7 décembre 2012

Avec La Promesse, les frères Dardenne confrontent des univers et des continents

Il y a des films qui ne passent pas souvent voire jamais à la télévision et qui devraient pourtant être programmés au moins une fois par an. Une forme de prosélytisme intellectuel destiné à favoriser la réflexion de ceux qui comme moi sont peut-être un peu trop souvent devant leur petit écran devenu grand et très plat tant par la forme que par le fond! Parmi ces longs métrages il y en a un sur lequel je viens de tomber par hasard en fouillant dans une pile de vieux DVD: La promesse de Jean-Pierre et Luc Dardenne réalisé en 1995. Le scénario sonne comme un polar mais derrière cette histoire prenante sur le thème de l'immigration clandestine et ses dommages collatéraux se dessine une réflexion sur les rapports père fils dans une société décalée où les valeurs fondamentales sont minimales. Famille, fric, délinquance rythment la vie du jeune Igor, à peine 16 ans, qui vit auprès d'un père adepte du travail clandestin comme source de revenu dans un environnement noir et gris décrit caméra à l'épaule sous la forme d'un reportage façon caméra cachée.
La banalité de ce quotidien sale et vulgaire décrit sans concession bascule après l'accident mortel d'un de ces clandestins qui font partie du cheptel de Roger, le père d'Igor joué par Olivier Gourmet, un homme simple à l'allure débonnaire qui choisit pourtant de laisser mourir l'ouvrier blessé avant de le plonger dans un trou rempli de béton. Tout cela sous l’œil complaisant de son fils qui va peu à peu prendre conscience de l'absurde horreur de cette situation désespérée. Découvrant que son père est prêt à sacrifier la femme du défunt qui se pose trop de questions sur sa disparition. La promesse, c'est celle qu'Igor a faite à l'ouvrier agonisant, s'engageant à s'occuper de sa femme et d'un bébé. Pour y parvenir il ne lui restera plus qu'à fuir son père en compagnie de cette jeune femme venue d'un autre continent, l'Afrique, et qui croit encore que l'on peut prédire l'avenir dans les entrailles d'un poulet ou soigner un bébé malade en le plongeant dans quelques bains de racines séchées destinés à chasser le mauvais esprit. Les frères Dardenne confrontent ainsi deux cultures et deux mondes, ceux d'un jeune Belge, délinquant ordinaire, interprété par Jérémie Renier et ceux d'une jeune noire naïve et apeurée jouée par Assita Ouedraogo. Un film d'autant plus noir qu'il est toujours d'actualité.

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