6 avril 2015

Val McDermid et Ian Rankin - QDP 2015

Avec quatre auteurs écossais invités, les Quais du polar ont fait la part belle au polar calédonien. La rencontre au sommet entre Val McDermid et Ian Rankin, animée par Michel Abescat, a été l'occasion d'un bel échange entre deux auteurs qui se connaissent et s'apprécient, un débat à bâtons rompus sur des sujets aussi différents que la nature du roman policier écossais et les résultats du référendum sur l'indépendance.

Qu'est-ce que se sentir écossais ?
VM : L'histoire est différente, la culture est différente, le mode de vie est différent, la politique est différente la langue est différente. Nous parlons anglais, mais différemment. La sensibilité aussi est particulière. On parle volontiers du "Caledonian antisizygy", cette dualité sur laquelle le poète Hugh Mac Diarmid a réfléchi et écrit. Et c'est vrai : nous sommes un peu schizophrènes : d'un côté une obsession pour la culpabilité, le travail, la défiance vis-à-vis du plaisir; de l'autre, un vrai sens de la fête, des histoires, de la boisson. Tout cela est rassemblé en nous, ce qui nous rend très différents des Anglais.
IR : Oui, bien sûr. Si vous parlez à des auteurs de polar écossais, ils vous diront qu'ils sont inspirés par des romans comme Dr Jekyll et Mr Hyde de RL Stevenson, ou bien Les confessions d'un pécheur justifié de James Hogg, des livres qui traitent de ces émotions conflictuelles. Le polar ne nous a pas forcément été enseigné par Agatha Christie ou Raymond Chandler, mais par des romans gothiques des siècles précédents. Mais si on écoute les enregistrements de Conan Doyle, dont on oublie souvent qu'il était écossais, on s'aperçoit qu'il avait un accent écossais très prononcé. Bien qu'il ait quitté l’Écosse dès qu'il l'a pu, ce qui est fréquent. Robert Louis Stevenson, lui aussi, a quitté l’Écosse très jeune. Comme Muriel Spark. Beaucoup partent, certains reviennent...

On dit volontiers que le roman policier est plus sombre que le polar anglais. Qu'en pensez-vous?
VM : Ce côté sombre, le côté calviniste et mélancolique de l'esprit écossais, nous vient en partie du fait que notre pays est très septentrional : nous avons moins de lumière que dans le sud ! Les nuits d'hiver sont noires et longues. Et puis nous n'avons pas les mêmes repères littéraires et historiques que les Anglais : nous ne sommes pas obligés de parler de vieilles filles astucieuses, de détectives belges à drôles de moustaches ou de stupides inspecteurs de Scotland Yard. Nous avons une approche plus psychologique du crime : pourquoi il se produit, comment il se produit. Quand j'ai lu William McIlvanney pour la première fois, j'ai eu un choc. Tout à coup, je comprenais ce qu'il disait, cet homme me parlait. C'était une révélation pour moi : la vie de gens comme moi pouvait devenir de la fiction, mon pays était décrit dans un livre. La classe ouvrière écossaise était là. Pour être juste, McIlvanney a entr'ouvert la porte, nous avons poussé derrière lui, puis est arrivée une sorte de raz-de-marée.
IR : McIlvanney était un auteur "littéraire", il a obtenu des prix en Angleterre en tant qu'auteur littéraire. Et la première fois que j'ai lu un polar de Mcilvanney, eh bien c'était de la littérature pour moi. Du coup, quand j'ai publié mon premier Rebus, je m'attendais à le trouver au rayon "littérature écossaise". Et bien sûr, il n'y était pas, il était au rayon "Romans policiers". Mais c'est aussi un truc de marketing, le coup de la littérature écossaise sombre, gothique, scandinave ! Alexander McCall Smith écrit les histoires de son adorable détective bostwanienne à deux pâtés de maison de chez moi ! Ça n'est pas vraiment sombre ni gothique. JK Rowling écrit maintenant des polars à l'anglaise traditionnels. C'est donc une culture très diverse. Comme nous n'avons pas de tradition du roman policier, nous pouvons inventer la nôtre. Au début des années 80, il y avait un auteur, Paul Johnston, qui écrivait des polars qui se passaient dans le futur à Edimbourg. Et Christophe Brookmyre écrit des polars satiriques très drôles.
VM :  Peut-être le fil rouge est-il l'approche psychologique. Et aussi une certaine forme d'humour noir qui nous permet de rire de l'adversité.

