17 novembre 2012

Bande dessinée : Blake et Mortimer aux prises avec le Serment des cinq lords

Un nouveau Blake et Mortimer, ça ne se boude pas! J'ai toujours savouré les aventures de ces deux personnages créés par Edgar P. Jacobs en 1946, juste après la guerre. Edgar P. Jacobs est mort en 1989, et depuis plusieurs scénaristes et dessinateurs se sont succédés pour donner une suite aux albums d'origine (voir notre article). Avec Le serment des cinq lords, Yves Sente et André Juillard reprennent leur bâton de pèlerin pour livrer une aventure en un seul volume, qui nous en dit un peu plus sur la jeunesse du capitaine Francis Blake et s'empare du mythique personnage de Lawrence d'Arabie, dont ils réinterprètent allègrement l'accident de moto qui lui coûta la vie en 1935.

L'histoire se passe en 1954 et est située exclusivement en Angleterre, plus particulièrement à Oxford. L'ami Mortimer se trouve dans la ville universitaire, où il est invité pour une conférence. De son côté, le capitaine Blake, grand patron du MI5, se rend aux obsèques d'un de ses vieux amis, près de Bournemouth. A Oxford, c'est l'effervescense : le vénérable Ashmolean Museum a fait l'objet d'un étrange cambriolage, au cours duquel le cambrioleur a emporté un violon ancien, d'une valeur très modeste. Ce qui ne manque pas de susciter la curiosité de Mortimer. L'affaire se complique avec un second vol du même acabit, puis l'assassinat de Lord Toddle dans son manoir d'Aylesbury... Une série d'événements qui éveille chez le capitaine Blake, appelé à la rescousse par son inséparable ami, une inquiétude que d'aucuns jugeront excessive... C'est dans la jeunesse de Blake qu'il faudra trouver le lien entre ces événements, à la recherche d'un secret bien enfoui et partagé par cinq lords, ceux du titre.

Nos amis belges ont eu la primeur de cette nouvelle aventure, publiée sous la forme de "strips" noir et blanc depuis avril 2012 dans Le Soir. L'album vient de sortir en France, et s'annonce déjà comme un best-seller, comme toutes les aventures de Blake et Mortimer. L'amateur y trouve-t-il son compte? C'est de toute façon la question qu'on se pose à chaque publication posthume d'un volume de la série. On notera dans celui-ci l'absence assumée du gros méchant Olrik, qu'on pourra regretter, ou non ! Le scénario est vraiment digne d'un polar à l'ancienne, avec faux semblants, secrets surgis du passé, révélations sur la grande histoire. Action soutenue, profondeur de champ sur la biographie de Blake, cet album ne manque pas d'atouts même si pour ma part j'ai regretté que les auteurs n'aient pas davantage tiré parti de l'architecture d'Oxford et de sa topographie si particulière, formidablement propices aux mystères et autres guet-apens. Le dessin est fidèle à lui-même, ligne claire en avant, brandie tel un étendard: Sente et Juillard sont certainement, parmi les héritiers d'Edgar P. Jacobs, ceux qui savent le mieux à la fois préserver l'esprit d'origine et offrir aux deux héros des intrigues bien ficelées - même si cette fois, le lecteur attentif saura lire entre les cases et se faire une idée du coupable avant le dénouement. Après tout, ça fait partie du jeu !

Yves Sente et André Juillard - Le serment des cinq lords - éditions Blake et Mortimer

1 commentaire:

  1. Le dernier Blake et Mortimer prouve une fois de plus s'il en est besoin que ce n'est pas toujours une bonne idée de continuer une saga à tout prix. Dès les premières pages on ne peut s'empécher de remarquer que plus les cases deviennent grandes plus le scénario devient petit, digne d'une historette pour les gamins de la comtesse de Ségur. Par curiosité, jetez un oeil sur un Edgar P. Jacob réalisé du temps du maître. Une époque où les jeunes de 7 à 77 ans dégustaient leur hebdo de BD avec gourmandise. Dessins et textes, entre aventure et fantastique mêlant science et fiction, se partageaient des pages très denses avec parfois même une plus grande place pour la parole. On se souviendra avec nostalgie des grandes tirades qui prenaient la quasu totalité d'une case avec juste une petite tête dessinée tout en bas pour indiquer qui était le narrateur. Plus rececemment, les derniers épisodes furent confiés au fameux Jean Van Hamme, Ludlum de la BD, qui marie aventure et suspens avec un savoir faire à l'origine des plus grands succès du genre. Alors pourquoi n'avoir pas continué avec lui car franchement le scénariste qui est l'auteur du Serment des cinq lords semble tout droit sortie d'une vieille armoire poussiéreuse fermée à double tour à la fin des années 60 et rouverte par mégarde aujourd'hui. Rendons grâce au dessinateur qui heureusement réussit à conserver l'esprit et le style. Mais par pitié, s'il doit y avoir un prochain épisode, faites passer un casting pour le scénariste et choisissez quelqu'un d'un peu plus mordant car il ne suffit pas de glisser Laurence d'Arabie dans une BD pour cela fonctionne. Regardez par exemple le nouvel Alix qui bien que l'on ait perdu le charme de la ligne claire n'en reste pas moins original grâce au talent des auteurs qui ont tenu à proposer un nouvel angle à une de ces bonnes vieilles BD qui ont peuplé avec bonheur notre enfance et dont le souvenir reste très présent.

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