Il y a déjà quelques mois sur un autre blog entièrement consacré aux romans policiers, je vous faisais part de mon enthousiasme en lisant le premier roman de Tarquin Hall, L'homme qui exauce les vœux, qui associait bonne humeur, cocasserie et découverte d'un pays aux traditions multiples décrites avec moults détails croustillants. La parution récente en 10/18 du petit dernier au nom évocateur, Le chasseur de gourous, laissait présager un bon moment de lecture. Déception, ce nouvel opus fait tout de suite penser à un épisode du Club des cinq, version polar indien. On a l'impression de se balader dans un chromo rempli de clichés pour le moins éculés. Il ne manque à Vish Puri que le chien Dagobert pour que sa bande de détectives soit au complet... Quant à l'histoire, volontairement roulletabillesque, elle manque d'épaisseur et par la modestie de son intrigue empêche l'auteur de développer la personnalité des protagonistes. Je mettrai ma déception sur le compte du cinéma car entre temps nous avons eu droit au magnifique Slum dog millionnaire qui révélait la face cachée hyperréaliste d'un pays corrompu et déjà totalement désabusé. Il semble que Tarquin, lui, en soit resté à la petite historiette légère et désuète destinée à distraire un jeune public, ou des nostalgiques de la Bibliothèque verte. Souhaitons qu'un de ses proches lui offre le DVD du film de Danny Boyle pour qu'il se remette les idées en place pour son prochain livre qui, espérons-le, sera un peu plus au diapason de la tendance littéraire actuelle qui nous fait découvrir des pays et des cultures sans passer par la case exotique. Le meilleur exemple de réussite dans le genre étant évidemment Matt Rees et ses polars palestiniens qui décrivent sans concession l'univers dans lequel est plongé Omar Youssef, son détective enseignant et témoin de son temps. Tarquin Hall, lui, est à classer dans la catégorie des lectures distrayantes, un peu comme Alexander McCall Smith et sa joyeuse bande d'enquêtrices africaines. Mais ne nous y trompons pas, des textes légers peuvent ouvrir la voie à des lectures plus ambitieuses, comme par exemple lorsqu'on passe des enquêtes du Juge Ti à des polars sur la Chine contemporaine avec ceux de Qiu Xiaolong ou à une réflexion philosophique sur le rapport du policier chinois à sa ville avec Ripoux à Zhengzhou de Zhang Yu. A ce propos, il est regrettable qu'il soit de plus en plus difficile d'obtenir des conseils de lecture auprès de professionnels dans les grandes surfaces dites culturelles. C'est d'autant plus vrai lorsqu'on vit en province et que l'on a comme seul point de vente ce type de supermarché. Les Parisiens, comme probablement la plupart des habitants de grandes villes qui ont accès à de vraies librairies et à des rayons littérature policière dignes de ce nom, ne savent pas la chance qu'ils ont, chance que j'ai pu expérimenter chez Joseph Gibert, au coin de la rue des Ecoles, où là de vrais spécialistes du polar peuvent non seulement trouver la perle rare, mais aussi vous guider dans votre choix.
Tarquin Hall - Le chasseur de gourous - Traduction Anne-Marie Carrière - 10/18
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