Dominique Forma a vécu 15 ans aux Etats-Unis, et ça ne trompe pas. Hollywood Zero est une pure fiction, avec plein de réalité dedans, qui s'invite sans crier gare et sans ostentation dans ce roman très réussi, tout en lumière solaire et en ombres de roman noir. Sachez-le : Dominique Forma est le seul réalisateur français à avoir fait tourner Jeff Bridges, dans son film La Loi des armes (2001, disponible en DVD). Ça vous pose un homme. Tout comme le fait de mettre en exergue de son roman un couplet extrait de Kill City, du fabuleux et mésestimé album éponyme d'Iggy Pop. Classe.
Dominique, parisien, est cambrioleur. Un cambrioleur tranquille, qui déteste la violence. Mais dans ces métiers-là, vous savez ce que c'est, on a vite fait de tomber sur un os. C'est exactement ce qui arrive à Dominique : il se retrouve à devoir 20 000 euros à deux types particulièrement chatouilleux, Nordin et Antoine. Pas de chance.
Il ne reste qu'une chose à faire: partir, vite. Où? A Los Angeles par exemple : justement, Dominique vient de renouer avec son vieux copain Christian, alias Kenny, parti faire fortune dans le cinéma, et qui l'a assuré qu'il n'avait qu'à débarquer quand ça lui chantait. Justement, ça lui chante. Voilà donc Dominique le Frenchie parti au pays des rêves. Dominique ne se fait pas d'illusions : il sait que Kenny n'est pas celui qui fera de lui une star du cinéma, puisque son vrai métier, c'est escroc. Une escroquerie presqu'institutionnelle à Hollywood, qui consiste à faire financer par un brave pigeon la préparation d'un film qui, c'est sûr, fera un carton. Sauf que bien sûr, le film ne se fait jamais. Eh oui, c'est la règle du jeu... En revanche, le financement, lui, file très vite tout droit dans la poche de Kenny. Dominique est le bienvenu : il va jouer le rôle du réalisateur talentueux. Kenny le loge chez sa belle amie Rachel, jolie rousse très sexy et très copine avec l'alcool. Et bien sûr, les choses ne vont pas se passer comme elles auraient dû...
Dominique Forma écrit bien. Il décrit bien, il raconte bien, ses dialogues coulent tout seuls. Dès les premières pages, on a envie de savoir ce qui va arriver à son double fictif. Dominique (le personnage) parle de son activité professionnelle comme le ferait, je ne sais pas moi, un ingénieur ou un technicien. Des impondérables, des erreurs à ne pas faire, des techniques à maîtriser. Et surtout, pas de violence, jamais, pas de risques non plus. "Voleur prudent, j'appliquais à mon travail les techniques découvertes en fréquentant un journaliste honnête de Radio France. Chaque information devait être recoupée, confirmée par une autre avant d'être utilisable." Voilà qui nous change des têtes brûlées prêtes à tout pour trois sous... Ce personnage d'une extrême sagesse va glisser, au fil des pages, dans une situation qui est exactement le contraire de sa déontologie. Comment va-t-il se sortir de ce traquenard ? Comment va-t-il survivre au déchaînement de violence et de menaces qui l'attend outre-Atlantique ? Lisez, lisez...
Sachez aussi que M. Forma en profite pour nous parler du cinéma, ou plutôt des milieux du cinéma, qu'il connaît bien, et de Hollywood, qu'il a beaucoup fréquenté. Et le portrait qu'il nous en fait, tout en esbroufe, mensonges, trahisons, faux-semblants, nous aide à comprendre pourquoi il est rentré en France. Même si la fin du roman est désespérément sombre : "(...) Je pris l'habitude de regarder la télévision à longueur de journée. N'importe quoi. Quelle importance ? La télé ment. Toujours. Tout le temps." Eh oui, on a beau faire, on n'en sort pas.
Dominique Forma, Hollywood Zéro, Rivages/Noir
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