Comment la littérature policière est-elle considérée en Écosse ?
IR : La situation du roman policier est la même que dans les autres pays où la littérature populaire n'est pas prise au sérieux. Cela commence à changer : en France, on sait bien que la littérature policière est prise au sérieux. En Écosse, ça change petit à petit : on comprend que la littérature noire se confronte à des enjeux sociaux et politiques très importants. On enseigne la littérature policière dans certaines universités, et ce sont les auteurs qui sont à l'origine de cela. Ces auteurs-là veulent écrire une prose de qualité, qui soit également populaire. Il ne s'agit plus là de livres à énigme, qu'on prend pour passer le temps et qu'on oublie dès la dernière page tournée. Ce sont des livres qui restent dans la mémoire car ils abordent des questions sérieuses, morales.
VM : Tout à fait. J'ajouterai qu'un certain nombre d'auteurs "littéraires" sont en train de redécouvrir les vertus de la narration. Ces dernières années, beaucoup d'écrivains étaient obsédés par les théories littéraires, et ont perdu le contact avec le lecteur, oubliant que le premier devoir d'un livre, c'était de séduire le lecteur, de l'entraîner dans l'histoire. Une qualité qui remonte à la préhistoire; bien avant qu'on sache écrire, les hommes racontaient déjà des histoires sur les parois de leurs grottes. Du coup, certains auteurs comme Benjamin Black, pseudonyme de l'écrivain John Banville, reconnu dans le monde littéraire, franchissent, insensiblement, la frontière entre les deux mondes. Du coup, cela devient plus embarrassant pour la critique de faire la difficile! Les frontières deviennent de plus en plus floues, et comme partout ailleurs, les préjugés naissent de l'ignorance.

Vous avez tous les deux souvent fait référence à votre amour pour le roman noir américain.
IR : Quand j'ai commencé à écrire, je m'intéressais plutôt à l'aspect urbain des choses. C'est donc tout naturellement que je me suis tourné vers la littérature américaine, avec des romans qui se déroulaient dans de grandes villes : New York, Los Angeles, San Francisco. La littérature policière anglaise, à l'époque, avait un aspect pastoral, avec ses secrets bien gardés dans de petits villages. J'aime le sens du lieu que présente la littérature américaine, la force narrative, et aussi l'aspect moral des personnages, des détectives. Pour moi, les détectives étaient un peu la continuation des cow-boys qui me faisaient rêver quand j'étais petit.

Et les fondateurs, Hammett, Chandler?
IR : J'ai aimé Chandler dès la lecture du premier paragraphe du Grand sommeil, que je trouvais tellement élégant. Mais il ne faut pas oublier que Chandler, même s'il vivait à Los Angeles, a été éduqué en Europe, à Londres, et avait étudié les classiques. Il était très conscient du fait que lorsqu'il écrivait, il participait à la quête du Graal, au mythe du Chevalier qui vole au secours de la Demoiselle prisonnière du Dragon. Ce qui est exactement ce qui se passe dans le Grand Sommeil. Chandler était donc un cas à part. J'aime aussi ses essais, lorsqu'il écrit qu'il fait descendre le crime dans la rue, qu'il l'éloigne de l'ambiance pastorale des romans anglais. Hammett, je ne sais pas pourquoi, j'apprécie moins. Sam Spade, tout ça : c'est peut-être à cause de la langue, qui est très différente. Pour en revenir à mes "Big Jim", pour moi ce serait plutôt Ellroy, Crumley et Sallis - attention, il n'est pas indispensable de s'appeler James, malgré les apparences, même si James est mon deuxième prénom, et celui de mon père -. Au début des années 80, il s'est vraiment passé  quelque chose aux Etats-Unis, avec Patricia Cornwell et Thomas Harris qui ont commencé à présenter des méchants réellement horribles, grotesques.
VM : Quand j'avais 14 ans, mon prof d'anglais m'a fait lire Le grand sommeil et j'ai adoré. Puis je suis allée à l'Université, j'ai découvert le féminisme et les écrits de gens comme Kate Millett. Et là j'ai compris pourquoi je préférais Hammett à Chandler : parce que chez Hammett, les personnages féminins étaient plus vrais que chez Chandler. Chandler avait un problème avec les femmes, à l'évidence. Il ne les comprenait pas. Dans Moisson rouge de Hammett, il y a cette femme, Diana, que l'auteur décrit comme une véritable sirène capable de mettre tous les hommes à ses pieds. Finalement, quand on la rencontre, on s'aperçoit qu'il ne s'agit pas d'une de ces blondes parfaites, mais d'une femme qui ne sait pas mettre son rouge à lèvres, une femme imparfaite, et pas une de ces blondes idéales. Et puis c'est aussi l'époque où ont commencé à apparaître les héroïnes détectives dans certains romans policiers. Dans les romans de cette époque, les crimes arrivent parce qu'ils se produisent en un certain lieu, dans un certain environnement, et cela m'intéressait aussi.
IR : Et puis il s'agissait de romans politiques, où on parlait de pouvoir et de corruption. On y parlait de villes où le pouvoir politique travaillait à maintenir les gens dans la pauvreté. Et bien sûr, ces gens, s'ils voulaient gagner un peu d'argent, devenaient des criminels. Le roman policier, à mon sens, est un genre fondamentalement à gauche, alors que le thriller serait plutôt à droite; le roman policier est un bon moyen de dire "Il y a quelque chose de pourri au cœur du capitalisme"!
VM : J'ai remarqué une chose : dès qu'on évoque la présence de la politique dans les romans policiers, c'est que ça se situe à gauche. Patricia Cornwell peut bien développer des idées franchement à droite dans ses romans, on n'en parle pas ! Ça fait partie d'une forme de status quo...

