29 octobre 2012

James Lee Burke revisite le polar avec "L'emblème du croisé"

James Lee Burke est un auteur majeur de la littérature policière qui distille depuis des années suspens et lyrisme comme nul autre. Sa créature, Dave Robicheau, shérif adjoint à New Iberia en Louisiane, est un personnage de roman atypique qui a gravé son nom dans l'histoire du polar à coups de .45. Voici un ancien alcoolique endurci par une jeunesse difficile, des années de Viet Nâm qui lui collent toujours à la peau et des amis pour le moins encombrants qui mettent généralement de l'huile sur le feu lorsqu'ils pensent lui venir en aide. Ajoutez à cela une abstinence forcée pour la bouteille avec des visites régulières et indispensables aux AA et un penchant surprenant pour la religion avec visite périodique au curé de la paroisse et vous avez en main toutes les cartes pour suivre ses aventures racontées à la première personne. C'est d'ailleurs ce style narratif dynamique et linéaire qui rend ces romans facilement accessibles même au néophyte car dès la première page on ne peut se détacher des pas de ce héros mêlant violence et romantisme. L'emblème du croisé qui est enfin sorti en poche en 2012 est parfaitement dans la veine des 13 textes précédents de James Lee Burke. Une histoire tendue, de nombreux rebondissements et quelques bonnes surprises même pour les lecteurs initiés. Dave part donc à la recherche d'une ancienne petite amie de son frère, disparue mystérieusement dans les années 50. Jusque là rien que de très banal et quelques recherches sur la toile auraient pu suffire à régler l'affaire mais lorsque vous saurez que cette jeune fille, fantôme sorti d'un passé lointain était en fait une prostituée et qu'elle va refaire surface au milieu d'une enquête sur un tueur en série, il serait surprenant que vous n'ayez pas la chair de poule. Comme d'habitude James Lee Burke ajoute à cela un conflit d’intérêt entre riches blancs et pauvres noirs qui va dégénérer à l'affrontement au milieu duquel Dave Robicheau donne du colt et du poing comme à l'accoutumée. Que les fans de l'auteur se rassurent, son encombrant ami Clete est lui aussi de la partie. Mais ce qui fait surtout le charme de ces polars super actifs c'est le lyrisme dont fait preuve James Lee Burke dans une forme de récit plutôt abonné aux bons jeux de mots et à l'argot de bazar. Ne ratant jamais une occasion de décrire avec un choix d'images frisant la poésie, une région sinistrée qui lui est chère même s'il lui fait des infidélités en vivant maintenant à temps partiel dans le Montana.

James Lee Burke - L'emblème du croisé - traduit par Patricia Christian - éditions Rivages/noir

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