Paul Haggis avait déjà à son actif Collision lorsqu'il réalisa ce polar antimilitariste. En soi le film n'a rien de plus que la plupart des productions balourdes et patriotiques à souhait qui pointent du doigt les bidasses en folie à leur retour d'Irak, mais il vaut la peine d'être vu essentiellement pour le non-jeu de Tommy Lee Jones et le charme discret de Charlize Theron, l'actrice qui interprète l'inspectrice qui lui donne un sérieux coup de main dans cette enquête sur la mort d'un Gi à peine quelques jours après son retour d'un pays en guerre.
L'enfer cinématographique est pavé de bonnes intentions à en croire ce film qui n'arrive pourtant pas à décoller mais se laisse voire sans déplaisir les soirs de pluie avec une mise en scène et un découpage tout ce qu'il y a de plus classique. Le sujet se veut profond puisqu'il évoque la descente aux enfers des jeunes américains confrontés à la guerre et leur retour dans un pays qui n'a rien prévu pour les remettre en scelle. Malheureusement nos amis d'outre Atlantique ont bien du mal à traiter avec finesse cette thématique même si la plupart des grands cinéastes se sont penchés sur la question depuis la triste affaire du Vietnam. De son côté Tommy Lee Jones traverse le film avec une économie d'expression et de jeu qui frise l'absence d'autant que la prise de vue en gros plan sur son visage raviné, le regard fixe, donne une forme de profondeur au personnage. Certes il ne doit pas être facile de jouer un père meurtri qui mène l'enquête sur la disparition de son rejeton découpé en rondelle et cuit à la broche avant d'être jeté en pâture aux vils coyotes (si...si !). Comme dans collision, Pau Haggis ne peut s’empêcher d'inverser le processus de perception moral du spectateur, le gentil se révélera le méchant et lycée de Versaille ! Mais qu'importe si on aime les films avec les bon vieux Pickup et la coupe au bol des gamins à la mâchoire carrée et au sourire forcé.
Fred
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