14 novembre 2012

Sweet Sixteen de Ken Loach, déjà 10 ans et toujours no future !

Les infos qui ne parlent que de délinquance et de crise économique m'ont donné envie de revoir Sweet Sixteen de Ken Loach. Nous sommes en 2002, le cinéaste décrit le quotidien sordide et sans espoir de jeunes loubars écossais qui passent successivement de la vente de clops dans les bars au deal de drogues au coin des rues pour finir dans la grande délinquance et le crime. Le personnage principal, un gamin à peine sorti de l'enfance, n'a pas encore fêté son seizième anniversaire. Liam est un idéaliste même si son environnement est totalement décalé et sordide.
Une mère toxicomane en prison qui va sortir dans quelques semaines, un beau-père et un grand-père extrêmement violents qui n'hésitent pas à le rouer de coups lorsqu'il refuse de participer à leurs petits trafics, des amis déjantés à qui il manque visiblement une case. Pourtant Liam rêve d'une famille unie, d'une mère présente et aimante, d'amis sans histoire, d'un week-end familial dans une caravane au bord de l'eau. En quelques mois il va goûter à tout cela avec en toile de fond la vie âpre et malsaine des délinquants. L'argent sale rentrera à flots grâce à une combine mêlant habilement distribution de drogue et livraison de pizzas lui donnant l'illusion de la réussite. Il va troquer ses fringues miteuses contre un joli costume gris avec cravate assortie, découvrir le confort d'un chouette appartement dans un bel immeuble, mais l'amour maternel convoité jusqu'à la folie restera absent et finira par causer sa chute. Ken Loach filme les longues attentes sur les marches délabrées ou devant la télé, les errances à pied ou dans une voiture volée dans une ville sinistrée, les rencontres insolites, la misère et la violence latente. On suit les pas de Liam qui s'imagine dominer son environnement mais qui est en réalité une victime désignée et soumise car dès les premières minutes, à la manière d'une tragédie classique, il marche fièrement vers son destin inéluctable. L'usage d'argot cru dans les dialogues a provoqué le courroux de la censure et le film a même été interdit aux moins de 18 ans dans plusieurs pays anglo-saxons et en Espagne. Heureusement la France n'est pas tombée dans ce piège. Au fait saviez-vous que Sweet Little Sixteen est aussi une chanson écrite et composée par Chuck Berry, sortie en single en janvier 1958.
Fred

Martin Compston : Liam
William Ruane : Pinball
Annmarie Fulton : Chantelle
Michelle Abercromby : Suzanne
Michelle Coulter : Jean
Gary McCormack : Stan

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