12 avril 2012

Dan Fante, auteur français ?

Dan Fante présentait ce soir à la librairie "Au monte en l'air" (71 rue de Ménilmontant Paris 20°) son dernier livre sorti chez Treizième Note, Dommages collatéraux - L'héritage de John Fante. Quatre générations de Fante défilent sous nos yeux sous la plume acide mais généreuse de Dan Fante, qui se proclame volontiers "écrivain français". C'est en effet un éditeur français , Christian Bourgois, qui a publié son premier roman. Et c'est un autre éditeur français, Treizième Note, qui republie son œuvre depuis 2009. "Je n'écris pas des histoires sophistiquées pour intellos, ni des récits recyclables en séries télé; je parle de moi. Ce qui me pousse à écrire, ce n'est pas l'envie de changer le lecteur, mais plutôt de lui faire savoir qu'il peut changer. J'écris sur la vie, sur la mort, sur l'amour et toutes les façons de le gâcher - et d'en réchapper. J'écris sur la folie et la mort. J'écris pour la survie de mon coeur." Telle est la profession de foi de Dan Fante.
Dans ces mémoires très personnelles, vous retrouverez au fil des pages Bukowski, Zanuck, John et Joyce Fante bien sûr, mais aussi Faulkner, Hollywood, New York, l'alcool, des inconnus magnifiques ou tragiques, une vraie vie de roman et une écriture unique, qui vibre et qui touche au cœur. Pendant que vous y êtes, procurez-vous donc le premier livre publié par Treizième Note, et qui n'est autre que le recueil de nouvelles de Dan Fante, Régime sec, tout un programme...


Après la séance de dédicaces, Dan Fante a lu un extrait de son nouveau livre et des poèmes.Vu l'affluence, il a dû entraîner ses lecteurs jusque dans le garage à côté de la librairie ! La lecture s'est donc effectuée dans un décor particulièrement intéressant, au milieu des effluves d'huile et de cambouis... Il a aussi répondu à quelques questions et, particulièrement en verve, donné libre cours à son talent de conteur.

Alex Rossi, Sandrine Belehradek, directrice éditoriale de 13e Note éditions, avec Dan Fante


"Trois auteurs ont vraiment compté dans ma vie. Charles Bukowski, plus pour sa poésie que pour ses romans, un certain John Fante, avec lequel j'ai entretenu une relation très particulière. Et puis Hubert Selby. Je l'ai harcelé, suivi, sollicitant son attention pour qu'il lise mes premiers textes. A force de persévérance, j'ai obtenu qu'il lise mon premier roman. Quelques semaines après que je lui aie confié, j'ai trouvé sur mon répondeur un message de Selby, me disant combien il l'avait aimé. J'ai écouté ce message au moins mille fois, et il m'a vraiment aidé à persévérer. Si vous aimez Rimbaud ou Dostoïevski, vous ne rencontrerez jamais votre idole.  Moi, avec Selby, j'ai eu cette chance."

"J'ai essayé d'arrêter de boire je ne sais combien de fois avant d'y parvenir. Un week-end, je décide de m'enfermer dans un motel où j'avais l'habitude d'aller avec un copain et quelques filles pour picoler, quand j'étais étudiant, vingt ans auparavant. J'étais dans un sale état, j'ai fait une crise de delirium tremens. J'avais des hallucinations, j'entendais des sons étranges en provenance d'une bouche d'aération. J'ai pris mon couteau et j'ai dévissé la plaque. Et à l'intérieur de la bouche, j'ai trouvé de l'héroïne, de l'argent, des tickets de baseball, et plusieurs permis de conduire, qui portaient chacun la photo de mon vieux copain à différentes époques de sa vie. Je me suis enfui en courant. Quelques jours plus tard, j'ai décidé d'appeler l'oncle de mon copain. Qui m'a révélé que mon ami s'était suicidé dans ce motel quelques semaines auparavant..."

Et pour finir, un "scoop" : le prochain roman de Dan Fante à paraître aux Etats-Unis sera... un polar. Rien d'étonnant puisque Dan Fante a été, dans une de ses vies, détective à New York.

Une rencontre émouvante, une littérature à fleur de peau, une biographie incroyable, autant de raisons de découvrir Dan Fante, vite !


Dan Fante chez Treizième Note éditions :
Régime sec, traduit par Léon Mercadet
Dommages collatéraux, traduit par Annie-France Mistral
Bons baisers de la grosse barmaid, poèmes, traduit par Patrice Carrer
De l’alcool dur et du génie, poèmes, traduit par Léon Mercadet
Limousines blanches et blondes platine, roman, traduit par Philippe Aronson
Rien dans les poches, roman, traduit par Léon Mercadet

1 commentaire:

  1. Merci pour cette belle chronique. Rencontrer Dan est toujours un moment fort. C'est un sacré bonhomme qui écrit avec ses tripes pour notre plus grand plaisir.
    J'ai été aussi ravie de te rencontrer !

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