Vous avez tous les deux connu et apprécié PD James. Pouvez-vous nous en parler?
VM : Ce n'est pas parce que j'écris des romans très différents de ceux qu'écrivait PD James qu'il faut jeter tout ce qu'il y a eu dans le passé et mépriser tout ce qui a été fait avant. PD James, j'ai commencé à la lire dès les années 70, et j'ai adoré sa façon de construire ses histoires. A mon sens, il y a chez PD James bien des aspects vraiment passionnants. Elle savait décrire les contextes, et surtout elle savait écrire sur les milieux professionnels : qu'il s'agisse du monde de l'édition ou de celui des centrales nucléaires, elle savait vraiment regarder et nous emmener à l'intérieur de l'univers où évoluent ses personnages. Elle ne se contente pas d'affirmer : "Cette personne est juge", elle nous montre vraiment ce que c'est qu'être juge. Même si politiquement nous étions éloignées, nous avions fini par devenir amies, une amitié fondée sur un respect mutuel. Et puis il y a ce préjugé stupide : on la prend souvent pour un auteur "cosy", confortable. Il n'y avait rien de confortable dans l'écriture de PD James : elle y allait au scalpel quand elle décortiquait la vie des classes moyennes. Et il ne faut pas oublier qu'elle était capable d'écrire des choses absolument épouvantables : j'ai encore en mémoire une scène de Meurtres en blouse blanche, où elle décrit le meurtre d'une infirmière. Dans l'intubation qui est censée lui apporter du lait, quelqu'un a versé du décapant. C'est très court, et ça continue à me hanter...
IR : Il y avait un personnage dans un de ses livres qui était gardien de cochons. Quand je vivais en France,  j'ai moi-même été gardien de cochons. Je lui ai dit que sa description était très réaliste, et je lui ai demandé quelle était sa source. Elle m'a répondu : "Un de mes amis m'a fourni des photos". "Ah oui, qui ça?" "L'Archevêque de Canterbury." Elle avait de bonnes sources ! Malheureusement, elle nous a quittés, et hélas Ruth Rendell est dans un état préoccupant. Espérons que nous n'allons pas perdre deux grandes dames du roman policier en l'espace d'un an... Elles se connaissaient bien toutes les deux. Elles sont allées toutes les deux ensemble à Berlin au moment de la chute du mur pour y prendre un morceau du mur, symboliquement.


