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2 novembre 2013
"Investigations", de Sebastian Cordero, un film très noir sur le pouvoir des médias
En 2004, le réalisateur équatorien Sebastian Cordero sort un long métrage passé largement inaperçu, Investigations. Le premier rôle est tenu par John Leguizamo, acteur colombien qui a tourné avec Brian de Palma, Baz Luhrmann et Spike Lee, entre autres. Ce film étonnant, très violent et très noir, met en scène une équipe de télé américaine, celle d'un show populaire intitulé "Une heure avec la vérité", qui présente des reportages chocs et des "scoops" spectaculaires. L'équipe est en Equateur, où sévit un tueur d'enfants redoutable, baptisé "Le monstre de Babahoyo", et assiste par hasard à un accident au cours duquel un enfant meurt dans un accident de la route. Les villageois, qui ont perdu plusieurs enfants victimes du monstre et désespèrent de le voir arrêté, catalysent leur désir de vengeance sur le chauffeur de la voiture impliquée dans l'accident. Le lynchage semble inévitable... jusqu'à l'intervention de Manolo Bonilla, la vedette du show télé, qui sauve la vie du malheureux conducteur, Vinicio Cepeda. Mais cet homme étrange n'est-il qu'une malheureuse victime ? Telle est la question qui va obséder l'équipe de tournage, tiraillée entre sa volonté de faire du spectacle et un sens moral pas encore tout à fait éteint. Le film montre la pauvreté dans laquelle vivent les villageois équatorien, leur impuissance face aux meurtres abominables commis par le "monstre", le manque d'énergie de la police locale. Le réalisateur prend le parti du réalisme le plus direct, avec des scènes de violence difficilement soutenables. Il choisit des couleurs sombres, à l'image de son sujet, et refuse catégoriquement de céder à la tentation du folklore coloré et du soleil de l'Amérique du sud. Le dilemme qui accable l'équipe de tournage, provoquant des conflits entre Manolo et son équipe, est particulièrement bien rendu, et la manipulation de l'information-spectacle est traitée de façon d'autant plus réaliste que le film est inspiré par des faits réels. Le rythme, soutenu, conduit inéluctablement à une fin d'autant plus dure qu'elle n'est pas explicite, et qu'elle laisse le spectateur tirer ses propres conclusions. Un film âpre, très pessimiste et réalisé avec conscience et passion, à ne pas rater si vous tombez sur le DVD ou sur une hypothétique diffusion sur une chaîne du câble ou du satellite.
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