6 novembre 2011

Avec "Morsaline", Hervé Sard se paie la bonne société

Non, Morsaline n'est pas le nom d'une magicienne - du genre Mélusine. Avec Hervé Sard, on n'est pas dans un conte de fées. Morsaline, c'est le surnom d'un lieu situé quelque part sur la côte atlantique, un lieu où il s'en passe de belles. Plus précisément, d'un établissement qui soigne de riches patients atteints d'affections mentales plus ou moins prononcées. Deux meurtres en quelques jours, c'est beaucoup pour un seul lieu... Alors bien sûr, la police s'interroge avec plus ou moins de vigueur sur ce qui se trame dans cet étrange endroit. Car les pensionnaires trucidés ne sont pas les premiers venus. Au nombre des victimes, un fils de notable dont on sent bien que la bonne société préférerait qu'on ne parle pas trop.
C'est sans compter avec l'entêtement et l'énergie du commissaire Czerny, sorte de misanthrope aux méthodes bien particulières, et de son équipe, en particulier Mazurelli et sa coupe de rocker et le lieutenant Carol Joly, une nana sportive et fonceuse. Hervé Sard joue la carte du récit à plusieurs voix. Parallèlement à la progression de l'enquête, on suit le journal de bord laconique d'un inconnu inquiétant, qui visiblement en sait beaucoup sur cette affaire... Il joue aussi, et plutôt bien, la carte des personnages remarquables, avec un Czerny qui réfléchit un peu comme le ferait un Rouletabille ou un Sherlock Holmes, avec un outil mental bien à lui : son "cube" de raisonnement. Hervé Sard aurait été cinéaste qu'on l'aurait dit né sous le double signe du Chabrol et du Audiard. Chabrol pour sa vision sévère et grinçante de la bourgeoisie de province, Audiard pour sa faconde, ses dialogues et ses descriptions aux petits oignons. Les 328 pages de Morsaline se boivent avec bonheur, et sans gueule de bois !
Hervé Sard, Morsaline, Krakoen éditeur

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