12 novembre 2012

Agatha Christie: l'art du dialogue sans fioriture

Un Agatha Christie cela se lit comme on reprend son souffle après une course folle ou une longue randonnée épuisante. D'ailleurs tout amateur de polars digne de ce nom se doit d'avoir un petit coin dans sa bibliothèque avec une dizaine de "whodunits" pour ces moment- là. Hier dimanche, c'est un Hercule Poirot qui s'est chargé de remettre les pendules à l'heure.
Petit livre par la taille, dans une collection poche un peu défraîchie car acheté en carton comportant une vingtaine de bouquins du même type sur une brocante, Poirot joue le jeu se lit d'un coup. Quelques heures dans une après-midi grisonnante, à peine le temps d'un trajet en TGV et vous voilà ressourcé. Pourtant on connait la plupart de ces histoires pratiquement par coeur à force de les avoir vues au ciné ou à la télé. Alors profitant de cet interlude ludique et reposant, on peut regarder d'un peu plus près le style ou essayer de comprendre comment fonctionne ce type d'intrigue... et là le mystère se révèle. Cette fois c'est la façon de rédiger les interrogatoires qui s'est imposée. Combien d'auteurs se lancent dans de laborieux dialogues ponctués d'explications alambiquées et souvent inutiles pour bien faire rentrer dans le crâne du lecteur l'état d'esprit des protagonistes. Dans Agatha Christie rien de tout cela, on peut rencontrer deux ou trois pages sur le mode question-réponse comme dans une pièce de théâtre, sans fioriture, ni artifice. Aucun "dit l'inspecteur l'air maussade" ou "ajouta le détective en se grattant le front" qui alourdissent le texte et font perdre le fil. Juste la petite musique des mots qui suffit à nous faire pénétrer dans la peau des personnages lorsque le talent est au rendez-vous. Simenon lui aussi est passé maître dans ce type de confrontations verbales à fleur de peau qui exacerbent le plaisir de lire. La prochaine fois que vous ouvrirez un bon vieux polar du temps où la télé n’existait pas encore, prenez le temps de déguster ces pages de dialogues en y mettant le ton et vous comprendrez de quoi il est question.
Fred

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