James Ellroy |
Fred Otash, c'est un clochard, un cochon et un "deep shit" - une sombre merde, un casse-couilles. Quand je l'ai rencontré, j'étais persuadé qu'il ferait un formidable personnage pour American Tabloid, dans le cadre des assassinats de J.F. Kennedy et Martin Luther King. Je lui ai fait signer un papier me promettant qu'il ne contredirait pas ce que j'allais écrire, et bien sûr je m'engageais à le payer. J'étais sûr qu'il allait m'entuber... Mais il est mort, et du coup j'ai pu utiliser sa vie gratuitement et librement.
Extorsion est un chant d'amour à l'idiome américain, un hommage à l'aspect subversif de la langue anglaise. Invectives, homophobie, racisme, argot homo, yiddish, patois hipster : j'aime tout cela. Je suis un homme religieux, rigoureux, moral, mais j'ai besoin de connaître cette putain de saleté. Il faut que je sache qui est clodo, qui est nympho, qui est lesbienne, qui a une petite bite ou un gros bazar, qui prend de l'héroïne, qui sniffe du crack ou de la coke... Il me faut tout cela, je vis pour cette merde tout comme je la condamne. C'est très américain, c'est très protestant, très Ellroy.
François Guérif et James Ellroy |
J'ai présenté François Guérif à Fred Otash en 1991. Nous avons déjeuné ensemble, et après le repas François m'a dit : "Bon, maintenant, il faut que j'aille prendre une douche." Fred Otash a une tête de gros bébé, vous le voyez sur la couverture du livre. Mais attention, vous, les femmes, si vous voyez un homme qui lui ressemble, tirez à vue.
Au printemps 2015, Rivages publiera mon prochain roman, Perfidia. Ce sera le premier volume de mon deuxième LA Quartet, qui reprendra les personnages du premier LA Quartet et de Underworld USA en les replaçant pendant la Deuxième Guerre mondiale. Ce roman se déroule sur 23 jours, entre le 6 décembre 1941, l'attaque de Pearl Harbour, et le 29 décembre. Il raconte l'histoire de la grande injustice qui a frappé les Japonais après Pearl Harbour, avec leur internement à Los Angeles.
Si chacun de vous ici présent achète 1000 exemplaires de Perfidia, je jure de vivre assez longtemps pour écrire un troisième et un quatrième Quartet, et de les dédier à mes lecteurs français bien-aimés.
Et James Ellroy terminera, en réponse à sa propre question "Pourquoi écrivez-vous?", par ces vers de Dylan Thomas, extraits de "In My Craft or Sullen Heart" :
In my craft or sullen art
Exercised in the still night
When only the moon rages
And the lovers lie abed
With all their griefs in their arms,
I labour by singing light
Not for ambition or bread
Or the strut and trade of charms
On the ivory stages
But for the common wages
Of their most secret heart.
James Ellroy, Extorsion, traduit de l'américain par Jean-Paul Gratias, Rivages / Thriller
Merci chère Velda pour ce partage. Un sacré bonhomme...
RépondreSupprimerbonjour, je découvre votre blog. Très intéressant, putain printemps 2015 pour Perfidia. Il sort à l'automne 2014 sur les marchés anglo-saxons, je crois que je vais l'acheter en Anglais....
RépondreSupprimerÇa se défend...
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