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9 septembre 2011
L'enfant léopard, un crypto-polar joyeux
L'enfant léopard est au roman policier ce que Les cadavres ne portent pas de costard est au film policier. L'auteur s'emballe dans un méli mélo spatio-temporel, mélangeant les siècles et les lieux dans une grande loterie ubuesque. Un tour de force littéraire dans lequel il s'amuse à transporter dans un XVIIIe siècle en pleine Révolution des personnages tirés de célèbres polars. On y retrouve par exemple Ed Cercueil et Jonathan Fossoyeur, sortis tout droit d'un roman de Chester Himes, qui mènent l'enquête tambour battant pour retrouver un « enfant léopard » aux pouvoirs étranges et aux origines surprenantes. Ils sont accompagnés d'un Gavroche métis, la Marmotte, qui tient dans chaque main des figurines de Voltaire et Rousseau, d'un piqueur analphabète qui récolte les mots en les recopiant sur des feuilles de papier, et de toute une faune qui bien sûr arpente un certain Haarlem en plein Paris. Les fiacres sont de couleur jaune et leurs cochers hurlent à tout-va : « Yaîl! Ho! Kab! » pour dégager la route. Daniel Picouly s'est lancé dans un exercice de style en maniant humour et situations absurdes avec talent et une vivacité enjouée. La page 1 franchie, impossible de s'arrêter avant la page 347, et tant pis si Marie-Antoinette y perd la tête au passage. Mais Daniel Picouly ne se contente pas de faire de l'Alexandre Dumas, il cisèle ses phrases, recherche la formule qui surprend et, généralement, la trouve. Ce type de prose très « stylée » pourrait lasser. Il n'en est rien, bien au contraire : le lecteur reste suspendu aux lèvres de cet auteur qui fait preuve d'une réelle originalité. L'enfant léopard, paru en 1999, a obtenu le Prix Renaudot la même année et mérite que les amateurs de romans policiers, même les purs et durs, y jettent un œil, ne serait-ce que pour s'amuser à retrouver les situations et les personnages issus de leurs polars préférés. Les autres se régaleront avec cette sympathique cavalcade romanesque bien calée dans la main gauche, tandis que la droite verse un grand whisky que celle qui reste libre s'empressera de porter à la bouche!
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