24 avril 2011

Tranche de vie : Laurent Boudin, directeur éditorial chez Pocket

Laurent Boudin, directeur éditorial chez Pocket, est SYMPATHIQUE. Carrure de rugbyman - normal, il aurait voulu embrasser la carrière - sourire communicatif et parole enthousiaste, c'est avec un plaisir évident qu'il a raconté aux habitués des soirées de la librairie Longtemps son parcours d'éditeur, ses coups de cœur, ses découvertes et son approche du métier. Pocket, c'est du livre au format de poche. "Les gens pensent toujours que je suis comme Alexandre le Bienheureux, que je me contente de regarder le top des ventes et d'acheter ce qui se vend le mieux... Ce serait trop facile, et trop triste !" En réalité, il exerce bel et bien le métier d'éditeur, celui qui se réussit à force de rencontres, de nuits blanches passées à lire un manuscrit qu'on ne peut pas quitter, d'accompagnement amical des auteurs. Et il lui arrive fréquemment de publier en Pocket un roman n'ayant pas rencontré le succès escompté "en grand format". Pas question de renier l'aspect commercial de la fonction : simplement, pour Laurent Boudin, ce n'est pas incompatible, bien au contraire.
Il raconte avec une émotion spontanée sa première rencontre avec Maxime Chattam : "Nous avions rendez-vous au bar d'un grand hôtel, je ne l'avais jamais vu, et vice versa. Mais j'avais lu son énorme manuscrit, que je tenais sous le bras, et je l'avais adoré. J'ai fait un premier tour, un deuxième, personne. Il y avait bien un jeune homme qui flânait là, mais il ne ressemblait pas à l'idée que je me faisais de l'auteur. A un moment, ce jeune homme s'est mis à fixer le manuscrit que j'avais sous le bras, et s'est avancé vers moi. C'était Maxime. Il avait l’air vraiment très jeune, et j'étais stupéfait qu'un garçon de cet âge ait pu écrire quelque chose d'aussi noir et d'aussi abouti. Maxime est devenu un auteur, certes, mais aussi un ami... Même chose avec Franck Thilliez, que j'ai publié en Pocket au tout début de sa carrière d'écrivain.
Quant à Olivier Adam, c'est histoire un peu mélancolique. Olivier avait publié un premier roman au Dilettante, qui n'avait pas été très repéré. J'étais déjà persuadé qu'il était un grand auteur, j'ai passé avec lui de nombreuses soirées. Et puis le succès de Je vais bien, ne t'en fais pas, son adaptation réussie au cinéma, lui ont permis de rencontrer un très large public. Malheureusement, les livres de L'Olivier qui sortent en poche sont systématiquement publiés chez Points (Seuil). J'ai donc perdu un auteur... mais pas mon ami, heureusement. Ça a été un crève-cœur pour moi, mais aussi pour lui, je crois.
Mais nous n'avions pas le choix."

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