24 avril 2011

RJ Ellory répond à vos questions... c'est là, maintenant

RJ Ellory est un homme de parole. Voici ses réponses à vos questions. N'oubliez pas que l'histoire continue vendredi prochain avec la suite de l'interview.
 
Questions de Pierre F.Ne pensez vous pas que la culture peut amener à l'intolérance ? Si on regarde les leaders de l'extrème droite, ce sont des gens très intelligents... Je pense qu'il est plus vraisemblable que le manque de culture et d'éducation est un facteur causal de l'intolérance. Généralement, la peur se fonde sur l'intolérance, et le dénominateur commun aux situations d'intolérance, de racisme et de bigoterie est à mon sens le manque de compréhension et le manque de connaissances sur ce qu'on ne tolère pas. Si la culture était la cause de l'intolérance, alors la seule solution serait pour la race humaine de retourner à un état de complète acculturation, ce qui me paraît une hypothèse bien peu réaliste. Je crois que manque de conscience et manque de culture sont plus susceptibles d'engendrer et d'encourager l'intolérance et le racisme que l'inverse.

A propos de Seul le silence, quels sont les romans qui vous ont influencé ?
Je crois que c'est De sang-froid, de Truman Capote. C'est le seul roman qui ait réellement influencé mon projet quand j'écrivais Seul le silence, et encore, c'était davantage lié à Capote en tant que personnage qu'au livre lui-même. Il a été élevé dans le "Deep South" puis il est venu à New York, tout comme Joseph. Certains disent que le style de mon roman fait penser à Steinbeck, mais de lui, je n'ai lu que Cannery Row, et il  me semble que le style n'a pas grand-chose à voir avec le mien. J'admire beaucoup la romancière Annie Proulx, et je pense que Noeuds et dénouements, ainsi que ses recueils de nouvelles, ont exercé une certaine influence sur mon travail au moment où j'écrivais Seul le silence. La poésie est aussi une source d'inspiration, en particulier des poètes tels que Robert Frost, Walt Whitman et William Carlos Williams.
A propos de Vendetta, les personnages sont-ils imaginaires ou connaissez-vous des gens proches en termes de comportement ou d'attitude ?
Hartmann et Perez sont issus tout droit de mon imagination, même si l'histoire est traversée par des personnages réels ayant existé dans l'histoire de la Mafia. Je n'ai pas d'expérience de première main en la matière, mes personnages sont purement imaginaires.

A propos des Anonymes, certains lecteurs ont comparé ce livre avec La griffe du chien de Don Winslow. L'avez vous lu ? A-t-il été une source de vos recherches ?
C'est fin 2008 que je suis tombé sur La Griffe du chien. Les Anonymes a été écrit début 2005. Depuis, j'ai lu La griffe du chien, que j'ai trouvé formidable, mais c'est un livre d'un style très différent du mien. Et non, il n'a pas été une source de documentation. Mes sources sont systématiquement documentaires, je n'utilise jamais de fiction quand il s'agit d'établir le contexte factuel et historique d'un roman.

Question d'Edmond G.
Comment expliquez-vous que Seul le silence soit classé parmi les romans policiers, puisque le criminel n'a pas de vrai mobile ?
En fait, le genre d'un roman est quelque chose de parfaitement subjectif. Je voulais écrire une bonne histoire sur un sujet qui m'intéressait. Mes romans sont des drames humains, pas des romans policiers en tant que tels. C'est en France qu'on a utilisé pour la première fois le terme de "thrillers au ralenti" pour qualifier mes livres, et je trouve cette expression merveilleuse. Cela ne m'intéresse pas vraiment de me glisser dans un modèle prédéterminé, dans une niche. Mes livres sont des histoires dramatiques et criminelles, d'une certaine façon, mais le crime y est moins important que les effets qu'il a sur les familles, les communautés ou les sociétés. Je pense d'ailleurs que Joseph lui-même propose une forme d'interprétation des motivations et de la démarche de l'assassin à la fin du livre, quand il se retrouve seul à attendre dans sa chambre d'hôtel. Mais ce sont les pensées de Joseph... Je ne suis pas psychologue, je ne prétends pas essayer d'expliquer la réalité d'un tueur en série. A mon avis, certains livres l'ont très bien fait, d'autres très mal. Je n'ai jamais voulu écrire un roman du point de vue de l'assassin. Ma volonté était d'écrire la biographie d'un jeune garçon tellement traumatisé par ce qu'il a subi dans son enfance qu'il consacre toute sa vie à la découverte de la vérité, malgré tous les obstacles. Mon intention n'était pas d'écrire un essai psychologique sur la raison qui pousse l'Homme à se montrer capable de telles actions.

Question de Catherine S.
Envisageriez-vous d'écrire un roman sans aucun acte criminel ?
Absolument. Ce qui m'intéresse le plus, ce sont les gens. J'aime l'intensité dramatique qui naît entre des personnes lorsqu'elles doivent survivre, vaincre des difficultés personnelles. Alors oui, il se peut qu'un jour j'écrive un roman sans crime, hormis un crime du coeur peut-être (une trahison, une tromperie, bref quelque chose qui engendrera une tension et une friction entre les personnages).

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