30 octobre 2013

Romain Slocombe à la librairie Le Monte en l'air : crimes et délices

Hier soir, à la librairie Le Monte en l'air de la rue de Ménilmontant, Romain Slocombe signait son nouveau roman Première station avant l'abattoir, ainsi que l'album Guérir, une étonnante production au format 30 x 40 publiée par les éditions Timeless, album réunissant peintures, photographies et collages inédits, en hommage aux magazines populaires des années 1950/1960.
Il répondait également aux questions de Hervé Delouche, le président de 813. Romain Slocombe commence sa carrière de dessinateur graphiste photographe au début des années 80 avec le groupe avant-gardiste Bazooka et la revue Métal Hurlant, une référence pour tous les amateurs de BD, de science fiction, bref, de "mauvais genres". En 1978, il publie un premier album, Prisonnière de l'armée rouge, qui a droit à la triple interdiction : à la vente aux mineurs, à l'affichage et à la publicité. Comme Burroughs... La commission de censure n'ayant que peu goûté les aspects pervers de cet album qui racontait l'histoire d'une jeune femme enlevée par l'armée rouge japonaise, tortures et érotisme à l'appui. L'album se retrouva soldé... en Afrique du nord.


Quant à Guérir, il s'agit d'un projet basé sur une authentique publication pompeusement sous-titrée Revue internationale des connaissances médicales, qui traitait sur le mode sensationnaliste de véritables problèmes de santé comme le diabète, mais consacrait régulièrement une de ses pages à des problèmes sexuels parfois saugrenus. Le projet est né d'une rencontre avec l'éditeur toulousain Timeless, il réunit des peintures inédites, des textes et des photographies de modèles. Et les titres prennent un petit côté surréaliste, comme ce "Sophie s'enfuit nue dans la nuit" qui fait rêver...


Romain Slocombe évoque ensuite la genèse de Première station avant l'abattoir, dont l'idée est née de la découverte par l'auteur des mémoires de son grand-père George Slocombe, qui a inspiré le personnage de Ralph Exeter, personnage caractéristique des années 20 à Montparnasse, homme à femmes impénitent. Grand buveur, grand cavaleur, Ralph Exeter est un bon journaliste. Aussi n'a-t-il pas besoin de corrompre les fonctionnaires français pour obtenir ses informations. Il les invente, tout simplement, et garde pour lui l'argent destiné à ses informateurs... Comme il a du talent, ses inventions tiennent largement la route. Quant à la conférence de Gênes, elle a sans doute ressemblé de très près à ce qui est raconté dans le roman. Roman à multiples ressorts, ambiance très noire sous des apparences futiles liées au décor de la Riviera, le livre fait appel à la fois aux rebondissements classiques du roman d'espionnage à la Graham Greene ou à la Eric Ambler, et aux événements politiques authentiques de l'époque. Romain Slocombe remporte haut la main son auto-challenge : écrire un livre de divertissement, rendre hommage à des auteurs admirés, et restituer un moment clé du XXe siècle (voir la chronique ici).


Un petit conseil en prime : si vous aimez la photo, le dessin, le graphisme, la peinture... et les livres, vous ferez  forcément de la librairie le Monte en l'air (71 rue de Ménilmontant) un de vos quartiers généraux.

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