24 avril 2011

Matti Rönkä , un polar scandinave pas comme les autres

David Pujadas auteur de polars, vous imaginez ? Eh bien en Finlande, Matti Rönkä, c'est un peu l'équivalent. Journaliste donc, Matti Rönka publie des romans policiers depuis plusieurs années, il a même obtenu en 2007 le Key Glass Award, qui couronne le meilleur polar nordique. Frontière blanche est son premier titre à paraître en français.
Alors, encore du polar nordique ? Oui, indubitablement si l'on se fie à la géographie. Et pourtant, pas grand-chose de commun entre Rönkä et, par exemple, Mankell ou Edwardson. Car la Finlande, c'est un peu particulier... Un passé douloureux avec l'URSS, un présent où ce passé est encore fortement prégnant, et cela donne une atmosphère très spéciale, ni blanche, ni noire, mais grise. Voilà, grise... C'est la sensation qui ressort quand on a terminé ce livre. Grise parce que le héros est russe et qu'il s'est installé en Finlande tout en conservant avec ses anciens petits camarades du KGB des relations plus que troubles. Grise parce qu'il a beau avoir une officine de détective privé, ça ne l'empêche pas de cultiver des rapports franchement ambigus avec la pègre locale et trans-frontière. Bref, Viktor Kärppä est plutôt du côté des anti-héros...
L'intrigue de Frontière blanche est relativement simple, mais peut-être n'est-ce pas là l'essentiel. Pour résumer, Kärppä est chargé de retrouver la femme disparue d'un homme qui fait profession de libraire  spécialisé dans le livre ancien, mais dont la vie n'est pas si claire que ça. Pour couronner le tout, la femme en question n'est autre que la soeur d'un trafiquant estonien notoire. C'est dire que Kärppä s'engage là dans un beau guêpier... Ce mic-mac est le prétexte à de multiples rencontres plus ou moins rassurantes, et surtout à la peinture par l'auteur, dans un style sobre, d'un pays où rien n'est jamais sûr, où la frontière physique avec l'ex-URSS traverse une région encore peu développée, la Carélie, sorte d'enclave du passé enchâssée entre la modernité finlandaise et l'essor sauvage de la Russie, oubliée par le libéralisme économique. Contrairement à beaucoup de ses confrères du nord, Rönkä n'accorde à la nature qu'un rôle très secondaire. Les amateurs d'exotisme septentrional en seront donc pour leurs frais. En revanche, les lecteurs intrigués par la Finlande, ce pays dont on parle finalement peu et qui pourtant est un témoin unique et atypique de l'histoire contemporaine, liront avec intérêt ce roman de facture classique mais au ton très personnel.
Matti Rönkä - Frontière blanche - L'Archipel - Traduit du finnois par Johanna Kuningas

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