30 novembre 2011

Mon premier Ken Bruen : mieux vaut tard que jamais !

J'oscille entre honte et exultation... Honte parce depuis le temps que je lis des polars, jamais je ne m'étais décidée pour Ken Bruen. Exultation parce que pour une découverte, c'est une découverte. Ken Bruen, auteur irlandais né en 1951, docteur en métaphysique, rien que ça, a publié une vingtaine de polars (je parle de ceux qui ont été traduits), dont deux séries (Jack Taylor et Roberts & Brants). Je viens de m'offrir le baptême du feu avec London Boulevard, un roman paru en 2008 et adapté au cinéma sous le même titre, avec Colin Farrell et Keira Knightley, sous la direction de William Monahan
Voir la bande annonce.


Il ne faut que quelques lignes pour plonger en apnée dans cette histoire. Le style, c'est l'homme, dit-on. Je confirme... La première scène nous apprend que Mitch est sur le point de sortir de 3 ans de taule. Sa conversation d'adieux avec le directeur de la prison est un bijou d'humour et de méchanceté. Et ce n'est que le début... Mitch a 45 ans, la crinière blanche et le regard noir. En taule, il n'a pas appris la tendresse. Son vieux copain Norton, truand comme lui l'attend à la sortie. Attentionné, il lui a préparé un retour tout confort, avec appartement de luxe, garde-robe couture gratuite, bref de quoi repartir du bon pied. Mitch n'a pas envie de replonger, mais il lui manque un petit quelque chose : le sang-froid. Il ne faut pas l'embêter, Mitch. Un laveur de pare-brise va l'apprendre à ses dépens : à peine est-il sorti depuis 10 minutes que l'ami Mitch s'énerve contre ce type qui n'est même pas capable de laver un pare-brise correctement. Agaçant, non? Alors qu'à cela ne tienne, il lui pète le bras. Et encore, s'il avait été en forme, il lui aurait cassé la clavicule.
Sale caractère, quoi. Au bout de quelques jours, Mitch trouve un drôle d'emploi chez une ancienne star du théâtre richissime qui ressemble à Gena Rowlands : homme à tout faire... Le salaire est mirobolant, le majordome est bizarre mais après tout... Son emploi lui laisse le temps de rendre quelques services radicaux à son copain Norton, du genre l'aider à racketter - voire pire - les malheureux locataires plus ou moins clandestins d'un immeuble. Histoire de ne pas perdre les bonnes habitudes. Bientôt, ces petites affaires tournent vinaigre, et la soeur de Mitch, folle comme un coucou, n'arrange pas la situation. Bientôt, Mitch déménage de son appart de luxe et s'installe dans le petit studio que lui propose la star vieillissante. Ce n'est que le début, car vous l'aurez deviné, ce n'est pas pour rien que le livre s'appelle London Boulevard. La star n'est pas une vieille dame comme les autres, et elle n'a rien à envier à Gloria Swanson.
Ken Bruen écrit rapide, saccadé. Ken Bruen aime les listes. Exemple : là où un Cormack Mac Carthy, le roi des "et" aurait écrit : "Il s'est assis sur la couchette d'en face et a examiné mon étagère de livres : philosophie ET littérature ET thrillers ET poésie", Bruen préfère, et moi aussi : "... mon étagère de livres.
  Philosophie
   Littérature
    Thrillers
     Poésie"
Simple, efficace, direct. Au fait, c'est une liste, ou c'est de la poésie? Des vers libres quoi ! En plus, Ken Bruen est bon camarade : il cite volontiers ses contemporains auteurs de polars, de James Ellroy à Robin Cook en passant par Tom Kakonis, mais aussi Bruce Chatwin. Musique obligatoire aussi : Trisha Yearwood, Peter Gabriel, Midnight Oil... Alcool et came font aussi partie du paysage. Et Londres, bien sûr, qu'on traverse dans tous les sens, de Clapham à Brixton en passant par Portobello Road. Des dialogues ciselés, une violence inouïe, une hécatombe de bons et de méchants : 280 pages d'hystérie, d'humour, de noirceur et de style. C'est simple, je n'avais pas plutôt terminé London Boulevard que je filais chez mon libraire faire une provision de Ken Bruen !
Ken Bruen, London Boulevard, traduit par Catherine Cheval et Marie Ploux, Fayard et Points /Seuil

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