15 août 2011

Ian Rankin, la totale, troisième partie


Causes mortelles (Mortal Causes - 1994), Editions du Rocher, 1999 - Folio policier - traduit de l'anglais par Michèle et Frédéric Witta

L'action du roman se situe en été 1993, juste avant l'attentat de Shankill Road perpétré par l'IRA, qui fit de nombreux morts à Belfast. Nous sommes à Edimbourg, en plein Festival théâtral. Mais quand on découvre dans un souterrain le corps d'un jeune homme torturé et assassiné selon les méthodes typiques de l'IRA, c'est pour de vrai. Bien sûr, c'est John Rebus qui s'y colle. Le roman commence à la première personne. Celui qui parle va mourir : c'est le jeune homme assassiné et il vit ses dernières minutes. Il va succomber au fameux "coup du pack de six" : la tête, les coudes, les genoux, les chevilles, signature de l'IRA. Mais pourquoi lui, pourquoi ici, à Edimbourg ? C'est à ces questions que va se trouver confronté Rebus, et le moins qu'on puisse dire, c'est qu'il va se donner du mal pour y répondre. Au passage, on en apprend un peu plus sur le passé de Rebus, ancien du Special Air Service. Il a passé quelque temps en Irlande quand il faisait son service militaire, et en garde des souvenirs douloureux et ambigus. Dans ce roman, Rebus passe beaucoup de temps dans les quartiers défavorisés d'Edimbourg et sa région, et nous brosse un portrait particulièrement noir de la société de l'époque...

Double détente (Bleeding Hearts, publié à l'origine sous le pseudonyme de Jack Harvey - 1994) traduit de l'anglais par Daniel Lemoine, Editions du Masque, 2003 - Livre de Poche

Pas de John Rebus dans ce roman, pour lequel Ian Rankin éprouve une tendresse particulière. Ce thriller haletant met en scène Mike West, tueur à gages qui vient d'exécuter une journaliste qui enquêtait sur une secte américaine. Mais quelque chose ne tourne pas rond. La police intervient vite, trop vite pour que ce soit le fruit du hasard. Qui en veut à Mike West, qui veut sa peau ? Double enquête dans ce livre : celle de Mike West qui cherche à savoir la vérité, et qui est lui-même poursuivi par toutes les polices du territoire anglais et d'ailleurs. Ramifications internationales, cavale meurtrière, ce roman est néanmoins animé d'un humour ravageur, et notamment de quelques saillies savoureuses sur les vieilles différences Angleterre / Etats-Unis.


Traques (Blood Hunt, publié à l'origine sous le pseudonyme de Jack Harvey - 1995) traduit de l'anglais par Daniel Lemoine, Editions du Masque, 2007 - Livre de Poche

Encore un nouveau personnage : Gordon Reeve, ancien SAS (tiens donc !) reconverti dans l'organisation de week-ends de survie en Ecosse. Pas de chance pour Gordon : son frère Jim, journaliste en Californie, vient d'être retrouvé mort. Suicide ? Gordon Reeve n'y croit pas beaucoup. Il n'hésite pas à s'embarquer pour les Etats-Unis, où il va découvrir que l'enquête a été un peu trop rondement menée. Il ne sait pas encore où il met les pieds ! Il rencontre un fantôme (normal pour un Ecossais) en la personne d'un ancien SAS qu'il croyait mort, et bientôt, s'aperçoit qu'il a à ses trousses des gens pas vraiment rassurants. Il sera obligé de faire face à un passé qu'il aurait sans doute préféré oublier. Un vrai thriller, avec un suspense béton, des accélérations haletantes, une belle réussite.

Ainsi saigne-t-il (Let it Bleed, 1995), traduit de l'anglais par Isabelle Maillet, Le Rocher - Folio policier 2003 

La fille du maire d'Edimbourg a été enlevée. C'est du moins ce que prétendent deux jeunes gens dans un coup de téléphone. La police se lance à leurs trousses. Il fait froid, il neige, la route est dangereuse, le pont sur la Fife une patinoire. A l'issue d'une folle course poursuite, les deux jeunes gens manquent précipiter leur voiture dans la Fife. Acculés, les deux jeunes sautent du haut du pont et s'écrasent sur une frégate de la Royal Navy. On le voit, ça part fort. Et ça continue. Dans ce livre, Rankin dit lui-même qu'il a voulu en dire plus sur le personnage de Rebus, sa vie, sa passion pour la musique. Il raconte aussi qu'il a laissé consciemment certaines "loose ends", des questions non entièrement résolues. A tel point que son éditeur américain, plus cartésien qu'un Français, lui a demandé de réécrire une fin qui lève toutes les ambiguïtés. Ce qu'il a fait... Inutile de dire que dans l'édition anglaise, cette fin "américaine" n'est pas conservée, heureusement. Il a aussi fait particulièrement fort sur les dialogues, dont certains mériteraient de figurer dans une anthologie.

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