Depuis un moment, on savait que Robert Pépin, éditeur au Seuil depuis 20 ans (200 titres à son actif) et traducteur, avait rejoint Calmann Lévy pour y créer sa propre collection, "Robert Pépin présente..." Objectif : découvrir de jeunes talents, mais aussi publier les "grands vieux" célèbres (je cite), au rythme d'une quinzaine de titres par an.
" (...) Inscrire mes auteurs dans un catalogue où ils côtoieraient les plus grands noms de la littérature et de la pensée des XIXe et XXe siècle et, dans les domaines plus particuliers du thriller et du roman policier, ceux de Patricia Highsmith, P. D. James, Patricia Cornwell, Donna Leon, etc., ne pouvait que me réjouir", explique-t-il.
Robert Pépin a fait des études d'anglais, vécu aux Etats-Unis, et entrepris une carrière de traducteur. Littérature générale d'abord, puis romans noirs, polars et thrillers. "Le crime bouleverse la société, et y fait régner le désordre. Avec le roman policier, sauf exception, on retrouve l'ordre, d'une façon ou d'une autre. Le coupable, c'est nécessairement le méchant !". Il fait de belles rencontres, de celles qui marquent une vie et une carrière. A commencer par Michael Connelly, qu'il traduira et fera connaître en France avec le succès qu'on connaît.
Découvreur certes, mais aussi traducteur, il est très attaché à cette fonction essentielle, et tient à choisir lui-même ses traducteurs. Il sait de quoi il parle : il a traduit rien moins que Robert Graves, Saul Bellow, TC Boyle, Bernard Malamud... Un beau parcours en littérature et un savoir faire incomparable en matière de langue anglo-américaine. Il évoque l'époque pas si lointaine ou les traductions de romans policiers étaient quelque peu négligées. "En France, on n'aime pas les flics ! Alors est née une sorte de tradition de la traduction populiste et anti-flic. C'est allé jusqu'à modifier le sens de certains textes ! Aujourd'hui, les choses ont changé, heureusement. Notamment, on assume mieux le fait que les histoires ne se passent pas en France et on ne se sent plus obligé d'adapter tous les éléments à la situation française, notamment les procédures." Offrir aux auteurs de "littérature noire" la même qualité de traduction qu'à la "littérature blanche": voilà une des missions que s'assigne Robert Pépin depuis des années. Pour lui, l'innovation littéraire ne connaît pas de frontières de genre : les grands se rencontrent aussi bien chez les auteurs de romans noirs que parmi les écrivains estampillés "littérature".
C'est au Salon du Livre qu'il a réservé la primeur de l'annonce des premiers titres. Mais c'est au salon Quais du polar à Lyon qu'accompagné de ses premiers auteurs Michael Koryta, Craig Russell et Roger Smith, il en parle au grand public. Les premiers titres révèlent déjà une approche ouverte du genre, alliant diversité et qualité. Des USA à l'Ecosse en passant par l'Afrique du sud, la première salve de cinq titres est pour le moins prometteuse. Et pour 2012, Robert Pépin annonce déjà Michael Connelly, Lee Child et George Pelecanos, rien de moins...
La collection est habillée de couvertures noires particulièrement réussies, basées sur un principe de noir par opposition au traditionnel noir et jaune. .
Lawrence Block présente en exclusivité une nouvelle aventure de son célèbre privé Matt Scudder, Entre deux verres. A signaler: l'édition américaine ne sortira, elle, qu'un peu plus tard. Pour une fois, le public français a la primeur ! (traduction Etienne Menanteau)
Michael Koryta, que d'aucuns considèrent déjà comme un maître du thriller horrifique, signe La Rivière perdue (voir la bande annonce) (traduction Robert Pépin)
Craig Russell, l'ancien flic, quitte l'Allemagne où il a situé ses romans précédents et retourne à sa terre natale d'Ecosse. Il en profite pour nous présenter son nouveau héros, Lennox, mi-détective privé mi-mercenaire civil, qui donne aussi son titre au livre. Noirceur totale pour ce polar situé dans le Glasgow des années 50. (traduction Aurélie Tronchet)
Côté découvertes, Roger Smith, auteur d'Afrique du sud, signe un premier roman très documenté, violent et sans complaisance : Mélanges de sangs (traduction Mireille Vignol). Une adaptation cinématographique est d'ores et déjà à l'ordre du jour, avec Samuel L. Jackson en vedette.
Quant au Californien T. Jefferson Parker, avec Signé : Allison Murrieta, il nous offre l’histoire d’une femme bandit, entre Robin des bois et Bonnie Parker, sur fond de mafia (traduction Etienne Menanteau).
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