Edimbourg et les questions sociales et politiques
IR : Je n'ai pas grandi à Edimbourg, en fait j'y allais très peu quand j'étais enfant. Je m'y suis installé pour mes études supérieures. A l'époque, je ne connaissais donc que l'Edimbourg des touristes, les châteaux, les musées. Alors j'ai vite découvert l'autre aspect d'Edimbourg : celui de la misère, du SIDA, de la drogue... Le Edimbourg qu'Irvine Welsh a bien décrit dans le roman Trainspotting. Curieusement, à l'époque, personne ne parlait de la face cachée d'Edimbourg. On parlait beaucoup de Glasgow et de ses problèmes sociaux mais pas d'Edimbourg. C'était au milieu des années 80, en 85 je commençais la série des Rebus. Et nous voilà, trente ans plus tard, et je n'ai toujours pas fini de redécouvrir cette ville complexe. A chaque fois que je me dis que j'ai fait le tour de la question, on me raconte un fait divers, quelqu'un attire mon attention sur une histoire que je ne connaissais pas, et je suis obligé d'aller voir... Edimbourg est une petite ville, mais c'est un peu comme le Tardis du Doctor Who : petit vu de l'extérieur, immense vu de l'intérieur.
VM : Dans Sans laisser de traces, en tant qu'être humain, je m'intéresse à la politique et à la société. Je ne me dis pas : "Tiens, je vais écrire un roman politique." C'est la politique qui s'insinue dans mes romans. Dès mes débuts, je savais que je voulais écrire sur la politique avec un petit "p", la vie des gens en quelque sorte. J'ai quitté l'Ecosse au début des années 80 pour m'installer à Manchester, pour des raisons professionnelles bien sûr, mais aussi parce qu'à l'époque, l'Ecosse était bien différente de celle d'aujourd'hui. Très misogyne, homophobe. En 35 ans, mon pays a changé de façon spectaculaire : aujourd'hui, les homosexuels sont vraiment bienvenus en Ecosse. Aujourd'hui, c'est une lesbienne qui est à la tête du parti conservateur ! Donc c'est dans le nord de l'Angleterre que j'ai commencé à écrire, avec une vision quelque peu extérieure. J'ai écrit Sans laisser de traces, qui se passe dans le milieu des mineurs, parce que c'est dans ce milieu que j'ai grandi. J'ai voulu décrire cette crise profonde, ses effets sur les hommes et les pays. Mais il m'a fallu du temps pour arriver à aborder cette histoire.

