20 novembre 2012

Lorsque l'inspecteur Navarro prend la plume, Ubu sort de l'ombre !

En toute franchise, je ne savais même pas que Roger Hanin était aussi un romancier. Ses prestations d'acteurs dans divers séries et films noirs me donnaient surtout l'impression d'un personnage jouant dans la cour d'un manichéisme caricatural, comme on aime bien à nous le rabâcher à la télé en particulier. C'est donc sans grande conviction que j'ai tout de même mis dans mon cabas L’hôtel de la vieille lune qu'il a écrit en 1998. Un euro quatre vingt dix dans un rayon bouquins d'occasion d'un dépôt-vente, ce n'est pas ruineux. Le livre a traîné pendant un an ou deux d'étagère en étagère attendant une occasion propice ou un vide littéraire flagrant pour prendre le chemin de ma table de nuit car, sans une demie heure de lecture chaque soir, point de sommeil réparateur. C'est donc dimanche dernier que je suis retombé dessus par hasard et que j'ai ouvert ce polar surréaliste et humoristique, car c'est bien de cela qu'il s'agit. Hanin est un grand imaginatif qui lorgne volontiers du côté de Woody Allen pour l'humour et d'Alfred Jarry pour les situations absurdes. Ses personnages extravagants naviguent à vue dans un hôtel très bizarre où les animaux, un chat et une tortue, parlent et même aboient de temps à autre. Les occupants des lieux n'ont rien à envier à la faune animalière car eux non plus ne manquent ni de mystère ni d’ambiguïté. L'histoire totalement déjantée se veut tout de même policière puisqu'il est question dès les premières pages du meurtre d'un locataire chinois mais elle sert en réalité de prétexte à des délires textuels, même si à la longue cette volonté de tout rendre surréaliste finit par lasser. La construction du roman sous la forme de mini sous-chapitres de 5 à 15 lignes pourra aussi surprendre le lecteur habitué à une forme plus classique. On a un peu l'impression de se plonger dans un exercice de style qui ne manquera pas d’intéresser les apprentis écrivains en quête d'originalité. Après vérification, ce livre est très facile à trouver sur internet aussi je vous engage à jeter un oeil sur cet Hôtel de la vieille lune situé juste en face d'un coiffeur chez qui Dieu vient boire un verre de cidre tous les mercredis. Qu'on se le dise !
Fred
Roger Hanin - L’hôtel de la vieille lune - Grasset 1998

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