Depuis quelque temps, France 3 cherchait ses téléspectateurs dans la tranche horaire du prime time du dimanche soir, pour résister aux assauts des films ou séries américaines sur les autres grandes chaînes. Après le ratage de l'inspecteur Gently, qui aurait mérité qu'on s'y attarde un peu plus et quelques épisodes bouche-trous de Barnaby, est apparu l'inspecteur Murdoch. Un détective enquêteur faisant appel à des méthodes scientifiques à la fin du XIXe siècle au Canada.
Voici une série qui combine tous les ingrédients du genre pour réussir à rendre sa clientèle captive. D'abord les personnages à la psychologie pas trop complexe, ayant chacun une spécialité afin de créer un ensemble cohérent adapté à tous les types de téléspectateurs.
Le fameux Murdoch, un rien coincé, signe de croix facile et raisonnements alambiqués à foison, est une sorte de Sherlock Holmes d'outre-Atlantique. Il est jeune, séduisant pour certaines, à la fois sportif et scientifique, voire intellectuel. Il n'hésite pas à troquer la matraque contre l'éprouvette pour élucider les crimes auxquels il est confronté. Les scénaristes mêlent efficacement fantastique et faits divers, prétextes à une vulgarisation scientifique que Murdoch nous dispense au fur et à mesure des épisodes. Du coup, parents et enfants y trouveront leur compte pour une soirée familiale devant le 16/9e qui trône dans le salon.
Pour les amateurs de scènes un peu plus « gore », on a droit à de nombreuses visites à la morgue de la ville pour assister à des vidages d'estomac, à des découpages de poumons nicotinisés, et tout ça réalisé par les bons soins d'une charmante légiste qui répond au nom de Dr. Julia Ogden. Là aussi, c'est le prétexte à des explications sur les mystères du fonctionnement des organes et les différentes manières de les mettre à mal. La ménagère américaine a droit à ses « Feux de l'amour » version commissariat en folie, avec une idylle à rebondissements entre Murdoch et la légiste. Idylle que l'on peut voir évoluer au fur et à mesure des épisodes, ce qui va poser problème à nos amis de la 6 le jour où ils décideront de passer cette série dans le désordre, comme d'habitude !
Outre les savants de cette fine équipe, Les Enquêtes de Murdoch proposent une galerie de portraits stéréotypés : le commissaire, bon vivant et autoritaire mais au coeur tendre, le flicaillon un poil « couillon » mais pas si bête que ça, et toute une volaille aux uniformes bien repassés. Ce qui est amusant dans cette série qui se passe au Canada à la fin du du XIXe siècle, c'est que les scénaristes font parfois intervenir des éléments typiques du western, histoire de ne pas oublier que la frontière américaine n'est pas loin. Ainsi, les revolvers sont de bons vieux 6 coups que ne renieraient pas les 7 Mercenaires, et la Winchester est toujours à portée de main. Autre clin d'oeil, la présence de personnages réels de cette époque, tels Conan Doyle ou Houdini, qui participent aux enquêtes quand ils ne sont pas suspects.
Le parti pris consistant à exploiter l'anachronisme entre les méthodes d'enquête et l'époque du feuilleton fonctionne plutôt bien pour un téléspectateur pas trop regardant sur les scénarios, qui restent relativement simples, d'autant que la durée de l'épisode (46 mn), restreint le champ d'investigation. En plus, en général, l'histoire se concentre sur un fait, alors que la tendance est plutôt à mettre en parallèle 3 ou 4 enquêtes. Même chose du côté des intervenants : peu de personnages, juste ce qu'il faut pour que cela fonctionne. Les épisodes sont systématiquement décomposés en 5 parties : l'exposition du fait divers, le passage à la morgue pour l'autopsie de la victime, les interrogatoires multiples, la fausse piste et la résolution de l'affaire, avec à chaque fois une nouvelle étape dans les connaissances scientifiques des enquêteurs.
Tout cela ponctué de plans de déplacements à bicyclette (car c'est une des particularités de Murdoch que d'utiliser le vélo pour aller interroger ses suspects), et de vues plus ou moins réussies de Toronto dans les années 1890. On se passerait volontiers du côté « bénitier » du personnage qui se signe chaque fois qu'il croise un cadavre sur son chemin, mais cela doit correspondre à la clientèle anglo-saxonne puritaine et probablement aux moeurs de l'époque. En revanche, le personnage de la légiste qui plonge à mains nues dans les entrailles des victimes et n'hésite pas à défendre la cause féminine en prônant des idées d'avant-garde est plutôt séduisant, à tel point que l'on tremble lorsque Murdoch se laisse aller à une amourette avec une autre petite fiancée affublée d'un gentil petit garçon. En conclusion, c'est une série à laquelle on s'attachera si l'on est capable de rester assis pendant 3 fois 46 mn, car France 3 nous impose une programmation triple le dimanche soir à partir de 20h30. Ceux qui auraient raté les deux premières saisons peuvent les retrouver en DVD.
Série en production - 5 saisons, 52 épisodes
Première diffusion en France le 14 juin 2009
Première diffusion aux Canada le 24 janvier 2008
Série déjà disponible en DVD depuis le 20 avril 2011
La distribution
Yannick Bisson : William Murdoch
Helene Joy : Dr. Julia Ogden
Jonny Harris : George Crabtree
Thomas Craig : Inspecteur Thomas Brackenreid
A remarquer que certains des episodes reprennent de temps en temps des enquetes de l'inspecteur Barnabe! ou le contraire ?
RépondreSupprimerj aime bien ces series demurdoch
RépondreSupprimerLa clientèle anglo-saxonne puritaine, comme vous le dites, est exclusivement protestante (on parle bien du Canada anglophone), donc pas de signe de Croix chez eux..... et le signe de Croix, je le fais aussi lorsque je vois une personne morte, que je croise un corbillard etc. (ce qui n'arrive pas tous les quatre matins heureusement), puisque je suis Catholique Romaine, tout comme l'inspecteur Murdoch .... Voyez donc que ce n'est pas une question de "clientèle", ni d'époque, ou de mœurs... c'est une question de Foi, et ici, de Foi Catholique. Renseignez-vous au lieu de poster des fadaises incultes la prochaine fois.... ;)
RépondreSupprimerVoilà un commentaire qui fait preuve d'une grande charité chrétienne... Vous voyez, je publie. Qui n'a jamais fait d'erreur me jette la première pierre.
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