28 septembre 2011

Yasmina Khadra, le quatuor algérien en poche

Peut-on passer à côté d'un succès littéraire? La réponse est oui malgré l'entêtement des médias et de la pub qui sont là pour nous rappeler à l'ordre. Heureusement, il y a des libraires généreux qui ne sont pas avares de conseils. C'est donc grâce à l'un d'eux que j'ai rattrapé il y a à peine 24 heure un impardonnable manquement: la lecture de Morituri de Yasmina Khadra. Je ne reviendrai pas sur la biographie de cet auteur qui s'est fait remarquer des critiques à la fin des années 90. Ancien militaire, écrivain algérien de polars puis de romans à succès qui ont fait la une de la presse spécialisée. En revanche je ne saurais que conseiller à ceux qui comme moi n'ont pas encore lu ce livre de se précipiter sur ce roman qui s'avale d'une traite, publié précédemment aux éditions Baleine puis chez Gallimard pour se retrouver sous la forme d'une "compil'" des enquêtes du commissaire Llob en Folio policier. Ils y trouveront un langage fort et imagé, une écriture enfiévrée entre San Antonio et Raymond Chandler. Ce texte à la première personne évoque le quotidien désabusé d'un « Commy » qui vit la peur au ventre, naviguant à vue dans un pays en proie au terrorisme aveugle et à la corruption à tous les niveaux. La mort y est partout présente et ne fait pas de quartier. Les voitures explosent, déchiquettent les corps des enfants pendant qu'une petite minorité vit cloitrée à l'abri des regards et des égorgeurs, amassant des sommes faramineuses, prix du sang. Yasmina Khadra utilise la forme du polar avec habileté pour évoquer les années noires de son pays en proie à la guerre civile et religieuse, plaçant dans la bouche de ses personnages une analyse lucide d'un monde à l'agonie. On ne peut rester indifférent à la lecture de cet auteur aux qualités littéraires indéniables qui fera office de révélateur pour ceux qui ne ne sont pas intéressés de plus près à l'histoire de ce pays cher à la France - pas toujours pour de bonnes raisons - et qui aujourd'hui encore se cherche un avenir meilleur.

Yasmina Khadra – Le quatuor algérien : La perte du mort, Morituri, Double blanc, L'automne des chimères – Folio Policier

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