4 octobre 2011

Del Pappas, un Marseillais à Tanger

Gilles del Pappas (ici à la librairie Terminus polar), Marseillais de père grec et de mère italienne, est l'auteur de la série des Constantin le Grec, dont le premier volume, Le baiser du congre, a paru en 1998 chez Jigal, comme ses 15 successeurs.  Dérogeant à mes bonnes vieilles habitudes, j'ai fait sa connaissance en lisant son dernier roman paru chez Après la lune, L'année de tous les Tanger. Il s'agit là de la 18e aventure de Constantin, un personnage qui ressemble comme deux gouttes d'eau à son auteur, quoiqu'il s'en défende. Même ascendance, même accent (du moins l'imagine-t-on ainsi), même goût pour la cuisine...
Dans le 17e volume, on retrouvait Constantin l'aventurier avec sa douce Anaïs, installé sur un bateau ancré près de Marseille. Là, Constantin est seul. Anaïs est morte, noyée dans l'Hudson, et son compagnon la voit encore au détour d'une rue, dans l'embrasure d'une porte... Bref, comme on dit dans les magazines de psycho à deux balles, il n'a pas fait son deuil. D'autant que la poste lui fait la sale farce de lui apporter une carte postale signée Anaïs, mais postée un an auparavant. Son amie Mireille, Parisienne qui s'est offert une maison à Tanger, lui propose un petit séjour au Maroc. Elle compte sur lui pour aider sa femme de ménage à retrouver sa fille disparue. Constantin n'a rien à perdre, personne à quitter, et les voilà partis. Il est à peine arrivé qu'après avoir recueilli un gamin dans la panade, il se retrouve obligé de voler au secours d'une jeune femme séquestrée à laquelle on réserve un mariage pour le moins non désiré. Del Pappas n'oublie pas de nous rappeler que le Maroc est loin d'être un modèle de démocratie... surtout envers les femmes. Le voilà donc flanqué d'une girelle et d'un niston, avec à ses trousses quelques personnages animés de violentes intentions. Pour un solitaire, ça fait beaucoup. Et l'aventure ne fait que commencer, sur terre et sur mer.

 Del Pappas est connu comme le chantre de Marseille. Ici, l'action se passe principalement ailleurs, mais la langue de l'auteur se charge de nous évoquer à chaque instant la cité phocéenne, comme disent les journalistes qui ne veulent pas se répéter. Del Pappas a un style bien à lui, et pas seulement à cause de son vocabulaire marseillais. D'ailleurs, il a une intention bienveillante et pédagogique envers son lecteur, puisqu'il lui propose en fin d'ouvrage un petit lexique bien utile, et même quelques recettes de cuisine ! Son écriture oscille entre spontanéité, candeur et lyrisme d'une façon plutôt originale. Au début, on est un peu surpris, puis le charme opère et bientôt, on cède aux sortilèges des odeurs de soleil, de terre chaude et d'herbes parfumées. Constantin est un sensuel, un amoureux de tous les sens, et cela va du goût pour les femmes à celui pour la cuisine et la mer. C'est aussi, mine de rien, un romantique... On se laisse porter par la prose jusqu'au moment où l'histoire s'emballe et où on réalise qu'on est bel et bien dans un polar...
Gilles del Pappas, L'année de tous les Tanger, Après la lune

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