sud ou l'Argentine ? Est-ce lié à des circonstances personnelles, ou bien à la situation humaine, sociale et politique de votre destination ?

CF : Toutes ces raisons mélangées. Il faut qu'il y ait matière à un bon roman, politique sans que ça devienne l'enjeu principal.


LBdP : Comme voyez-vous vos romans "McCash" ? Est-ce une façon de regarder la vie en France autrement ? Y aura-t-il d’autres romans avec Mc Cash ?

CF : Oui, à travers ce personnage qui, personnellement, m'amuse. Et oui, il y aura un autre McCash. J'en ai écrit la moitié entre Zulu et le prochain roman "argentin". Ce dernier a pris le dessus, tout naturellement.


LBdP : Ce personnage est basé sur un de vos amis, je crois. Pour d’autres auteurs, les personnages récurrents jouent un rôle de “double” ou de miroir. Qu’en est-il pour vous ?

CF : Heureusement que non : le "vrai" Mc Cash est pire que le personnage romancé ! 


LBdP : Curieusement, beaucoup de lecteurs pourtant habitués à des romans d'une grande violence ont du mal avec celle que vous décrivez dans vos romans. Comment expliquez-vous cela ?

CF : J'ose croire que le côté réaliste les confronte au monde tel qu'il est : violent.


LBdP : Vos romans "lointains" exercent-ils une influence sur la perspective que vous avez envers notre environnement franco-français, voire européen ?

CF : Non, pas vraiment, même si la crise argentine pourrait bien devenir mondiale. Un cauchemar


LBdP : Avez-vous eu l'occasion d'échanger avec des auteurs néo-zélandais ou sud-africains?

CF : Jamais assez.


LBdP : Vous travaillez sur un roman situé en Argentine. Combien de temps y avez-vous passé ?

CF : Trois semaines en repérage en 2008, puis deux mois en 2010.


LBdP : Le fait que la majorité de la population argentine soit d'origine européenne a-t-il une grande importance sur la vie politique de ce pays ?

CF : Bien sûr ; nous avons les mêmes codes. C'est plus facile qu'en Inde ou en Chine.


LBdP : Depuis la crise économique de 2001, comment percevez-vous l'évolution politique de l'Argentine ?

CF : L'arrivée des Kirschner a fait du bien à la moralité du pays. Pour le reste, ils rament.


LBdP : Pouvez-vous donner quelques pistes sur votre prochain roman ? Et sur sa date de sortie?

CF : C'est la première fois en deux ans et demi d'écriture intensive que je suis satisfait de l'histoire. Les personnages sont encore un peu Playmobil, il n'y a que 50 pages d'écriture potable, mais j'avance autant que je peux. Mai ou octobre 2012 - j'espère !

Nous aussi ! Et puis un nouveau McCash, voilà une autre bonne nouvelle.

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