L'indépendance et le référendum, les écrivains, les intellectuels et le débat public
VM : J'ai pris position pour le "oui", mais il m'a fallu du temps pour me décider. Nous avons cela en Écosse, une forme d'indécision... La grande difficulté, c'était qu'à chaque question, les "pour" et les "contre" avaient des réponses aussi différentes qu'invérifiables... Il m'a semblé que la meilleure façon de se décider, c'était de regarder ce qu'avait accompli le Parlement écossais depuis qu'il existait. Et là, j'ai tiré mes conclusions : ses actions me semblaient proches de mes propres orientations politiques. C'était une période très agitée en Écosse. Beaucoup de mes amis étaient du côté du "non", mais nous sommes des adultes, nous sommes restés amis. La bataille du référendum est terminée, mais la guerre continue, sous des formes différentes. Mon dernier roman se passe juste avant le référendum, alors bien sûr, il en est question...
Je ne me considère pas comme une intellectuelle : mes opinions n'ont pas plus de poids que celles des autres. Mais d'un autre côté, il est important de laisser la parole à ceux qui ne sont pas des "professionnels" de la politique. Je ne vois pas pourquoi je ne dirais pas ce que j'ai envie de dire.
IR : Vous utilisez ce mot d'"intellectuels". En Écosse, nous n'aimons pas les intellectuels. En fait, nous pensons qu'ils ont un problème. Nous n'avons pas ce respect pour les "intellectuels" que vous avez en France. Il y a en Angleterre des personnes qui s'auto-qualifient de "philosophes publics", mais on se moque d'eux, on aurait tendance à leur dire "Tes idées sont trop grandes pour toi, mon vieux, redescends un peu." Nous avons ce sens de la démocratie : nous venons tous de la même origine, nous avons tous la même valeur. Dire de quelqu'un qu'il est un intellectuel, c'est dire que l'autre ne l'est pas, et c'est méprisant. Nous n'utilisons donc pas ces termes.
VM : Là où j'ai grandi, nous avons une expression : "J'ai bien connu ton père", ce qui, en cinq mots, signifie : "Calme-toi, nous savons tous les deux d'où tu viens, ne te la joue pas." A Kircaldy, là où je suis née, je suis présidente du club de football. Eh oui, c'est moi qui sponsorise les maillots! Mon père était "scout" du club, et c'est lui qui a découvert le joueur écossais Jim Baxter, l'équivalent de David Beckham ou Eric Cantona en son temps. A Kircaldy, je suis "la gamine de Jim McDermid!"
IR : Grâce au roman qui va sortir en septembre en France, Les Saints de Summerhall, j'ai réussi à ne pas répondre à la question de mon vote pour ce référendum. Rebus vote "non", Siobhan vote "oui". Ce qui reflète bien la mentalité écossaise. cette hésitation entre le oui et le non, cette façon de peser le pour et le contre. Ce livre se déroule avant les résultats du référendum. Dans l'histoire, j'ai deux personnages qui sont impliqués, et qui m'ont permis de parler suivant les deux perspectives; le premier est un vieux flic qui a été le mentor de Rebus, et qui est devenu un septuagénaire, homme d'affaires florissant et porte-parole de la campagne pour le "non". L'autre est le ministre de la Justice, militant du Parti nationaliste écossais et bien sûr il porte le message du "oui". Ces deux personnages m'ont permis de m'exprimer sur les deux côtés de la question, sans prendre parti, avec la plus grande objectivité possible. Sachant que Rebus est un conservateur (avec un petit "c") de cœur, c'est quelqu'un qui n'aime pas le changement, qui est très méfiant et prudent, il était clair qu'il se placerait du côté du "non". Siobhan, en revanche, est du côté du "oui". J'ai voté, et je ne vous dirai pas comment j'ai voté. Comme Val, j'ai beaucoup hésité jusqu'au dernier moment. C'était une campagne très floue, il était en fait très difficile de se faire une opinion solide, surtout sur les questions économiques. C'était, en grande partie, une lutte entre le cœur et la tête. Et je ne sais pas trop lequel a gagné
VM : Je crois que c'est la peur qui a gagné. Les politiciens de Londres se sont réveillés très tard, ils se sont pointés en Écosse deux semaines avant le vote. La campagne pour le "oui" était bien partie, et quelqu'un s'est dit là-bas : "Oh merde, on dirait qu'il se passe quelque chose là-haut!" Et la campagne pour le "non" est repartie de plus belle, avec des arguments du genre : "Attention, vous allez perdre vos retraites."
IR : Pour la première fois au Royaume-Uni, les jeunes de 16 et 17 ans avaient le droit de vote. On pensait qu'ils allaient pencher pour le "oui", et ça a été le contraire.
VM : Oui, tactiquement parlant, c'était une surprise. Je pense qu'à cet âge, ces jeunes étaient encore très influencés par ce qu'ils entendaient à la maison. Du côté des étudiants plus âgés, le "oui" était quand même majoritaire, d'après ce que j'ai lu.
IR : Le gros problème, c'est qu'au prochain référendum, ces partisans du "oui" auront vieilli. On pourra à nouveau leur faire peur avec l'histoire de la retraite!

Le débat continue-t-il, avec en perspective les élections nationales ?
IR : Il continue. Il a contribué à intéresser plusieurs générations à la politique. Le nombre d'adhérents au Parti Nationaliste a battu tous les records : il compte, je crois, à peu près 100 000 personnes, ce qui est exceptionnel pour un parti politique du Royaume-Uni. Bien sûr, des crises vont se produire. Si les Conservateurs gagnent à Westminster, il y aura la question du retrait du pays de l'Union européenne. Les Écossais s'opposeraient fermement à une telle décision. Ce qui pourrait constituer un nouveau tremplin pour un nouveau référendum. En même temps, les préoccupations des gens sont très comparables en Écosse et en Angleterre : l'immigration est une préoccupation commune, par exemple, quoi qu'on en dise. Le parti UKIP a obtenu un député en Écosse. Nous ressemblons plus aux Anglais que nous le voudrions...
VM :  Le problème de la sortie de l'Europe va prendre de l'importance, c'est certain. L’Écosse ayant déjà une certaine autonomie, il ne sera pas possible de la forcer à quitter l'Union. Une chose intéressante : le groupe le plus farouchement favorable au "oui" en Écosse était la communauté asiatique, qui pense globalement que la vie en Écosse est infiniment plus facile qu'en Angleterre.

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